Élections en Tunisie: Kais Saied part favori
Une Tunisienne vote lors de l'élection présidentielle dans un bureau de vote à Tunis, le 6 octobre 2024. Les élections présidentielles tunisiennes ont débuté le 6 octobre, sans réelle opposition au président sortant, Kais Saied, qui est largement pressenti pour gagner, ses principaux détracteurs étant derrière les barreaux. ©(Photo par FETHI BELAID / AFP)

Les Tunisiens ont commencé à voter dimanche pour élire leur président. Le scrutin donne le chef d'État sortant, Kais Saied, largement favori et suscite peu d'enthousiasme auprès d'une population plus préoccupée par ses difficultés économiques que par «la dérive autoritaire» dénoncée par la société civile.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00 (7h00 GMT) pour accueillir 9,7 millions d'électeurs inscrits, ont constaté des journalistes de l'AFP. Ils fermeront à 18h00, heure locale.

L'autorité électorale Isie prévoit des résultats préliminaires «au plus tard» mercredi. Dans un bureau du centre-ville, rue de l'Inde, une douzaine de personnes, surtout des hommes âgés, faisaient déjà la queue pour déposer leur bulletin de vote.

Dans le berceau, en 2011, des révoltes démocratiques du Printemps arabe, seuls deux candidats – considérés par des analystes comme des seconds couteaux – ont été autorisés à affronter M. Saied, 66 ans, sur initialement 17 postulants, écartés par l'Isie pour des irrégularités présumées.

Le premier est un ex-député de la gauche panarabe, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, et le second, Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans, inconnu du grand public, mais emprisonné dès confirmation de sa candidature, début septembre.

En moins d'un mois, cet ancien député, soutenu par des forces de gauche et des personnalités de l'ancienne majorité parlementaire, a été condamné à 14 ans et deux mois de prison pour des soupçons de faux parrainage, dans trois procédures séparées. Son équipe a appelé les citoyens à «se rendre aux urnes en masse», exhortant l'Isie à «ne pas manipuler le vote des Tunisiens».

Porteur d'un projet de gauche souverainiste similaire à celui de M. Saied qu'il soutenait jusqu'à récemment, M. Maghzaoui a dénoncé avant le scrutin «un bilan égal à zéro» du pouvoir sortant, appelant à une mobilisation des électeurs.

Scrutin «verrouillé» 

Le président «a verrouillé le scrutin» et devrait le «remporter haut la main», estime l'expert de l'International Crisis Group, Michaël Ayari.

La sélection même des candidats a été contestée pour le nombre élevé de parrainages exigé, l'emprisonnement de candidats potentiels connus et l'éviction par l'Isie des rivaux les plus solides du président.

M. Saïed, élu en 2019 à près de 73% des voix (et 58% de participation), était encore populaire quand ce spécialiste de droit constitutionnel à l'image d'incorruptible s'était emparé des pleins pouvoirs à l'été 2021, promettant l'ordre après des années d'instabilité politique.

Trois ans plus tard, beaucoup de Tunisiens lui reprochent d'avoir surtout consacré son énergie à régler ses comptes avec ses opposants, en particulier le parti islamo-conservateur Ennahda, dominant sur la décennie de démocratie ayant suivi le renversement du dictateur Ben Ali en 2011.

Par Kaouther LARBI avec AFP

Ici Beyrouth
Commentaires
  • Aucun commentaire