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5 pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, les 5 vainqueurs de la Seconde guerre mondiale, avec un droit de véto. 15 membres non permanents les accompagnant. Voici le système mis en place lors du nouvel ordre international après 1945. Mais les appels à la réforme de ces institutions sont aujourd'hui relayés par un allié des plus improbables: les États-Unis, exaspérés par l'utilisation par Moscou de son veto, en pleine guerre ukrainienne.
La réforme de l'ONU et de son Conseil de sécurité est un serpent de mer qui ressurgit à l'approche de chaque Assemblée générale des Nations unies. Mais ces appels sont aujourd'hui relayés par un allié des plus improbables: les États-Unis, exaspérés par l'utilisation par Moscou de son veto, en pleine guerre ukrainienne. Pour s'assurer que la Russie ne bloque pas les réunions du Conseil de sécurité, les puissances occidentales se sont appuyées sur une série de règles de procédure. Pour condamner la Russie, elles se sont tournées vers l'Assemblée générale de l'ONU, où chacun des 193 États membres dispose d'une voix.
Mais l'impuissance de l'ONU dans ce conflit est notable, et il suffit pour cela de remonter au soir du 23 février 2022, lorsqu'au beau milieu d'une réunion du Conseil de sécurité, Vladimir Poutine a annoncé au monde entier qu'il lançait une "opération militaire spéciale" en Ukraine. Et que depuis New York, des diplomates continuaient à lire des déclarations pré-écrites. Dans un discours récent, l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield s'est montrée en faveur de "propositions sensibles et crédibles" pour élargir et donc réformer le Conseil de sécurité, qui compte aujourd'hui 5 membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France) et 10 non-permanents.
"Nous ne devons pas défendre un statu quo intenable et dépassé", a-t-elle plaidé. "Mais plutôt faire preuve de flexibilité et d'ouverture, au nom d'une plus grande crédibilité et légitimité", a affirmé l'ambassadrice. "Tout membre permanent qui use de son droit de veto pour défendre ses propres actions perd toute autorité morale et doit être tenu pour responsable", a-t-elle aussi averti. Ce type de propos font sourire Pékin et Moscou, qui renvoient à l'époque de Bush fils, quand les Etats-Unis n'avaient pas hésité à contourner le Conseil de sécurité pour envahir l'Irak.
L'Assemblée générale des Nations unies a récemment adopté une résolution obligeant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier leur recours au veto, une réforme rare qui a été relancée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Pour Naledi Pandor, la ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud - un pays qui brigue depuis longtemps un siège au Conseil de sécurité - il est hypocrite de critiquer le concept du veto seulement à cause de l'usage qu'en fait la Russie aujourd'hui. "Certains d'entre nous ont depuis longtemps appelé à ce que l'Assemblée générale puisse jouer un plus grand rôle, sans jamais avoir été soutenus. Mais tout à coup, aujourd'hui, oui ?", a-t-elle récemment lancé devant un think tank à Washington. "C'est là que le droit international commence à ne plus vouloir rien dire."
Linda Thomas-Greenfield a reconnu que les États-Unis n'étaient pas toujours les premiers à respecter leurs propres principes, mais a souligné que depuis 2009, Washington n'avait utilisé son veto que quatre fois, contre 26 fois pour la Russie. Pour Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group, les inquiétudes des Etats-Unis autour des "dysfonctionnements" du Conseil du sécurité sont sincères. "Mais c'est aussi une façon habile de pointer du doigt la Chine et la Russie. Parce que nous savons tous que la Russie et la Chine sont les pays les plus réticents à une réforme du Conseil", argue-t-il.
La plus forte impulsion en faveur d'une réforme du Conseil de sécurité remonte au 60ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand le Brésil, l'Allemagne, l'Inde et le Japon avaient conjointement déposé leurs candidatures à un siège permanent. La Chine s'était alors farouchement opposée à l'attribution d'un siège à une autre puissance d'Asie de l'Est. Les velléités japonaises ont longtemps été soutenues par Washington. Lors d'une visite en Inde, l'ancien président Barack Obama avait exprimé son soutien général à une candidature de New Delhi. Mais passé le vœu pieux, très peu d'initiatives ont jusqu'ici été lancées pour que ces candidatures aboutissent.
Selon Richard Gowan, un appel clair de Joe Biden en faveur d'une refonte du Conseil relancerait instantanément les efforts de réforme. Mais, tempère-t-il, "mon sentiment est que les Américains n'ont pas nécessairement de but précis dans leur démarche". "Ils font cela pour tâter le terrain, pour défier les Chinois et les Russes. Cela pourrait s'essouffler", prévient-il. Les spécialistes de la diplomatie doutent aussi qu'une réforme du Conseil de sécurité puisse avoir lieu tant que la Russie et la Chine verront leurs intérêts menacés. "Parmi ceux qui soutiennent l'Ukraine contre l'agression russe, c'est un sujet récurrent", fait remarquer John Herbst, un ancien diplomate américain aujourd'hui au Atlantic Council. "Mais je pense que les chances que cela aboutisse sont très, très faibles."
Avec AFP
La réforme de l'ONU et de son Conseil de sécurité est un serpent de mer qui ressurgit à l'approche de chaque Assemblée générale des Nations unies. Mais ces appels sont aujourd'hui relayés par un allié des plus improbables: les États-Unis, exaspérés par l'utilisation par Moscou de son veto, en pleine guerre ukrainienne. Pour s'assurer que la Russie ne bloque pas les réunions du Conseil de sécurité, les puissances occidentales se sont appuyées sur une série de règles de procédure. Pour condamner la Russie, elles se sont tournées vers l'Assemblée générale de l'ONU, où chacun des 193 États membres dispose d'une voix.
Statu quo "dépassé"
Mais l'impuissance de l'ONU dans ce conflit est notable, et il suffit pour cela de remonter au soir du 23 février 2022, lorsqu'au beau milieu d'une réunion du Conseil de sécurité, Vladimir Poutine a annoncé au monde entier qu'il lançait une "opération militaire spéciale" en Ukraine. Et que depuis New York, des diplomates continuaient à lire des déclarations pré-écrites. Dans un discours récent, l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield s'est montrée en faveur de "propositions sensibles et crédibles" pour élargir et donc réformer le Conseil de sécurité, qui compte aujourd'hui 5 membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France) et 10 non-permanents.
"Nous ne devons pas défendre un statu quo intenable et dépassé", a-t-elle plaidé. "Mais plutôt faire preuve de flexibilité et d'ouverture, au nom d'une plus grande crédibilité et légitimité", a affirmé l'ambassadrice. "Tout membre permanent qui use de son droit de veto pour défendre ses propres actions perd toute autorité morale et doit être tenu pour responsable", a-t-elle aussi averti. Ce type de propos font sourire Pékin et Moscou, qui renvoient à l'époque de Bush fils, quand les Etats-Unis n'avaient pas hésité à contourner le Conseil de sécurité pour envahir l'Irak.
L'Assemblée générale des Nations unies a récemment adopté une résolution obligeant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à justifier leur recours au veto, une réforme rare qui a été relancée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
"Aujourd'hui, oui ?"
Pour Naledi Pandor, la ministre des Affaires étrangères d'Afrique du Sud - un pays qui brigue depuis longtemps un siège au Conseil de sécurité - il est hypocrite de critiquer le concept du veto seulement à cause de l'usage qu'en fait la Russie aujourd'hui. "Certains d'entre nous ont depuis longtemps appelé à ce que l'Assemblée générale puisse jouer un plus grand rôle, sans jamais avoir été soutenus. Mais tout à coup, aujourd'hui, oui ?", a-t-elle récemment lancé devant un think tank à Washington. "C'est là que le droit international commence à ne plus vouloir rien dire."
Linda Thomas-Greenfield a reconnu que les États-Unis n'étaient pas toujours les premiers à respecter leurs propres principes, mais a souligné que depuis 2009, Washington n'avait utilisé son veto que quatre fois, contre 26 fois pour la Russie. Pour Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group, les inquiétudes des Etats-Unis autour des "dysfonctionnements" du Conseil du sécurité sont sincères. "Mais c'est aussi une façon habile de pointer du doigt la Chine et la Russie. Parce que nous savons tous que la Russie et la Chine sont les pays les plus réticents à une réforme du Conseil", argue-t-il.
Vœu pieux
La plus forte impulsion en faveur d'une réforme du Conseil de sécurité remonte au 60ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand le Brésil, l'Allemagne, l'Inde et le Japon avaient conjointement déposé leurs candidatures à un siège permanent. La Chine s'était alors farouchement opposée à l'attribution d'un siège à une autre puissance d'Asie de l'Est. Les velléités japonaises ont longtemps été soutenues par Washington. Lors d'une visite en Inde, l'ancien président Barack Obama avait exprimé son soutien général à une candidature de New Delhi. Mais passé le vœu pieux, très peu d'initiatives ont jusqu'ici été lancées pour que ces candidatures aboutissent.
Selon Richard Gowan, un appel clair de Joe Biden en faveur d'une refonte du Conseil relancerait instantanément les efforts de réforme. Mais, tempère-t-il, "mon sentiment est que les Américains n'ont pas nécessairement de but précis dans leur démarche". "Ils font cela pour tâter le terrain, pour défier les Chinois et les Russes. Cela pourrait s'essouffler", prévient-il. Les spécialistes de la diplomatie doutent aussi qu'une réforme du Conseil de sécurité puisse avoir lieu tant que la Russie et la Chine verront leurs intérêts menacés. "Parmi ceux qui soutiennent l'Ukraine contre l'agression russe, c'est un sujet récurrent", fait remarquer John Herbst, un ancien diplomate américain aujourd'hui au Atlantic Council. "Mais je pense que les chances que cela aboutisse sont très, très faibles."
Avec AFP
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