Guerre au Liban: attaques permanentes et mobilisation internationale
Dégâts, tués et blessés après une attaque israélienne contre le quartier de Noueiri, jeudi 10 octobre. ©Al-Markaziya

Si le sort du responsable de la coordination et des relations au sein du Hezbollah, Wafic Safa, demeure incertain après la frappe aérienne qui l’aurait pris pour cible jeudi soir dans le quartier de Noueiri, au centre de Beyrouth, la volonté israélienne d’éradiquer le Hezbollah ne fait que se confirmer. Selon le ministère de la Santé, cette attaque – la troisième qui vise directement la capitale – aura fait, à l’heure actuelle, 22 tués et 117 blessés. 

Par ailleurs, et malgré l’avertissement lancé par le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, peu après la double attaque sur Beyrouth (à Noueiri et à Zokak el-Blatt), la banlieue sud de la capitale a connu un calme précaire dans la nuit de jeudi à vendredi. Dans un message publié sur la plateforme X, M. Adraee avait appelé les habitants de Haret Hreik à évacuer le quartier, l’armée israélienne ayant l’intention de continuer d’attaquer des positions et sites du Hezbollah dans cette zone.

M. Adraee a, en outre, annoncé jeudi matin que l’armée israélienne avait éliminé un commandant de l’unité de missiles antichar de la force Radwan, Gharib al-Choujaa, à Mays el-Jabal.

Sur le terrain

Vendredi matin, une maison à Teir Harfa a été détruite et des frappes contre Majdel Zoun, Kfar Hammam et Halta ont été signalées. La périphérie de Zarariyé à Saïda mais aussi le village de Jebchit à Nabatiyé (où un tué a été signalé) ont été visés, après que Naqoura, Beit Lif, Chakra, Labbouné, Alma el-Chaab, Khiam, Maaroub, Chaaïtiyé, Bourj Qalaway et Anqoun ont été pilonnés jeudi soir.

Dans la Békaa, des avions de combat israéliens ont lancé une série de raids sur plusieurs secteurs que les drones continuent de survoler à basse altitude.

Mohammad Reza Fallahzadeh, alias ‘Abou Bagher’ et commandant adjoint de la force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a été chargé de "superviser" le Hezbollah, en attendant qu’un nouveau secrétaire général soit nommé, une décision retardée par le guide suprême iranien Ali Khamenei qui craint que celui-ci soit assassiné une fois désigné.

Les attaques contre Israël se poursuivent

À Yiron, dans le nord d’Israël, un travailleur thaïlandais a été tué et une autre personne blessée par des bombardements d’un missile antichar. Une autre attaque contre une position de soldats israéliens dans la caserne de Yiftah et ses environs a été revendiquée par le Hezbollah.

Vendredi matin, les sirènes d’alerte ont retenti à Acre et à Haïfa, après l’intrusion présumée d’un drone. Plus tôt, les forces israéliennes ont déclaré avoir intercepté un autre engin volant au-dessus d'Ashkelon, dans le sud de l’État hébreu. L’alarme a également été déclenchée à Kiryat Shmona, Margaliot, Acre et Al-Karyut, dans le nord d'Israël, plus de 20 missiles ayant été lancés depuis le sud du Liban vers des sites israéliens de la Haute Galilée et de la baie de Haïfa. À Kiryat Bialik, un bâtiment a été détruit par des missiles en provenance du Liban.

La Finul prise pour cible

Déployée entre le Liban et Israël, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a accusé jeudi les troupes israéliennes de tirer "de façon répétée" sur ses positions. Après que deux Casques bleus indonésiens ont été blessés par les tirs d’un char Merkava contre une tour d’observation du QG de la Finul à Naqoura, deux soldats sri lankais ont également été touchés jeudi par des éclats d’obus de chars lancés aussi sur l’une de ces tours. "Les soldats israéliens ont tiré sur une position de l'ONU à Ras al-Naqoura, touchant l'entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé refuge, endommageant par ailleurs des véhicules et des systèmes de communication", annonce la Finul dans un communiqué.

Mercredi, et selon l’AFP, "des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d'usage et sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n'éclate".

Dénonçant ces actes qualifiés d’intolérables, Rome, qui compte 900 militaires mobilisés à la frontière, a convoqué l'ambassadeur d'Israël pour une "ferme protestation". De leur côté et selon le ministère français des Armées, la France et l'Italie "vont demander une réunion des pays européens contribuant à la force des Nations unies après que les forces de la Finul ont essuyé des tirs au sud du Liban de l'armée israélienne". Par ailleurs, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué: "Nous attendons des éclaircissements de la part des autorités israéliennes", soulignant que "protéger les soldats des forces de maintien de la paix des Nations Unies est un devoir pour toutes les parties à un conflit". Le ministère des Affaires étrangères a condamné "toute atteinte à la sécurité de la Finul".

Pour sa part, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a estimé que "ce qu'Israël a fait contre le bataillon italien était un crime de guerre" et a déclaré lors d'une conférence de presse: "Nous voulons des éclaircissements sur la question, car il y a eu une agression explicite représentée par des tirs sur le bataillon italien et aux caméras de sécurité." Il a ajouté: "Je ne dispose pas d’informations suffisantes sur l’incident et j’attends la réponse israélienne." Nous sommes là pour mettre en œuvre les résolutions de l’ONU, notamment la 1701, avec 40 autres pays.

On rappelle que la Force intérimaire des Nations unies au Liban, dont 10.000 soldats sont déployés dans le sud du pays, appelle depuis le début de l'escalade entre l'armée israélienne et le Hezbollah à l'arrêt des hostilités.

Pressions américaines

Citant des responsables américains et arabes, le Wall Street Journal a indiqué que le président des États-Unis, Joe Biden "fait des attaques israéliennes contre le Hezbollah une opportunité pour mettre fin à la domination de longue date du groupe armé en poussant pour l’élection d’un nouveau président libanais". Le journal rapporte, par ailleurs, que le secrétaire d'État américain Antony Blinken a contacté ces derniers jours les dirigeants du Qatar, de l'Égypte et de l'Arabie saoudite pour demander leur soutien à l'élection d'un nouveau président libanais. 

Ligne bleue: les évacuations se font difficiles

Le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, George Kettaneh, a déclaré que les évacuations des victimes au niveau de la Ligne bleue sont devenues très difficiles, notamment du côté de Tyr, Naqoura, Tebnine, Bint Jbeil, Marjayoun et Chebaa, en raison de la fermeture des routes. Il a toutefois assuré que les équipes de secours poursuivent leurs missions en coordination avec la Finul. Dans un entretien accordé à la Voix de tout le Liban, M. Kettaneh a révélé que les hôpitaux dans ces régions, devenus des champs de bataille, étaient désormais hors service.

Nouvelle cargaison d’aide médicale

Jeudi soir, une première cargaison de médicaments et de matériel médical a été livrée aux autorités libanaises, en provenance de Paris, et plus particulièrement de l’ambassade du Liban en France.

Cette aide a été rendue possible grâce aux membres de la communauté libanaise à Paris et des associations libano-françaises, qui ont répondu à l'appel lancé par le ministère de la Santé publique le 24 septembre dernier, en collaboration avec la compagnie aérienne MEA (Middle East Airlines).

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