Dans les camps d’al-Hol et d’al-Roj en Syrie, croupissent quelque 90 femmes libanaises – épouses et veuves de combattants de Daech (État islamique- EI) – et leurs enfants. Ces camps ont été créés en 2019 pour abriter les femmes et les enfants des jihadistes, à la suite de la chute du «califat» de l’EI avec la prise de Baghouz, dernier bastion de l’organisation terroriste. Les jihadistes ont été jetés dans les prisons et leurs familles transférées au camp al-Hol. En quelques semaines, la population du camp a dépassé les 60.000 personnes.
Les histoires du camp d’al-Hol sont innombrables. Il faudrait consacrer les pages entières d’un livre pour raconter ce qui s’y passe. D’après des sources, certaines femmes, les plus extrémistes d’entre elles, tentent d’imposer de nouveau les fondements de l'État islamique dans le camp. Ce sont les Irakiennes – qui forment la moitié de la population du camp – qui sont les plus extrémistes. Leur gouvernement a déjà commencé à les rapatrier avec leurs enfants, selon le responsable de la sécurité nationale irakienne.
Dans le camp d’al-Hol, les femmes des jihadistes de l’EI, qui restent toujours attachées à la pensée de cette organisation terroriste, sanctionnent les femmes qui ont décidé d’enlever la burqa. Elles vont même jusqu’à tuer celles qui défient leurs lois, en toute impunité. Les histoires tragiques de ce camp sont innombrables. Mais le plus dangereux reste cette tentative de faire revivre l’idéologie de l’EI à travers certaines femmes qui y adhèrent. Ce qui fait d’elles des bombes à retardement dans ce camp où se trouvent aussi des centaines d’enfants qui souffrent de malnutrition et présentent plusieurs maladies.
Depuis quelque temps, plusieurs gouvernements – notamment français, albanais et américain – s’activent pour rapatrier leurs ressortissantes des camps d’al-Hol et d’al-Roj. Récemment, plusieurs avocats français ont appelé le Quai d’Orsay à poursuivre le processus de rapatriement des femmes et enfants français et œuvrer à leur réinsertion.
Ce qui nous importe de cette histoire, c’est le sort des femmes libanaises – dont certaines détiennent une double nationalité, notamment l’australienne –, qu’elles soient affiliées à l’EI ou des victimes, comme c’est le cas de plusieurs d’entre elles.
De fait, le Liban est le seul pays qui n’a toujours pas demandé à rapatrier ses ressortissants des camps d’al-Hol et d’al-Roj. Le dossier nécessite une entente politique et sécuritaire, selon une source politique. Et si ces femmes doivent être jugées, il faut qu’elles le soient sur le sol libanais.
Des proches de ces familles libanaises ont tenu plusieurs réunions avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, sans qu’elles n’aboutissent à une action concrète. Les proches de ces femmes ont eu droit à «des promesses creuses», comme certains d’entre eux confient à Ici Beyrouth. Quant au directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim – l’homme des missions difficiles –, il ne peut agir tant que le gouvernement libanais ne l’a pas officiellement chargé du dossier, d’autant que celui-ci est politique.
Or de nombreux problèmes juridiques entourent ce dossier, notamment en ce qui concerne les enfants. De fait, la femme libanaise ne pouvant pas transmettre sa nationalité à ses enfants, nombre des femmes se trouvant dans le camp d’al-Hol, qui étaient mariées à des étrangers, pourraient être rapatriées. Mais pas leurs enfants.
Face à ces femmes endoctrinées, certaines sont victimes de leur mari, qui les a emmenées en Syrie et les a dupées pour rejoindre l’EI. C’est le cas de A. A., mère de trois fillettes et mariée à un Tripolitain. Son mari s’était rendu à Gaziantep, ville en Turquie. Quelque temps plus tard, il lui demande de le rejoindre avec les enfants, parce qu’il avait trouvé un travail et une maison et a décidé de s’y installer. Pour la convaincre, il lui envoie une photo de la maison.
A. A. n’a pas hésité. Un jour, son mari lui annonce qu’ils allaient passer une journée en famille dans un bois à la frontière avec la Syrie. Une fois arrivés, il lui demande de courir sans arrêt et de prendre les filles avec elle. Elle obéit et se retrouve en territoire de l’EI. Lorsqu’elle a voulu quitter, son mari l’a menacée de la priver de ses enfants. Elle s’est résignée. Après le décès de son mari, quelque temps plus tard, elle s’est retrouvée avec ses filles dans le camp d’al-Hol.
Depuis, son père essaie par tous les moyens de la sauver. Il s’est même retournée vers un passeur. Mais en fuyant, la femme et ses trois filles sont tombées dans un champ de mines. Elle a été gravement blessée aux pieds. Le père, qui s’était endetté pour sauver sa fille, n’a pas perdu espoir. Il a fait le tour des responsables libanais et est entré en contact avec des responsables kurdes qui lui ont annoncé que sa fille sera libérée lorsque le gouvernement libanais fera une demande dans ce sens.
Le père de A. A. confie à Ici Beyrouth que depuis 2019 – lorsque sa fille s’est rendue avec ses filles aux Forces démocratiques syriennes (FDS) –, il essaie de son mieux de les sortir du camp. Il raconte avoir rencontré le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, ainsi que des responsables sécuritaires, qui affirment qu’il n’y avait rien contre ces femmes, et qu’ils déploieront les efforts nécessaires pour les rapatrier. Mais, à ce jour, rien n’a été fait. «Ma fille et ses filles sont libanaises, martèle le père. Elle est en danger parce qu’elle refuse de porter la burqa. Si ma fille faisait partie de l’EI, je n’aurais pas cherché à l’aider. Elle pleure tous les jours et je ne peux plus supporter qu’elle soit dans cet état.»
Le cheikh Nabil Rahim, qui suit ce dossier auprès des parties libanaises concernées, explique à Ici Beyrouth que les 90 femmes et enfants libanais qui se trouvent dans les camps d’al-Hol et d’al-Roj, contrôlés par les FDS, se trouvent dans des circonstances difficiles. Ils vivent sous des tentes dans le désert. Les enfants de 3 et de 4 ans paient pour les erreurs des autres.
Le cheikh Rahim affirme que depuis le début, il suit le dossier auprès des autorités libanaises concernées aux niveaux sécuritaire et politique, mais «malheureusement, aucune action sérieuse n’a été entreprise». Il assure que les FDS sont prêtes à remettre les femmes et les enfants à toute partie chargée officiellement par le gouvernement libanais. «Je me suis entretenu avec (l’ancien) Premier ministre Saad Hariri et récemment avec le Premier ministre (désigné) Nagib Mikati, insiste-t-il. Aucune décision claire n’a toutefois été prise pour résoudre ce dossier, sachant que plusieurs pays qui se respectent ont déjà rapatrié leurs ressortissants, tel que l’Albanie qui a sollicité l’intervention du général Ibrahim. Ce dernier a accompli la mission et les Albanaises sont rentrées via le Liban.» Et le cheikh Rahim d’insister: «Nous attendons toujours que ce dossier soit résolu. Or, actuellement, certaines femmes réussissent à échapper moyennant une certaine somme. Comment une personne pauvre peut-elle payer des milliers de dollars pour faire échapper sa fille et ses petits-enfants?»
Depuis 2019, plusieurs familles libanaises attendent la fin de ce cauchemar. Les années sont passées et elles attendent toujours le jour où le gouvernement libanais accomplira son devoir envers ses ressortissants, à l’instar de plusieurs pays étrangers, le dernier en date étant l’Irak.
Les histoires du camp d’al-Hol sont innombrables. Il faudrait consacrer les pages entières d’un livre pour raconter ce qui s’y passe. D’après des sources, certaines femmes, les plus extrémistes d’entre elles, tentent d’imposer de nouveau les fondements de l'État islamique dans le camp. Ce sont les Irakiennes – qui forment la moitié de la population du camp – qui sont les plus extrémistes. Leur gouvernement a déjà commencé à les rapatrier avec leurs enfants, selon le responsable de la sécurité nationale irakienne.
Dans le camp d’al-Hol, les femmes des jihadistes de l’EI, qui restent toujours attachées à la pensée de cette organisation terroriste, sanctionnent les femmes qui ont décidé d’enlever la burqa. Elles vont même jusqu’à tuer celles qui défient leurs lois, en toute impunité. Les histoires tragiques de ce camp sont innombrables. Mais le plus dangereux reste cette tentative de faire revivre l’idéologie de l’EI à travers certaines femmes qui y adhèrent. Ce qui fait d’elles des bombes à retardement dans ce camp où se trouvent aussi des centaines d’enfants qui souffrent de malnutrition et présentent plusieurs maladies.
Depuis quelque temps, plusieurs gouvernements – notamment français, albanais et américain – s’activent pour rapatrier leurs ressortissantes des camps d’al-Hol et d’al-Roj. Récemment, plusieurs avocats français ont appelé le Quai d’Orsay à poursuivre le processus de rapatriement des femmes et enfants français et œuvrer à leur réinsertion.
Ce qui nous importe de cette histoire, c’est le sort des femmes libanaises – dont certaines détiennent une double nationalité, notamment l’australienne –, qu’elles soient affiliées à l’EI ou des victimes, comme c’est le cas de plusieurs d’entre elles.
De fait, le Liban est le seul pays qui n’a toujours pas demandé à rapatrier ses ressortissants des camps d’al-Hol et d’al-Roj. Le dossier nécessite une entente politique et sécuritaire, selon une source politique. Et si ces femmes doivent être jugées, il faut qu’elles le soient sur le sol libanais.
Des proches de ces familles libanaises ont tenu plusieurs réunions avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, sans qu’elles n’aboutissent à une action concrète. Les proches de ces femmes ont eu droit à «des promesses creuses», comme certains d’entre eux confient à Ici Beyrouth. Quant au directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim – l’homme des missions difficiles –, il ne peut agir tant que le gouvernement libanais ne l’a pas officiellement chargé du dossier, d’autant que celui-ci est politique.
Or de nombreux problèmes juridiques entourent ce dossier, notamment en ce qui concerne les enfants. De fait, la femme libanaise ne pouvant pas transmettre sa nationalité à ses enfants, nombre des femmes se trouvant dans le camp d’al-Hol, qui étaient mariées à des étrangers, pourraient être rapatriées. Mais pas leurs enfants.
Face à ces femmes endoctrinées, certaines sont victimes de leur mari, qui les a emmenées en Syrie et les a dupées pour rejoindre l’EI. C’est le cas de A. A., mère de trois fillettes et mariée à un Tripolitain. Son mari s’était rendu à Gaziantep, ville en Turquie. Quelque temps plus tard, il lui demande de le rejoindre avec les enfants, parce qu’il avait trouvé un travail et une maison et a décidé de s’y installer. Pour la convaincre, il lui envoie une photo de la maison.
A. A. n’a pas hésité. Un jour, son mari lui annonce qu’ils allaient passer une journée en famille dans un bois à la frontière avec la Syrie. Une fois arrivés, il lui demande de courir sans arrêt et de prendre les filles avec elle. Elle obéit et se retrouve en territoire de l’EI. Lorsqu’elle a voulu quitter, son mari l’a menacée de la priver de ses enfants. Elle s’est résignée. Après le décès de son mari, quelque temps plus tard, elle s’est retrouvée avec ses filles dans le camp d’al-Hol.
Depuis, son père essaie par tous les moyens de la sauver. Il s’est même retournée vers un passeur. Mais en fuyant, la femme et ses trois filles sont tombées dans un champ de mines. Elle a été gravement blessée aux pieds. Le père, qui s’était endetté pour sauver sa fille, n’a pas perdu espoir. Il a fait le tour des responsables libanais et est entré en contact avec des responsables kurdes qui lui ont annoncé que sa fille sera libérée lorsque le gouvernement libanais fera une demande dans ce sens.
Le père de A. A. confie à Ici Beyrouth que depuis 2019 – lorsque sa fille s’est rendue avec ses filles aux Forces démocratiques syriennes (FDS) –, il essaie de son mieux de les sortir du camp. Il raconte avoir rencontré le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, ainsi que des responsables sécuritaires, qui affirment qu’il n’y avait rien contre ces femmes, et qu’ils déploieront les efforts nécessaires pour les rapatrier. Mais, à ce jour, rien n’a été fait. «Ma fille et ses filles sont libanaises, martèle le père. Elle est en danger parce qu’elle refuse de porter la burqa. Si ma fille faisait partie de l’EI, je n’aurais pas cherché à l’aider. Elle pleure tous les jours et je ne peux plus supporter qu’elle soit dans cet état.»
Le cheikh Nabil Rahim, qui suit ce dossier auprès des parties libanaises concernées, explique à Ici Beyrouth que les 90 femmes et enfants libanais qui se trouvent dans les camps d’al-Hol et d’al-Roj, contrôlés par les FDS, se trouvent dans des circonstances difficiles. Ils vivent sous des tentes dans le désert. Les enfants de 3 et de 4 ans paient pour les erreurs des autres.
Le cheikh Rahim affirme que depuis le début, il suit le dossier auprès des autorités libanaises concernées aux niveaux sécuritaire et politique, mais «malheureusement, aucune action sérieuse n’a été entreprise». Il assure que les FDS sont prêtes à remettre les femmes et les enfants à toute partie chargée officiellement par le gouvernement libanais. «Je me suis entretenu avec (l’ancien) Premier ministre Saad Hariri et récemment avec le Premier ministre (désigné) Nagib Mikati, insiste-t-il. Aucune décision claire n’a toutefois été prise pour résoudre ce dossier, sachant que plusieurs pays qui se respectent ont déjà rapatrié leurs ressortissants, tel que l’Albanie qui a sollicité l’intervention du général Ibrahim. Ce dernier a accompli la mission et les Albanaises sont rentrées via le Liban.» Et le cheikh Rahim d’insister: «Nous attendons toujours que ce dossier soit résolu. Or, actuellement, certaines femmes réussissent à échapper moyennant une certaine somme. Comment une personne pauvre peut-elle payer des milliers de dollars pour faire échapper sa fille et ses petits-enfants?»
Depuis 2019, plusieurs familles libanaises attendent la fin de ce cauchemar. Les années sont passées et elles attendent toujours le jour où le gouvernement libanais accomplira son devoir envers ses ressortissants, à l’instar de plusieurs pays étrangers, le dernier en date étant l’Irak.
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