Diabète sucré, une maladie au goût amer
©Ici Beyrouth

La prévalence du diabète ne cesse d’augmenter à l’échelle mondiale. Cette pathologie touche aujourd’hui environ 828 millions de personnes. Responsable de près de 2 millions de décès chaque année, elle peut entraîner des complications graves, voire la mort. Bien qu’aucun remède approuvé ne soit disponible, des avancées scientifiques et cliniques suscitent l’espoir d’une meilleure gestion de la maladie et, potentiellement, d’une guérison.

Le diabète est une maladie chronique caractérisée par des concentrations anormalement élevées de glucose dans le sang. Souvent silencieuse, cette pathologie affecte principalement les vaisseaux sanguins. En effet, une hyperglycémie mal contrôlée engendre des lésions progressives au niveau des parois de ces derniers, touchant particulièrement les petites artères (on parle alors de microangiopathie), ainsi que les grandes artères (on parle alors de macroangiopathie). L’atteinte vasculaire favorise, à son tour, le développement de complications graves, telles que des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux (ou AVC), des rétinopathies (atteinte des vaisseaux de la rétine) et les néphropathies (atteinte des petits vaisseaux du rein). De ce fait, le diabète constitue un problème majeur de santé publique à l’échelle mondiale.

Évolution préoccupante

Selon une étude parue le 13 novembre dans The Lancet, environ 828 millions d'adultes dans le monde vivaient avec un diabète sucré en 2022, un chiffre significativement supérieur aux 200 millions estimés au début des années 1990. Cette évolution préoccupante, voire alarmante, s'est particulièrement accentuée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui ont enregistré les taux de prévalence les plus élevés au monde cette année-là. Le rapport cite, entre autres, des pays de l'Asie du Sud (comme le Pakistan) et du Sud-Est (comme la Malaisie), ainsi que du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (comme l'Égypte), et de l'Amérique latine et des Caraïbes (comme le Costa Rica). En revanche, la prévalence la plus faible au monde en 2022 a été observée en Europe de l'Ouest et en Afrique de l'Est pour les deux sexes, ainsi qu'au Japon et au Canada pour les femmes.

Inégalités d’accès aux soins

Les inégalités d'accès aux soins demeurent l'un des principaux défis associés à cette maladie. Selon les données publiées par The Lancet, près de 445 millions d'adultes diabétiques, âgés de plus de 30 ans, soit environ 59% de la population diabétique dans cette tranche d'âge, ne recevaient aucun traitement hypoglycémiant en 2022. Ce chiffre représente une augmentation de 3,5 fois par rapport à 1990. Parmi ces patients non traités, 30% résidaient en Inde. Tandis que des progrès notables ont été réalisés dans certains pays, notamment au Mexique, en Europe de l'Est et en Asie du Sud-Est, les pays d'Afrique subsaharienne et d'Asie du Sud n'ont pas vu d'amélioration significative de la couverture des traitements, créant ainsi un écart alarmant entre la prévalence de la maladie et son traitement effectif.

Le diabète est classé en deux types principaux: le type 1, souvent diagnostiqué dès l'enfance en raison d'un manque total d'insuline, et le type 2, principalement causé par la résistance à l'insuline et associé à des facteurs de risque liés au mode de vie, tels que le tabac, l’obésité et une alimentation déséquilibrée. Les patients atteints de diabète de type 1 dépendent essentiellement de l’insulinothérapie. En revanche, le traitement pharmacologique du diabète de type 2 fait surtout appel aux antidiabétiques oraux. L’utilisation de l’insuline peut également être nécessaire chez ces patients, lorsqu’une insulinopénie (c’est-à-dire quand l'insuline n'est plus produite en quantité suffisante par le pancréas) se développe au cours de l’évolution de la maladie.

Septième cause de décès

Un diabète non contrôlé peut entraîner des complications potentiellement graves, telles que la cécité, l'insuffisance rénale, des maladies cardiovasculaires et des amputations majeures. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette maladie endocrinienne est responsable de près de 2 millions de décès par an dans le monde, dont près de la moitié surviennent avant l'âge de 70 ans. Par ailleurs, l'OMS prévoit que, d’ici 2030, le diabète deviendra la septième cause de décès dans le monde. “Pour maîtriser l'épidémie mondiale de diabète, les pays doivent agir de toute urgence. Cela commence par l’adoption de politiques soutenant une alimentation saine et l'activité physique, et, surtout, par la mise en place de systèmes de santé garantissant la prévention, le dépistage précoce et le traitement”, indique le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, dans un communiqué publié le 13 novembre, à l’occasion de la journée mondiale du diabète, célébrée le 14 novembre.

Prévention et gestion

La prévention et la gestion du diabète reposent sur plusieurs piliers fondamentaux. Un mode de vie sain, incluant une alimentation équilibrée, un exercice physique régulier et le maintien d'un poids normal, est crucial pour prévenir le diabète de type 2. Le dépistage précoce, associé à un traitement approprié, permet en outre de réduire les risques de complications. De plus, la gestion des comorbidités et un suivi médical constant sont indispensables pour prévenir l'aggravation de la maladie. “L'insuline n'est pas un remède contre le diabète, c'est un traitement”, avait précisé Frederick Banting, lauréat du prix Nobel 1923 pour sa codécouverte de l’insuline. Si aucun remède n’a pour le moment été approuvé, deux cas de rémission ont été recensés cette année.   

Dans une étude publiée le 31 octobre 2024 dans Cell, Wang et al. rapportent avoir transplanté avec succès des îlots producteurs d'insuline dans les muscles abdominaux d'une patiente atteinte de diabète de type 1. Les îlots provenaient de cellules souches reprogrammées prélevées sur le corps de la patiente. Deux mois et demi plus tard, celle-ci produisait suffisamment d'insuline pour vivre sans avoir besoin d’un traitement médical et elle a maintenu ce niveau de production pendant plus d'un an. Cette étude fait suite à celle d’un autre groupe de chercheurs qui avaient également publié les résultats d’une transplantation réussie d'îlots dans le foie d’un homme de 59 ans atteint de diabète de type 2. Selon le rapport, publié le 30 avril dans Cell Discovery, ses besoins en insuline ont diminué progressivement à la suite de l’intervention, disparaissant totalement à la 11e semaine, tandis que la dose des antidiabétiques oraux a été réduite à partir de la 44e semaine, puis arrêtée à la 56e semaine.

Les cellules souches représenteront-elles l'espoir de guérison pour les millions de patients diabétiques? Seul le temps et les avancées scientifiques nous le révéleront.

 

“La Journée mondiale du diabète a vu le jour en 1991 à l’initiative de la Fédération internationale du diabète et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est célébrée chaque année le 14 novembre, date d’anniversaire du médecin et scientifique canadien Frederick Banting (1891-1941), qui avait découvert l’insuline avec son confrère Charles Best en 1922. La Journée mondiale du diabète est devenue une journée officielle des Nations unies en 2006, avec l’adoption de la résolution 61/225 par l'Assemblée générale de l'ONU.” Texte tiré du site Web des Nations unies
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