©Crédit Photo: Jekesai Nikizana/AFP
En kilt, un joueur de cornemuse conduit des gens en tenue de deuil vers la cathédrale anglicane d’Harare : en ce matin encore frileux de printemps austral, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées en mémoire d’Elizabeth II.
Les funérailles de la reine, après 70 ans de règne, auront lieu lundi à l’abbaye de Westminster à Londres. Dans la capitale du Zimbabwe, les drapeaux sont en berne. Pas particulièrement pour la souveraine, mais plutôt en l’honneur d’un général de brigade de l’armée zimbabwéenne récemment décédé. Alors que le monde salue la figure planétaire, dans l’ancienne colonie britannique indépendante depuis 1980, le sentiment est mitigé.
La Grande-Bretagne et le Zimbabwe postindépendance ont pourtant longtemps entretenu des relations cordiales. Lors de la cérémonie d’indépendance, l’Union Jack a été remis au fils de la reine désormais sur le trône, Charles III, et le drapeau zimbabwéen vert, jaune, rouge et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel État, a été hissé. Le pays a aussi accueilli la reine en 1991 pour une réunion des chefs d’État et de gouvernement du Commonwealth. Avant sa venue, des habitats de fortune de quartiers déshérités d’Harare avaient été brûlés et leurs 3.000 occupants déplacés, loin des yeux de la souveraine.
À l’époque, l’ancienne Rhodésie, nom qui faisait référence au colonisateur britannique Cecil John Rhodes, est un exemple des bonnes relations entretenues par la Grande-Bretagne avec ses anciennes colonies qui se sont ardemment battues pour leur indépendance. L’ex-président Robert Mugabe, qui parle anglais - langue officielle - avec un accent britannique, a reçu en 1986 le Très honorable ordre du Bain, ordre de chevalerie britannique et plus haute distinction jamais accordée à un homme d’État africain.
La plupart des Zimbabwéens ont gardé des habitudes très anglaises dans leur assiette et leur façon de se vêtir, quand d’autres anciennes colonies ont préféré retourner à leurs racines ethniques.
Les juges portent encore des perruques, la tombe de Cecil John Rhodes est toujours intacte au parc Matobo (sud-ouest) et certaines écoles ou rues portent le nom de la reine.
Mais des tensions apparaissent entre les deux pays lorsque Mugabe lance, au nom des droits de la majorité noire, sa grande réforme agraire en 2000 : près de 4.000 fermiers blancs sont expropriés. Le Zimbabwe et le parti travailliste britannique deviennent des ennemis jurés, le pays d’Afrique australe sort du Commonwealth.
Les relations coloniales « étaient fondées sur l’exploitation » et le pillage des ressources, rappelle l’historien Phatisa Nyathi. Et par la suite, « la principale faiblesse de la reine Elizabeth II est qu’elle n’a jamais élevé la voix contre les violations des droits de l’homme, tant sous Mugabe que sous Mnangagwa », l’actuel président, estime Wright Chirombe, un habitant de Harare.
Mais pour d’autres, la reine était au-dessus de tout ça : « Elle embrassait toutes les religions et aimait tout le monde, je n’ai jamais vu quelqu’un de plus aimant », dit Sandy Rowan, en sortant de la cathédrale anglicane. Pendant la célébration, les fidèles ont chanté en anglais et en langue locale (shona). Ailleurs, d’autres tentaient tant bien que mal de trouver de quoi manger dans un pays plongé depuis des années dans une profonde crise économique.
« Nous ne nous sentons pas obligés de pleurer la reine Elizabeth II car elle a présidé à de nombreuses atrocités en Afrique », lâche Linda Masarira, à la tête d’un parti d’opposition.
« Les têtes de nos ancêtres, dont nous avons maintes fois réclamé la restitution au Zimbabwe, sont encore exposées » en Angleterre, rappelle-t-elle. Vestiges d’une histoire faite d’amour et de haine, les têtes de chefs rebelles zimbabwéens tués par les colons sont aujourd’hui encore exposées dans des musées britanniques.
AFP
Les funérailles de la reine, après 70 ans de règne, auront lieu lundi à l’abbaye de Westminster à Londres. Dans la capitale du Zimbabwe, les drapeaux sont en berne. Pas particulièrement pour la souveraine, mais plutôt en l’honneur d’un général de brigade de l’armée zimbabwéenne récemment décédé. Alors que le monde salue la figure planétaire, dans l’ancienne colonie britannique indépendante depuis 1980, le sentiment est mitigé.
La Grande-Bretagne et le Zimbabwe postindépendance ont pourtant longtemps entretenu des relations cordiales. Lors de la cérémonie d’indépendance, l’Union Jack a été remis au fils de la reine désormais sur le trône, Charles III, et le drapeau zimbabwéen vert, jaune, rouge et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel État, a été hissé. Le pays a aussi accueilli la reine en 1991 pour une réunion des chefs d’État et de gouvernement du Commonwealth. Avant sa venue, des habitats de fortune de quartiers déshérités d’Harare avaient été brûlés et leurs 3.000 occupants déplacés, loin des yeux de la souveraine.
À l’époque, l’ancienne Rhodésie, nom qui faisait référence au colonisateur britannique Cecil John Rhodes, est un exemple des bonnes relations entretenues par la Grande-Bretagne avec ses anciennes colonies qui se sont ardemment battues pour leur indépendance. L’ex-président Robert Mugabe, qui parle anglais - langue officielle - avec un accent britannique, a reçu en 1986 le Très honorable ordre du Bain, ordre de chevalerie britannique et plus haute distinction jamais accordée à un homme d’État africain.
La plupart des Zimbabwéens ont gardé des habitudes très anglaises dans leur assiette et leur façon de se vêtir, quand d’autres anciennes colonies ont préféré retourner à leurs racines ethniques.
Les juges portent encore des perruques, la tombe de Cecil John Rhodes est toujours intacte au parc Matobo (sud-ouest) et certaines écoles ou rues portent le nom de la reine.
Mais des tensions apparaissent entre les deux pays lorsque Mugabe lance, au nom des droits de la majorité noire, sa grande réforme agraire en 2000 : près de 4.000 fermiers blancs sont expropriés. Le Zimbabwe et le parti travailliste britannique deviennent des ennemis jurés, le pays d’Afrique australe sort du Commonwealth.
Les relations coloniales « étaient fondées sur l’exploitation » et le pillage des ressources, rappelle l’historien Phatisa Nyathi. Et par la suite, « la principale faiblesse de la reine Elizabeth II est qu’elle n’a jamais élevé la voix contre les violations des droits de l’homme, tant sous Mugabe que sous Mnangagwa », l’actuel président, estime Wright Chirombe, un habitant de Harare.
Mais pour d’autres, la reine était au-dessus de tout ça : « Elle embrassait toutes les religions et aimait tout le monde, je n’ai jamais vu quelqu’un de plus aimant », dit Sandy Rowan, en sortant de la cathédrale anglicane. Pendant la célébration, les fidèles ont chanté en anglais et en langue locale (shona). Ailleurs, d’autres tentaient tant bien que mal de trouver de quoi manger dans un pays plongé depuis des années dans une profonde crise économique.
« Nous ne nous sentons pas obligés de pleurer la reine Elizabeth II car elle a présidé à de nombreuses atrocités en Afrique », lâche Linda Masarira, à la tête d’un parti d’opposition.
« Les têtes de nos ancêtres, dont nous avons maintes fois réclamé la restitution au Zimbabwe, sont encore exposées » en Angleterre, rappelle-t-elle. Vestiges d’une histoire faite d’amour et de haine, les têtes de chefs rebelles zimbabwéens tués par les colons sont aujourd’hui encore exposées dans des musées britanniques.
AFP
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