Entre pannes d’Internet, coupures d’électricité et grèves des enseignants du secteur public, c’est une rentrée mouvementée qui attend les élèves libanais. À ces problèmes, viennent s’ajouter les dépenses que doivent faire les parents dans les librairies et magasins de papeterie.
Pour de nombreux parents, la traditionnelle journée dédiée aux achats des fournitures scolaires est de fait devenue un véritable cauchemar, les prix ayant atteint des sommets inimaginables, surtout si on prend en considération le pouvoir d’achat dérisoire du Libanais moyen.
«Les livres vont me coûter au moins 200 dollars, explique Chamoun Fayad, père de deux enfants. Je ne sais pas comment je vais faire, mais je n’ai pas le choix. Je reçois des aides des centres sociaux, mais j’ai tout repoussé au dernier moment, parce qu’entre les écolages et les fournitures, je ne m’en sors pas.»
À l’instar de nombreux parents, Chamoun s’est tourné vers les livres d’occasion, qui sont 50% moins chers que ceux neufs. Mais cela ne suffit pas. «Pour certaines matières, je ne peux pas acheter à mes fils des livres déjà gribouillés de partout, constate-t-il. Je dois acheter du neuf.»
Les réseaux d’entraide entre parents d’élèves se multiplient à travers le pays, permettant à ceux-ci d’échanger les livres et d’éviter des dépenses faramineuses.
Un véritable fardeau financier
Dans la librairie Kain, à Tyr, les clients se succèdent à un rythme infernal, munis d’interminables listes de fournitures. Alors que, traditionnellement, les Libanais faisaient les courses pour la rentrée au début du mois d’août, cette année, ils ont retardé l’échéance de ces dépenses jusqu’au dernier moment. Ils devraient étaler leurs achats jusqu’à la fin du mois de septembre.
«Vous êtes prête pour la torture?», plaisante Toufic Kain, gérant de la librairie, face à une cliente attendant l’heure fatidique de la facture. Trois, cinq, six millions et demi de livres libanaises… Malgré les économies faites à travers l’achat de livres d’occasion et de fournitures de moindre qualité, les factures restent très élevées.
«Les livres des enfants qui fréquentent une école publique sont encore subventionnés, explique Toufic Kain. Ce n’est pas le cas des écoles privées. Dans ces écoles, le coût des fournitures scolaires et des livres dépasse les 100 dollars. Le cartable coûte à lui seul 50 dollars.» Selon lui, «les gens achètent presque exclusivement des livres d’occasion, parce qu’ils cherchent à économiser».
Au final, les familles doivent compter un budget de dix millions de livres libanaises par enfant, rien que pour lui permettre de rentrer en classe. Une somme qui ne comprend pas les écolages, le prix de l’uniforme scolaire, le coût du transport scolaire, ni les autres dépenses qui surviendront durant l’année, déplore Rouba Attié, assistante sociale au centre médico-social du Mouvement de la jeunesse orthodoxe.
Effondrement de la clientèle
Bien que la crise économique dure depuis trois ans, il s’agit de la première année durant laquelle les parents sont touchés de plein fouet par l’inflation des prix des livres et des fournitures scolaires. En 2020, année marquée par la crise sanitaire et le confinement, les parents avaient pu économiser le prix de nombreuses fournitures, de l’uniforme et du transport scolaire.
Jusqu’en 2021, «les libraires appliquaient un prix subventionné par la Banque du Liban (BDL), qui ne correspondait ni à la réalité de la dévaluation monétaire, ni au prix des ouvrages importés de France ou d’Amérique du Nord», explique Maroun Nehmé, propriétaire de la Librairie orientale et président du syndicat des importateurs de livres. «La BDL n’a cependant pas réglé ses factures vis-à-vis des importateurs de livres, et nous avons dû assumer le coût de ces subventions nous-mêmes, poursuit-il. Nous vendions nos livres au taux de 15.000, alors que nous les achetions à l’étranger au taux réel, qui correspondait à environ 25.000 LL.»
Une véritable crise qui affecte autant les consommateurs, qui doivent payer le plein tarif des ouvrages importés, que les librairies, qui sont dans une situation financière catastrophique. Elles ont en effet dû absorber le coût du prix subventionné à la place de la BDL et font à présent face à l’effondrement de leur clientèle en raison de l’inflation. De fait, il est estimé que le marché du livre scolaire neuf a perdu les trois quarts de sa clientèle, au profit des ouvrages usagés et des réseaux d’échange.
Pour de nombreux parents, la traditionnelle journée dédiée aux achats des fournitures scolaires est de fait devenue un véritable cauchemar, les prix ayant atteint des sommets inimaginables, surtout si on prend en considération le pouvoir d’achat dérisoire du Libanais moyen.
«Les livres vont me coûter au moins 200 dollars, explique Chamoun Fayad, père de deux enfants. Je ne sais pas comment je vais faire, mais je n’ai pas le choix. Je reçois des aides des centres sociaux, mais j’ai tout repoussé au dernier moment, parce qu’entre les écolages et les fournitures, je ne m’en sors pas.»
À l’instar de nombreux parents, Chamoun s’est tourné vers les livres d’occasion, qui sont 50% moins chers que ceux neufs. Mais cela ne suffit pas. «Pour certaines matières, je ne peux pas acheter à mes fils des livres déjà gribouillés de partout, constate-t-il. Je dois acheter du neuf.»
Les réseaux d’entraide entre parents d’élèves se multiplient à travers le pays, permettant à ceux-ci d’échanger les livres et d’éviter des dépenses faramineuses.
Un véritable fardeau financier
Dans la librairie Kain, à Tyr, les clients se succèdent à un rythme infernal, munis d’interminables listes de fournitures. Alors que, traditionnellement, les Libanais faisaient les courses pour la rentrée au début du mois d’août, cette année, ils ont retardé l’échéance de ces dépenses jusqu’au dernier moment. Ils devraient étaler leurs achats jusqu’à la fin du mois de septembre.
«Vous êtes prête pour la torture?», plaisante Toufic Kain, gérant de la librairie, face à une cliente attendant l’heure fatidique de la facture. Trois, cinq, six millions et demi de livres libanaises… Malgré les économies faites à travers l’achat de livres d’occasion et de fournitures de moindre qualité, les factures restent très élevées.
«Les livres des enfants qui fréquentent une école publique sont encore subventionnés, explique Toufic Kain. Ce n’est pas le cas des écoles privées. Dans ces écoles, le coût des fournitures scolaires et des livres dépasse les 100 dollars. Le cartable coûte à lui seul 50 dollars.» Selon lui, «les gens achètent presque exclusivement des livres d’occasion, parce qu’ils cherchent à économiser».
Au final, les familles doivent compter un budget de dix millions de livres libanaises par enfant, rien que pour lui permettre de rentrer en classe. Une somme qui ne comprend pas les écolages, le prix de l’uniforme scolaire, le coût du transport scolaire, ni les autres dépenses qui surviendront durant l’année, déplore Rouba Attié, assistante sociale au centre médico-social du Mouvement de la jeunesse orthodoxe.
Effondrement de la clientèle
Bien que la crise économique dure depuis trois ans, il s’agit de la première année durant laquelle les parents sont touchés de plein fouet par l’inflation des prix des livres et des fournitures scolaires. En 2020, année marquée par la crise sanitaire et le confinement, les parents avaient pu économiser le prix de nombreuses fournitures, de l’uniforme et du transport scolaire.
Jusqu’en 2021, «les libraires appliquaient un prix subventionné par la Banque du Liban (BDL), qui ne correspondait ni à la réalité de la dévaluation monétaire, ni au prix des ouvrages importés de France ou d’Amérique du Nord», explique Maroun Nehmé, propriétaire de la Librairie orientale et président du syndicat des importateurs de livres. «La BDL n’a cependant pas réglé ses factures vis-à-vis des importateurs de livres, et nous avons dû assumer le coût de ces subventions nous-mêmes, poursuit-il. Nous vendions nos livres au taux de 15.000, alors que nous les achetions à l’étranger au taux réel, qui correspondait à environ 25.000 LL.»
Une véritable crise qui affecte autant les consommateurs, qui doivent payer le plein tarif des ouvrages importés, que les librairies, qui sont dans une situation financière catastrophique. Elles ont en effet dû absorber le coût du prix subventionné à la place de la BDL et font à présent face à l’effondrement de leur clientèle en raison de l’inflation. De fait, il est estimé que le marché du livre scolaire neuf a perdu les trois quarts de sa clientèle, au profit des ouvrages usagés et des réseaux d’échange.
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