Le fou, personnage captivant, mis à l'honneur au Louvre
Le Louvre présente une vaste exposition sur la figure du fou, du Moyen Âge aux Romantiques. ©Julien De Rosa/AFP

Le Louvre présente une vaste exposition sur la figure du fou, du Moyen Âge aux Romantiques, explorant son rôle entre divertissement et critique sociale à travers plus de 300 œuvres, offrant une réflexion sur la marginalité et la normalité.

Au musée du Louvre, du Moyen Âge aux Romantiques,  les "figures du fou"  sont omniprésentes. Bouffon à la fois comique et tragique, fascinant et redouté, le fou divertit, dénonce et inverse les valeurs établies. Cette vaste exposition, qui débute mercredi au Louvre à Paris, explore l’impact de cette figure sur l’art et la culture occidentale à travers les siècles.

Intitulée Figures du fou, du Moyen Âge aux Romantiques, l’exposition n’aborde pas la folie sous l’angle de la maladie mentale, mais interroge la présence constante de ce personnage marginal. Elle se termine au XIXe siècle avec l’œuvre de Courbet, pionnier du réalisme, tout en soulevant des questions contemporaines sur la normalité et la marginalité, notamment celles liées à l’artiste, souligne Laurence des Cars, présidente-directrice du Louvre.

Plus de 300 pièces - manuscrits enluminés, livres, objets d’art, tapisseries, peintures et sculptures — prêtées par 90 institutions en France, Europe et États-Unis, sont présentées. Parmi elles, des chefs-d’œuvre de Jérôme Bosch comme La Nef des fous, des œuvres de Bruegel l’Ancien et le Jeune, des bronzes allemands, ainsi que des gravures et coffres en ivoire inspirés des romans chevaleresques et de l’amour courtois.

Le fou, identifiable à son bonnet à oreilles d’âne, sa crête de coq, ses vêtements bariolés et ses grelots, apparaît tour à tour comme divertisseur, dénonciateur et subvertisseur de l’ordre établi. Rejetant Dieu et souvent maltraité, il devient aussi une figure sacrée, inspirant Saint François d’Assise, et s’entoure des puissants.

" Le profane et le sacré se mêlent constamment. Le fou, par effet de miroir, nous interroge sur nous-mêmes et l’Autre ", explique Élisabeth Antoine-König, conservatrice générale au département des objets d’art, et commissaire de l’exposition avec Pierre-Yves Le Pogam, conservateur général au département des sculptures.

Le parcours débute par les marges des manuscrits du XIIIe siècle, envahies par des créatures grotesques et hybrides, les "marginalia" . Ces créatures se multiplient et peuplent l’espace artistique, du sol aux plafonds peints.

Au fil du temps, la figure du fou se transforme. Lié à la luxure au XIIIe siècle, il symbolise l’excès et alerte les âmes perdues, comme l’illustrent les séries de danses macabres. Dès le XIVe siècle, le fou de cour devient une figure institutionnalisée, critiquant avec ironie la sagesse royale. Il trouve également sa place dans les jeux de société comme le tarot.

De la Renaissance à Bosch et Bruegel, le fou dénonce la folie humaine, avant de s’effacer au XVIIe siècle, avec l’avènement des Lumières et du règne de la raison, bien que subsistant à travers des personnages tels que Don Quichotte.

L’exposition s’achève sur le thème de l’enfermement des malades mentaux au XIXe siècle, notamment à travers l’œuvre de Goya, L’Enclos des fous de Saragosse, qui dénonce une violence institutionnalisée. Des gargouilles de Notre-Dame et un film muet rendent hommage à Quasimodo, tandis que le Pierrot, dit le Gilles de Watteau, initialement prévu dans l’exposition, fait l’objet d’une autre rétrospective au Louvre.

Avec AFP

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