Main basse sur le compte 36 du Trésor libanais

Le duopole Amal-Hezbollah aurait l’œil sur les fonds du compte 36 du Trésor libanais pour venir en aide aux déplacés. Un compte qui regroupe les fonds collectés par l’État libanais, et qui proviennent principalement des taxes, impôts, droits de douane, dons et autres sources de recettes publiques.

  

Depuis quelques jours, des parlementaires et des ministres du duopole Amal-Hezbollah, notamment Hussein Hajj Hassan, Moustapha Bayram et Ali Hamiyé, réclament avec insistance que des aides plus substantielles soient accordées aux personnes déplacées, et qu’elles soient financées par le compte N°36 du Trésor, ouvert à la Banque du Liban (BDL).

 

Ils estiment que “les aides accordées par l’État aux déplacés sont insuffisantes et disproportionnées par rapport à l’ampleur de la crise”, donnant l’exemple d’un montant total d’aide de 37.000 dollars pour le seul caza de Baalbeck-Hermel qui compte 70.000 déplacés.

 

Dans cet ordre d’idées, ils font valoir la nécessité d’inclure le caza de Baalbeck-Hermel dans la juridiction du Conseil du Sud, une caisse autonome qui existe depuis au moins trois décennies et qui n’a jamais été réellement auditée.

 

Ils mettent à cette fin une forte pression sur le Premier ministre sortant, Najib Mikati, afin de le convaincre de rejoindre leur position.

Équilibre financier

Le compte 36 du Trésor libanais, qui contient des fonds en livres libanaises, en lollars (dollars bancaires) et en dollars frais, équivaut à environ deux milliards de dollars, calculés sur la base d’un taux de change à 89.500 livres pour un dollar. Il est important de rappeler que cet argent n’a pas été créé ex nihilo. Il provient d’un excédent accumulé par le Trésor sur près de deux ans, reflétant une légère adaptation de l’économie libanaise, toujours exsangue et en lutte pour sa survie depuis le début de la crise multidimensionnelle, en octobre 2019.

 

Dans la conjoncture actuelle, les fonds du compte 36 sont destinés à assurer le fonctionnement des institutions et des établissements publics, au paiement des salaires des fonctionnaires, ainsi qu'à l'achat ponctuel de fuel irakien et d'autres produits de première nécessité. Sachant que les réserves budgétaires sont quasi épuisées, alors qu'il reste encore deux mois avant la fin de l'année financière 2024. Et la situation pourrait encore se détériorer.

 

Dans ce contexte, on dirait que le duopole chiite a une mémoire sélective. Il semble avoir oublié que le FMI a suspendu ses prévisions pour le Liban, en raison de l'escalade du conflit avec Israël en octobre dernier. Les premières estimations prévoient une contraction économique de 9 à 10% pour 2025.

Selon Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, l’escalade récente au Liban représente un facteur majeur d’incertitude pour l'ensemble de la région Mena.

 

La comptabilité publique

 

Interrogé par Ici Beyrouth, le député Razi el-Hajj souligne que l’article 27 de la loi sur la comptabilité publique régit explicitement les dépenses budgétaires de l'État. Il précise que toute dépense publique doit être “prévue et approuvée dans le budget” pour être engagée. Cela signifie que les dépenses imprévues doivent suivre un processus précis d'autorisation, d'engagement et de liquidation pour assurer leur conformité aux lois et règlements en vigueur.

“En substance, cet article établit le cadre juridique pour garantir que les dépenses publiques respectent les crédits budgétaires fixés par la loi de finances annuelle et que l'État ne peut engager des dépenses sans les inscrire préalablement au budget, dit-il.

 

D’ailleurs, dans le contexte de la crise multidimensionnelle que traverse le Liban, le compte 36 du Trésor continue d’être au centre des débats publics et politiques. Des discussions ont lieu concernant sa gestion, sa transparence et l'usage qui en est fait, en raison de préoccupations sur la manière dont ces fonds sont alloués et dépensés.

 

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