Benjamin Millepied, chorégraphe au large éventail de projets
Marié à la star Natalie Portman, rencontrée sur le plateau de Black Swan dont il a signé les chorégraphies, Benjamin Millepied, le plus américain des chorégraphes français ayant été pendant un an directeur de la danse à l'Opéra de Paris, entend "cultiver" plus que jamais ce chassé-croisé transatlantique. Sa compagnie de danse à Los Angeles souffle cette année ses dix ans mais il n'a jamais multiplié autant de spectacles dans sa terre natale.

Benjamin Millepied présente, après trois annulations dues à la crise sanitaire, sa version du ballet Roméo et Juliette à la Seine Musicale, puis en octobre, une création avec sa troupe L.A Dance Project au Théâtre du Châtelet. Il remonte sur scène en 2023 pour un solo aux Nuits de Fourvière à Lyon. Si le chorégraphe de 45 ans revient régulièrement en France depuis son départ avec fracas de l'Opéra en 2016, il assure que ces projets sont "une coïncidence". "C'est super agréable, car il n'y a pas beaucoup de pays comme la France où on arrive à avoir un public aussi large pour la danse", affirme-t-il. À la Seine Musicale Boulogne-Billancourt, "ce sont dix représentations de Roméo et Juliette, c'est-à-dire 25.000, 30.000 places, c'est exceptionnel", ajoute-t-il. "Je vais être à L.A., faire des allers-retours, j'aimerais cultiver ça". Il mesure sa chance, d'autant plus qu'après deux ans de pandémie, "toutes les compagnies de danse souffrent aux États-Unis", où "l'État ne vient pas en vous disant « vous avez tant d'argent » ".

Sa compagnie est parvenue toutefois à une période de stabilité économique après s'être ancrée dans le paysage culturel de Los Angeles. "Il y a beaucoup de fondations qui commencent à la financer, mais on va créer un fonds de dotation qui permette d'avoir de l'argent récurrent. On est arrivé à un bon moment", assure l'artiste qui va également présenter un festival de danse lors de la Coupe du monde de foot au Qatar. Autre projet, trouver un lieu propre à la compagnie, et plus grand.

Benjamin Millepied a signé les chorégraphies de Natalie Portman dans Black Swan


Roméo et Juliette, sur la musique de Prokofiev, est revisité par Benjamin Millepied avec trois couples homme-femme, homme-homme et femme-femme. "C'est trop petit comme vision d'avoir juste un homme et une femme de nos jours", explique l'artiste marié à la star Natalie Portman, rencontrée sur le plateau de Black Swan dont il a signé les chorégraphies. Une diversité de configurations défendue naturellement par le chorégraphe, tout comme la question de la diversité des profils, lui qui a été le premier à la soulever publiquement au Ballet de l'Opéra. "Il faut donner l'accès et changer la manière dont on va trouver le talent, qui est partout", martèle-t-il. "C'est une question d'effort, de volonté".

La pandémie a permis au chorégraphe de réaliser son premier long-métrage, présenté actuellement au festival de Toronto; il y revisite un autre classique, Carmen. "L'histoire est archaïque, c'est vraiment une vision de la femme d'un homme du XIXe siècle. Mais ce qui me fascine, c'est l'idée de femme libre et j'avais envie d'explorer cela", dit-il. L'arrêt pendant la crise sanitaire lui a permis aussi "un reset dans la tête et dans le corps", et donné naissance à Be Here Now, son spectacle au Châtelet.

L'ex-principal dancer au New York City Ballet ; équivalent de danseur étoile à l'Opéra, ne cache pas son envie de "bouger tout seul" à nouveau, d'où son prochain solo aux côtés du pianiste Alexandre Tharaud. Aucune envie en revanche de reprendre la tête d'une troupe classique ou de revenir à l'Opéra, qui cherche actuellement la personne qui va diriger le Ballet après la démission d'Aurélie Dupont en juin. Il regrette que dans beaucoup de maisons d'opéras européennes, "des choix soient imposés" au directeur de la danse par le directeur du lyrique, généralement à la tête de l'institution. "Chacun doit avoir son expertise, c'est une question de respect", ajoute-t-il.

AFP
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