D'«automate» à chancelier. L’austère Olaf Scholz, longtemps mal-aimé du Parti social-démocrate, s’apprête à prendre la suite d’Angela Merkel à la tête de l’Allemagne, grâce à son expérience de ministre et d’élu local et à une campagne sans fausse note.
À 63 ans, le grand argentier du gouvernement Merkel va, sauf surprise, être élu mercredi par le Bundestag chancelier de la première économie européenne au terme d’une improbable remontée. Son parti SPD était décrit il y a peu encore comme moribond. Non seulement il a remporté les législatives de septembre, mais réussi sans accroc à mettre sur pied une inédite coalition avec les Verts et Libéraux. Le tout sans faire de vague. Il s’inspire pour cela du style tout en rondeurs de Merkel, jusqu’au mimétisme dans la gestuelle, au point d’être présenté par le quotidien de gauche Taz comme un «variant» de la chancelière.
Cet adepte de la course à pied est parvenu à s’imposer alors qu’il reste assez méconnu des Allemands eux-mêmes.
Il n’existe ainsi aucune biographie du futur chancelier, pourtant ministre à plusieurs reprises et ancien maire de Hambourg, la deuxième ville du pays.
Décrit par le Spiegel comme « l’incarnation de l’ennui en politique », M. Scholz a franchi tous les échelons de l’action publique depuis les années 70.
Né à Osnabrück le 14 juin 1958 d’un père voyageur de commerce et d’une mère au foyer, il est entré dès 1975 au sein du puissant mouvement des Jeunes du SPD, les « Jusos ».
Il a alors les cheveux longs, porte des pulls en laine et participe à nombre de manifestations pacifistes.
Olaf Scholz mène en parallèle des études de juriste et, le crâne désormais lisse, ouvre en 1985 un cabinet d’avocat spécialisé dans le droit du travail.
Il défend notamment les salariés dans de nombreux dossiers, à partir de la réunification allemande en 1990, de privatisation et de démantèlement d’entreprises d’ex-RDA.
Sa carrière va réellement prendre son envol lorsque le social-démocrate Gerhard Schröder arrive à la chancellerie. Elu député en 1998, M. Scholz devient secrétaire général du SPD en 2002.
Son ton monocorde lui fait gagner le surnom de « Scholzomat », une boutade qui déplaît à M. Scholz. « On me posait toujours les mêmes questions et j’y apportais toujours les mêmes réponses », se défend celui qui assure « rire plus souvent que les gens ne pensent ».
« Je suis sobre, pragmatique et déterminé. Mais ce qui m’a poussé à faire de la politique, ce sont les émotions », a-t-il récemment confié à l’hebdomadaire Die Zeit, plaidant pour une « société équitable », dans laquelle « chacun et chacune ait de bonnes perspectives dans sa propre vie ».
La libéralisation du marché du travail dans un pays alors considéré comme « l’homme malade de l’Europe » va diviser la gauche allemande et précipiter la défaite de M. Schröder face à Angela Merkel en 2005.
En 2007, Olaf Scholz rebondit au ministère du Travail. En 2011, ce boulimique de politique – un milieu dont est aussi issue son épouse, Britta Ernst, ministre de l’Education dans la région du Brandebourg – devient maire de Hambourg.
M. Scholz y mène une politique ambitieuse en matière de logements sociaux et de petite enfance, mais se montre dispendieux avec les deniers publics.
Au plan fédéral en revanche, il s’en tient à son credo: « On ne donne que ce que l’on a ».
M. Scholz succède en 2018 au puisant ministère des Finances au très orthodoxe chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble, dont il poursuit la gestion financière inflexible.
on positionnement centriste contribue à le marginaliser au sein même de son parti, au point qu’en 2019, les militants l’écartent de leur présidence.
M. Scholz parvient néanmoins à rebondir à la faveur de la pandémie, n’hésitant pas à rompre avec la doxa budgétaire et à sortir le « bazooka » de la dépense publique.
Malgré le désaveu de 2019, le SPD, un des plus vieux partis européens, le choisit pour défendre ses couleurs, en dépit de plusieurs affaires qui ternissent son passage aux Finances.
À 63 ans, le grand argentier du gouvernement Merkel va, sauf surprise, être élu mercredi par le Bundestag chancelier de la première économie européenne au terme d’une improbable remontée. Son parti SPD était décrit il y a peu encore comme moribond. Non seulement il a remporté les législatives de septembre, mais réussi sans accroc à mettre sur pied une inédite coalition avec les Verts et Libéraux. Le tout sans faire de vague. Il s’inspire pour cela du style tout en rondeurs de Merkel, jusqu’au mimétisme dans la gestuelle, au point d’être présenté par le quotidien de gauche Taz comme un «variant» de la chancelière.
Cet adepte de la course à pied est parvenu à s’imposer alors qu’il reste assez méconnu des Allemands eux-mêmes.
Il n’existe ainsi aucune biographie du futur chancelier, pourtant ministre à plusieurs reprises et ancien maire de Hambourg, la deuxième ville du pays.
«Ennui»
Décrit par le Spiegel comme « l’incarnation de l’ennui en politique », M. Scholz a franchi tous les échelons de l’action publique depuis les années 70.
Né à Osnabrück le 14 juin 1958 d’un père voyageur de commerce et d’une mère au foyer, il est entré dès 1975 au sein du puissant mouvement des Jeunes du SPD, les « Jusos ».
Il a alors les cheveux longs, porte des pulls en laine et participe à nombre de manifestations pacifistes.
Olaf Scholz mène en parallèle des études de juriste et, le crâne désormais lisse, ouvre en 1985 un cabinet d’avocat spécialisé dans le droit du travail.
Il défend notamment les salariés dans de nombreux dossiers, à partir de la réunification allemande en 1990, de privatisation et de démantèlement d’entreprises d’ex-RDA.
Sa carrière va réellement prendre son envol lorsque le social-démocrate Gerhard Schröder arrive à la chancellerie. Elu député en 1998, M. Scholz devient secrétaire général du SPD en 2002.
Boutade
Son ton monocorde lui fait gagner le surnom de « Scholzomat », une boutade qui déplaît à M. Scholz. « On me posait toujours les mêmes questions et j’y apportais toujours les mêmes réponses », se défend celui qui assure « rire plus souvent que les gens ne pensent ».
« Je suis sobre, pragmatique et déterminé. Mais ce qui m’a poussé à faire de la politique, ce sont les émotions », a-t-il récemment confié à l’hebdomadaire Die Zeit, plaidant pour une « société équitable », dans laquelle « chacun et chacune ait de bonnes perspectives dans sa propre vie ».
La libéralisation du marché du travail dans un pays alors considéré comme « l’homme malade de l’Europe » va diviser la gauche allemande et précipiter la défaite de M. Schröder face à Angela Merkel en 2005.
En 2007, Olaf Scholz rebondit au ministère du Travail. En 2011, ce boulimique de politique – un milieu dont est aussi issue son épouse, Britta Ernst, ministre de l’Education dans la région du Brandebourg – devient maire de Hambourg.
M. Scholz y mène une politique ambitieuse en matière de logements sociaux et de petite enfance, mais se montre dispendieux avec les deniers publics.
«Bazooka»
Au plan fédéral en revanche, il s’en tient à son credo: « On ne donne que ce que l’on a ».
M. Scholz succède en 2018 au puisant ministère des Finances au très orthodoxe chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble, dont il poursuit la gestion financière inflexible.
on positionnement centriste contribue à le marginaliser au sein même de son parti, au point qu’en 2019, les militants l’écartent de leur présidence.
M. Scholz parvient néanmoins à rebondir à la faveur de la pandémie, n’hésitant pas à rompre avec la doxa budgétaire et à sortir le « bazooka » de la dépense publique.
Malgré le désaveu de 2019, le SPD, un des plus vieux partis européens, le choisit pour défendre ses couleurs, en dépit de plusieurs affaires qui ternissent son passage aux Finances.
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