Quand la guerre anéantit la saison des récoltes
©Ici Beyrouth

La guerre, avec ses conséquences dévastatrices, ne fauche pas uniquement des vies humaines, mais entraîne également la destruction des ressources essentielles à la subsistance de la population. Au Liban-Sud, le conflit entre Israël et le Hezbollah a ravagé les terres agricoles, menaçant la production d'agrumes, de fruits, de légumes et d'olives, des cultures vitales tant sur le plan économique que nutritionnel.

Au Liban-Sud, le conflit entre Israël et le Hezbollah a ravagé les terres agricoles, menaçant la production d'agrumes, de fruits, de légumes et d'olives, des cultures vitales tant sur le plan économique que nutritionnel. En effet, le secteur agricole a été touché de plein fouet par les bombardements au Liban-Sud. Cette région, qui bénéficie de conditions agro-climatiques optimales, est très productive et représente le poumon du secteur. En effet, elle fournit 80% du produit intérieur brut (PIB) du Liban-Sud et 65% de la population du sud y travaille.

Avec l’avènement de la saison de la cueillette des olives et du pressage de l’huile, les agriculteurs du sud du Liban accusent des pertes colossales. En effet, le Sud produit 38% des olives du pays. Il fournit 5.000 des 25.000 tonnes d’huile d’olive produites chaque année au Liban. Ainsi, les bombardements vont sans doute affecter jusqu’à un cinquième des bénéfices de la production libanaise d’olives, qui s’élèvent à près de 23 millions de dollars. Surtout que les Israéliens ont demandé aux exploitants de ne pas aller récolter. Par conséquent, ni les ventes intra-muros ni les exportations ne sont désormais à l’ordre du jour. Il s’agit de pertes sèches et insurmontables!

Trois raisons sont à l’origine de cet anéantissement des cultures. D’abord, les bombardements qui ont fait fuir la population, et donc la main d’œuvre; ensuite, les bombardements au phosphore qui ont brûlé une partie de la récolte; et enfin les frappes qui ont ciblé des infrastructures d’irrigation vitales. Ainsi, le fleuve Litani, qui alimente les projets, a été directement touché. Cette irrigation stratégique prélève plus de 260.000 mètres cubes d'eau par jour pour irriguer près de 6.000 hectares de terres agricoles le long de la côte sud. À la suite de cette attaque, le fleuve Litani est désormais hors service dans la région.

Un exploitant du Liban-Sud a indiqué, ici à Ici Beyrouth, que ses pertes, rien qu’au niveau de l’huile d’olive, se chiffrent à environ 100.000 dollars, alors que pour les agrumes et les avocats, elles s’élèvent à 200.000 dollars.

Il a expliqué que les agrumes, comme les avocats, les bananes, les anones ou les olives, pourrissent, alors qu’il s’agit du seul moyen de subsistance de la majorité des habitants du Sud. En effet, sur une superficie cultivée de 7.500 hectares, le Sud génère, à lui seul, 72% des revenus de ce secteur (16.250.000 dollars sur 22.500.000 dollars au total). Le Sud produit 22% des fruits et agrumes du Liban.

Des sources au ministère de l’Agriculture indiquent que les pertes du seul secteur agricole se chiffrent à “plus de 2 milliards de dollars”. Ils insistent toutefois sur le fait qu’il s’agit d’une estimation théorique puisque la guerre n’a pas pris fin et que les tests sur les terres n’ont pas pu être encore réalisés parce que le phosphore blanc (utilisé par Israël) a pu faire des dégâts en profondeur encore plus importants.

Ce qui est certain, c’est que la destruction des récoltes et des terres agricoles, la pollution chimique due aux bombes au phosphore notamment, ainsi que l’impact sur le bétail ou l’apiculture menacent gravement l’économie locale.

Selon les sources précitées, jusqu’au 27 août – après cette date, il n’a plus été possible de recenser –, 96 incendies ont complètement ravagé 7 millions deux cent mille mètres carrés de forêts, terres agricoles, oliveraies et autres plantations. Les chiffres sont alarmants: plus de 60.000 oliviers et plus de 5.000 arbres de diverses espèces (des chênes et plus de 55% des pins) ont été détruits. En outre, 35% des arbres fruitiers ont brûlé et 10% des herbes aromatiques (persil, menthe, coriandre) ont été endommagés, selon les mêmes sources.

Les cultivateurs de tabac ne pourront pas non plus semer cette année puisqu’ils sont nombreux à ne pas pouvoir accéder à leurs terrains (la production est d’environ deux millions de kilos de tabac, ce qui représente 55% de la production nationale et engendre plus de dix millions de dollars de revenus).

Toutes ces cultures génèrent des revenus vitaux pour les habitants de la région, en particulier ceux des villages frontaliers.

Il est certain que d’importants investissements financiers et techniques seront nécessaires pour rétablir la pleine productivité de la région. Les agriculteurs vont être confrontés à d’énormes défis pour restaurer leurs terres et préserver leur héritage agricole.

 

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