Alan Stivell revisite son univers avec un double album symphonique
Le musicien français Alan Stivell, 80 ans, pose lors d'une séance photo chez lui à Betton, en banlieue de Rennes, dans l'ouest de la France, le 24 octobre 2024. ©Damien Meyer/AFP

À presque 81 ans, Alan Stivell célèbre son riche univers musical avec un double album live symphonique. Fusionnant influences celtiques et folk-rock, "Liberté - Roazhon" rend hommage à sa carrière, entre modernité et traditions bretonnes.

Près de 60 ans après son premier 33 tours, l’emblématique barde breton Alan Stivell sort un double album live, alliant symphonie celtique et réinterprétations de tubes folk-rock, une façon de faire "le tour du propriétaire" de son riche univers musical avant son 81e anniversaire.

"Liberté - Roazhon" (sortie le 8 novembre) a été enregistré en collaboration avec l'Orchestre national de Bretagne, "mais ce n'est pas pour autant une nouvelle version de la symphonie celtique" de 1979, explique Alan Stivell à l'AFP, depuis sa maison-studio au nord de Rennes. 

"C'est un enregistrement de concert live, en formation symphonique, joué au Liberté à Rennes et à Pleyel à Paris en 2022", résume-t-il.

Une partie de cet album contient des extraits de la "symphonie celtique", mais aussi plusieurs titres folk ou pop-rock qui ont marqué la carrière d’Alan Stivell, comme les célèbres Tri martolod, Brian boru ou Pop-plinn, réécrits avec des orchestrations symphoniques. 

"C'est symphonique, mais ça reste une musique de fusion, toute ma musique est à géométrie variable", insiste l’artiste. "Sur l'album, on trouve un orchestre symphonique, un orchestre celtique et des chœurs, mais il y a aussi un bagad, des solistes, un joueur de cornemuse irlandaise, et mes musiciens de scène rock habituels", détaille-t-il.

"Ça fait plus de 60 personnes sur scène. Au début, on avait simplement enregistré les concerts comme souvenir, pour pouvoir se réécouter en privé. Mais quand j'ai entendu le résultat, j'ai eu une envie utopique : sortir un album !"

Cependant, un tel projet exige "un budget énorme", et sa maison de disques habituelle ne le jugeait pas rentable, jusqu'à ce qu’Alan Stivell trouve le label Verycords, qui a relevé le défi. "C'est assez miraculeux", confie l’artiste, entouré de ses précieuses harpes.

Moins traditionnel que Springsteen

Pour Alan Stivell, "Liberté - Roazhon"  reflète le parcours musical qu’il a accompli depuis qu’enfant, il est tombé amoureux de la harpe celtique que son père avait conçue et assemblée dans leur appartement parisien.

"Ça fait un peu tour du propriétaire. Beaucoup d'aspects qui me tiennent à cœur sont présents sur cet album. Il y a du quasi-chant a cappella à un moment, et des côtés rock assez présents sur d'autres morceaux", sans oublier les éléments de "world music" que ce porte-drapeau de l’identité bretonne a toujours voulu associer à la culture celtique. 

"Un pied en Bretagne, un pied dans le reste du monde", résume-t-il.

Et même s’il "reste du travail", la promotion de la Bretagne et de sa culture, pour lesquelles il s'est battu toute sa carrière, "a quand même connu un grand retournement", se réjouit Alan Stivell. Depuis les années 1960, "on est passé d'un complexe d'infériorité à ce qui serait presque un complexe de supériorité. Il y a du chauvinisme et tout ça, mais on a vu une évolution hyper importante".

Bien que le double album s'achève sur une version symphonique du Bro gozh, hymne "national" de la Bretagne, Alan Stivell affirme que dans un monde où il n’aurait pas ressenti le besoin de défendre cette culture celtique, il se serait "peut-être consacré exclusivement à la création", loin des thèmes et des arrangements traditionnels. 

"J'ai fait ça pour que les Bretons se disent ‘merde, on vaut plus que ce qu'on croyait en fait’ et relèvent la tête", lance-t-il.

Pourtant, il persiste à dire que, contrairement à ce que certains pensent, il n'est "pas un artiste de musique traditionnelle". 

"Je fais une musique d'aujourd'hui, en utilisant des thèmes traditionnels. Mais si vous prenez Bruce Springsteen, il est bien plus proche de la tradition américaine que je ne le suis de la tradition bretonne. Et pourtant personne n'ira qualifier Springsteen de musicien traditionnel!"

Avec AFP

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