Climat, cannabis et rigueur au menu du premier gouvernement post-Merkel (3/7)
©Les futurs figures de la politique allemande : (de gauche à droite) le directeur général politique des Verts (Die Grünen) Michael Kellner, le co-chef sortant du parti social-démocrate allemand (SPD) Norbert Walter-Borjans, le co-chef des Verts Annalena Baerbock, le co-chef des Verts Robert Habeck, le nouveau chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz, le chef du Parti libéral (FDP) Christian Lindner, le secrétaire général du FDP Volker Wissing, le co-chef du SPD Saskia Esken et le secrétaire général du SPD Lars Klingbeil. Le nouvel Exécutif allemand est né d’un accord entre les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les libéraux (FDP) qui installeront Olaf Scholz (SPD), 63 ans, comme chancelier. (AFP)

Intitulé "Oser plus de progrès", le programme de la nouvelle coalition allemande est le fruit d'un compromis entre les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les libéraux (FDP) qui vont diriger le pays pendant quatre ans.


Dans un document de 177 pages, cette coalition "feu tricolore" s'engage à moderniser le pays, lutter contre "la crise climatique qui met en péril les fondements de notre vie" et oeuvrer pour une "société du respect".Voici leur feuille de route:

Rigueur budgétaire


Le centre-gauche et les Verts voulaient davantage de flexibilité mais les Libéraux du FDP n'ont rien lâché. Leur dirigeant Christian Lindner décroche le portefeuille des Finances.

Le gouvernement maintiendra donc le "frein constitutionnel à l'endettement", qui limite à 0,35% du PIB par an la possibilité de déficit public de l'Allemagne, hors circonstances exceptionnelles.

Ce mécanisme a été suspendu pour affronter la pandémie mais il est prévu de le réintroduire en 2023. Et en Europe, alors que s'annoncent des discussions délicates sur le retour au pacte de stabilité, les partis plaident pour un "niveau d'endettement soutenable" tout en garantissant "des investissements durables et respectueux du climat".

La coalition n'augmentera pas les principaux impôts, a assuré Christian Lindner.

Les marges de manœuvre pour investir et moderniser l'Allemagne devront donc être trouvées ailleurs.

 

Salaire minimum et logement


En revanche les sociaux-démocrates ont imposé une promesse phare de la campagne, la hausse du salaire minimum horaire à 12 euros "dès la première année", contre 9,6 euros actuellement.

La coalition veut construire 400.000 nouveaux logements par an, dont 100.000 sur fonds publics, et introduire un frein à la hausse des loyers, pour que les hausses ne dépassent pas 11% sur trois ans.

 

Climat


"Atteindre les objectifs de l'accord de Paris en matière de protection climatique est pour nous une priorité absolue", stipule programme.

Les trois partis veulent "accélérer" la sortie du charbon et l'avancer à 2030 "dans l'idéal", au lieu de 2038. C'est une exigence des Verts.

Pour l'Allemagne, qui débranchera ses dernières centrales nucléaires fin 2022, "cela exige le développement massif des énergies renouvelables" -l'objectif est qu'elles représentent 80% de la production d'électricité à la fin de la décennie- et "la construction de centrales à gaz modernes".

"Tous les toits appropriés seront utilisés pour l'énergie solaire. Pour les nouvelles propriétés commerciales, ce sera obligatoire, tandis que pour les nouveaux bâtiments privés, cela deviendra la règle", prévoit le programme.

La puissante industrie automobile allemande va devoir accélérer sa transformation: les partis veulent avoir 15 millions de voitures électriques sur les routes du pays d'ici 2030, contre environ un peu plus de 500.000 actuellement.


Le rail doit représenter à terme 25% du transport de marchandises et l'objectif est de doubler le nombre d'usagers du train.

 

Europe "plus souveraine"


En matière de politique étrangère, une "Europe souveraine est la clef" et "c'est un devoir" pour le nouveau gouvernement, a affirmé le futur chancelier Olaf Scholz. La France a fait de ce sujet une des priorités de sa présidence de l'UE au premier semestre 2022.

L'Allemagne propose notamment un "droit d'initiative" pour le parlement européen et des listes transnationales aux élections européennes.

Pour autant, la relation transatlantique doit rester "un pilier central" pour l'Allemagne et l'Otan est un "élément indispensable" de la sécurité du pays.

Avertissement à la Hongrie et la Pologne : le nouveau gouvernement veut défendre "résolument" les valeurs d'Etat de droit dans l'UE.

La coalition s'est mise d'accord pour équiper la Bundeswehr de drones armés, un sujet qui divise la classe politique.

Présentant l'accord de coalition, Annalena Baerbock, la co-leader des Verts et bientôt ministre des Affaires étrangères, a promis de remettre les Droits de l'homme au centre de la diplomatie allemande et a prôné plus de fermeté envers la Russie et la Chine.

 

Vote à 16 ans et cannabis


La coalition propose d'abaisser à 16 ans l'âge du droit de vote pour les élections législatives et au Parlement européen. Lors des législatives du 26 septembre, Verts et Libéraux sont arrivés en tête chez les électeurs qui votaient pour la première fois.

Autre réforme phare: la légalisation du cannabis dont la vente dans des "magasins agréés" sera réservée "aux adultes".

L'accord prévoit aussi de réformer le droit de la nationalité pour simplifier la procédure d'acquisition de la citoyenneté allemande. La naturalisation devrait être possible après cinq ans, voire trois ans en cas d'intégration réussie.

Les partis se sont engagés à abolir le paragraphe 219a, une disposition controversée héritée de l'ère nazie qui rend illégale la publicité pour l'IVG.

"Les médecins doivent pouvoir fournir des informations publiques sur les avortements sans craindre d'être poursuivis", affirment-ils.

 

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