Présidentielle: L’échéance approche mais rien n’est joué
Alors que la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre prochain, commence à se profiler à l’horizon et que les candidats se présentent ou s’apprêtent à présenter leur candidature à la présidence de la République, les deux prochains mois prévoient d’être mouvementés. À quoi devons-nous nous attendre et quel serait un scénario salutaire pour le Liban ?

Pour qu’un camp politique puisse barrer la route au candidat d’une partie adverse, il lui faut le tiers de blocage, soit un minimum de 44 députés (le tiers plus un) afin de provoquer un défaut de quorum à la séance prévue pour l’élection du chef de l’État. Aujourd’hui, les deux grands camps en présence, la faction souverainiste et le 8 Mars, détiennent ce pouvoir de blocage. Ils ont donc tous deux la capacité d’empêcher la tenue de l’élection présidentielle.

La majorité absolue au sein du Parlement est détenue par le camp souverainiste. Pourtant, force est de constater que cela n’a pas empêché la réélection de Nabih Berry à la tête du Parlement avec 65 voix, soit la moitié plus un. Le camp du 8 Mars a donc réussi à arracher in extremis une majorité absolue au cours du scrutin pour la constitution du Bureau de la Chambre. Ce développement nous donne un avant-gout de la capacité d’action des alliés du Hezbollah qui, malgré leur infériorité numérique, ont réussi leurs manœuvres électorales.

Pour le bloc souverainiste, au sein duquel les tractations se poursuivent, la vigilance est de mise. En effet, le Hezbollah et ses alliés font pression sur le Conseil constitutionnel afin de l’amener à valider les recours en invalidation présentés par certains candidats du 8 Mars ayant été supplantés par des candidats de l’opposition anti-iranienne. Si le Conseil constitutionnel approuve ces recours, le bloc souverainiste pourrait perde sa majorité au Parlement.

Qui pourrait être le candidat du 8 Mars ?

Le Courant patriotique libre estime que Gebran Bassil est le candidat de choix. Le mouvement Amal, est fermement opposé à la candidature de Gebran Bassil ou de n’importe quel autre candidat du CPL. Le Hezbollah ne s’est pas encore exprimé sur le sujet, mais on peut d’ores et déjà envisager que ce ne sera pas Sleiman Frangié, celui-ci étant un candidat trop volatil, aux yeux du Hezbollah, au cas où le régime Assad resterait en place.


Le scénario à envisager pour le camp du 8 Mars serait donc de se trouver un homme fort diplomatiquement, qui sache se soumettre au 8 Mars tout en faisant bonne figure aux députés issus du 17 Octobre et du bloc du 14 Mars.

Qui pourrait être le candidat des souverainistes ?

Pour l’instant il n’y a que Tracy Chamoun qui a officiellement présenté sa candidature et qui a commencé à faire campagne. Si elle venait à être élue, ce serait la première fois qu’une femme se trouverait à la tête de l’État libanais.

Le candidat souverainiste devra remplir trois critères. Il devrait être une personnalité forte qui saurait s’imposer face au Hezbollah et qui saurait mettre en place une stratégie de défense. Un bon diplomate qui serait capable d’entretenir de bonnes relations avec le monde arabe et l’Occident. Mais enfin et surtout, un économiste, un érudit qui pourrait mettre en place un plan économique pour sortir le Liban et les Libanais de la situation de faillite dans laquelle le pays est plongé depuis trois ans.

Si les différentes factions du 14 Mars semblent s’entendre sur ces critères, le chef du PSP Walid Joumblatt pencherait plutôt pour un candidat consensuel. Fidèle à lui-même, M. Joumblatt opterait plutôt pour un candidat qui sorte du clivage 8 Mars/ 14 Mars. Ziad Hawat, député des Forces Libanaises, rappelle, en s’opposant fermement à cette vision, qu’un président de consensus ne saurait être ferme vis-à-vis du Hezbollah et donc ne saurait pas mettre un terme aux crises multiples que traverse le pays.
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