Trump 2 et Moyen-Orient: règlement ou complications en vue?

Si certains pensent que la solution à deux États mettra fin au conflit israélo-palestinien et qu’elle est à portée de main, ils se méprennent ou n’appréhendent pas les dynamiques complexes de ce conflit.

Cette illusion ne découle pas uniquement du manque d’intérêt apparent du président élu, Donald Trump, pour cette solution, contrairement aux déclarations répétées du président sortant, Joe Biden, qui passe ses derniers jours à la Maison-Blanche. En effet, Israël, principal acteur du conflit, reste réticent à l’accepter, la jugeant incompatible avec l’essence même de son existence. Autrement dit, l’idée d’un État palestinien indépendant est perçue par Israël comme une menace existentielle, rendant encore plus improbable toute avancée vers une résolution.

L’administration démocrate sortante a certes réaffirmé son soutien à la solution à deux États, mais il s’agissait davantage d’une déclaration de principe que d’une véritable stratégie sur le terrain. En pratique, Joe Biden n’a pas réussi à convaincre Israël de s’engager dans cette voie, ni à relancer les négociations, et il a échoué à obtenir un cessez-le-feu lors de la récente guerre dévastatrice contre Gaza.

Quant à Donald Trump, dans sa version 2.0, supposément différente, il semble peu probable qu’il fasse pression sur Israël pour démanteler les colonies en Cisjordanie et évacuer près de 800.000 colons pour permettre la création d’un État palestinien.

Contrairement à Biden, qui, malgré ses déclarations sionistes affirmant que les États-Unis auraient inventé Israël s’il n’existait pas, a tout de même soutenu le principe de deux États, Trump paraît résolu à privilégier exclusivement la sécurité et les intérêts d’Israël, au détriment des droits palestiniens. 

Les récents événements, marqués par une succession rapide de tensions, montrent que la marginalisation de la question palestinienne est vouée à l’échec. Les accords de normalisation n’ont pas apporté la stabilité au Moyen-Orient; ils ont plutôt exacerbé les divisions au sein du monde arabe sans répondre aux revendications palestiniennes. En réalité, Israël est le seul bénéficiaire de ces accords.

Si les États-Unis souhaitent véritablement une solution durable, ils ne peuvent ignorer les droits des Palestiniens, à condition que la solution à deux États reste encore viable. Cela impliquerait de traiter cette question avec un Israël dirigé par une extrême droite hostile à tout règlement pacifique et envisageant l’expulsion des Palestiniens sans leur accorder de droits.

Depuis les événements du 7 octobre, le peuple israélien s’est rallié autour de son gouvernement, adoptant des positions encore plus radicales et rejetant toute solution diplomatique ou pacifique. Le niveau de haine a atteint des sommets inédits, aggravant la situation déjà explosive en Cisjordanie après la crise à Gaza.

Aujourd’hui, la situation au Moyen-Orient est particulièrement complexe et tendue. Les États-Unis, bien qu’étant les seuls capables de freiner les ambitions de redécoupage géopolitique, semblent encourager le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans cette voie. Israël continue de pousser Washington à s’engager dans ses conflits et ses aventures déstabilisatrices; il serait peut-être temps pour les États-Unis de réévaluer leur soutien aveugle.

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