Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a quitté Washington lundi en direction d'Israël, à deux semaines de l'élection présidentielle aux États-Unis, dans l'espoir de capitaliser sur la mort du chef du Hamas et de parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
La Maison Blanche a, cependant, aussitôt cherché à tempérer les attentes. "Je ne peux pas vous dire que les négociations vont reprendre à Doha, au Caire ou où que ce soit ailleurs", a fait savoir le porte-parole John Kirby devant la presse.
Il s'agit du 11e voyage au Moyen-Orient du secrétaire d'État américain depuis le début de la guerre dévastatrice à Gaza, provoquée par le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.
"Le moment est venu d'aller de l'avant, de progresser vers un cessez-le-feu", a déclaré le président américain vendredi dernier en Allemagne, en annonçant qu'il dépêchait son chef de la diplomatie dans la région.
"Beaucoup plus d'aide"
Le déplacement du secrétaire d'État intervient quelques jours après qu'il a, avec le ministre de la Défense Lloyd Austin, averti Israël que les États-Unis pourraient suspendre une partie de leur aide militaire, qui se chiffre en milliards de dollars, si le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne permettait pas, dans les 30 jours, l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien dévasté et où se poursuivent les frappes israéliennes, notamment dans le nord.
L'ONU y a qualifié la situation humanitaire de catastrophique.
"On a besoin de voir beaucoup plus d'aide entrer à Gaza", a fait valoir la Maison Blanche, qui précise que ce sera l'un des principaux sujets de discussion avec les Israéliens.
La guerre dans la bande de Gaza empoisonne la fin de mandat du président Joe Biden et pourrait nuire à la vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris, engagée dans une course ultra serrée face au républicain Donald Trump pour le scrutin du 5 novembre.
Nombre de démocrates s'offusquent du soutien quasi inconditionnel apporté par les États-Unis à Israël.
Donald Trump accuse de son côté l'administration démocrate de mettre des bâtons dans les roues du dirigeant israélien, en tentant de le "retenir", lui qui l'appelle, au contraire, à "finir le travail" à Gaza.
"Le jour d'après"
Antony Blinken arrivera en Israël mardi pour une série d'entretiens, avant de se rendre dans plusieurs capitales arabes jusqu'à vendredi, selon le département d'État qui n'a toutefois pas précisé lesquelles.
Il y "discutera de l'importance de mettre fin à la guerre à Gaza, de garantir la libération de tous les otages et d'alléger les souffrances du peuple palestinien", a indiqué le département d'État dans un communiqué.
Il plaidera également en faveur d'une "solution diplomatique" au Liban, où les États-Unis se sont abstenus d'exiger un cessez-le-feu immédiat.
Il sera aussi question de préparer le "jour d'après" la guerre en matière de reconstruction et de gouvernance dans le territoire palestinien, où la tâche s'annonce gigantesque, selon le département d'État.
Peu de détails concrets ont filtré sur ces préparatifs, notamment pour savoir qui pourra y assurer la sécurité, mais les pays arabes ont dit ne pas être prêts à payer seuls la facture sans perspective de création d'un État palestinien, ce qu'Israël rejette.
En parallèle, les États-Unis font miroiter la possibilité d'une normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite, ce qui constituerait un tournant historique dans la région.
Par Shaun TANDON avec AFP
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