Assurer le sang aux patients: un véritable parcours du combattant!
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Une seule poche de sang peut suffire à sauver la vie d’un patient, qui pourrait succomber si elle ne lui est pas administrée à temps. Ce constat, loin d’être une simple théorie, reflète une réalité alarmante. Aujourd’hui, les patients et leurs familles se heurtent à une véritable épreuve pour sécuriser une poche de sang, confrontés à des prix en hausse et des disparités tarifaires entre établissements hospitaliers. Le sang, devenu une ressource rare et hors de portée pour beaucoup, alimente une industrie lucrative entre les mains de certains propriétaires d’hôpitaux et de laboratoires privés.

Les coûts des unités de sang et de plasma varient considérablement, selon les hôpitaux et les banques de sang, entre 100 et 130 dollars selon le groupe sanguin. Pour les groupes rares, les tarifs peuvent monter jusqu’à 200 dollars. En cas d’urgence ou d’accidents graves, les prix explosent. À titre de comparaison, les hôpitaux publics proposent ces poches de sang, lorsqu'elles sont disponibles, à des tarifs plus abordables, allant de 13 à 20 dollars. Quant aux plaquettes sanguines, leur acquisition exige des centaines de dollars, rendant leur accessibilité encore plus limitée.

Fouad (nom d’emprunt), père d’une fillette atteinte de cancer nécessitant des transfusions régulières, confie qu’il doit souvent payer entre 100 et 120 dollars par unité. Récemment, lorsque l’état de sa fille s’est dégradé dans un hôpital à Sarafand, l’administration lui a réclamé 300 dollars pour trois unités provenant de l’extérieur, faute de stock. Ne pouvant s’acquitter de cette somme, il a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux pour trouver du sang, mais en vain. Il a alors dû emprunter de l’argent auprès de sa famille pour régler l’hôpital. Cette épreuve illustre une réalité à laquelle de nombreux citoyens sont malheureusement confrontés chaque jour.

Partant, on en vient à se demander: qui porte la responsabilité de cette crise qui aggrave encore les souffrances des malades? Pourquoi les citoyens doivent-ils payer des sommes si exorbitantes pour une ressource aussi vitale? Et comment expliquer de tels écarts de prix? Y a-t-il réellement une pénurie de sang au Liban?

Selon Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés, il n’y aurait pas de pénurie. Lorsque les stocks de la Croix-Rouge diminuent, des appels au don sont lancés, mais cela ne signifie pas une rupture totale de l’approvisionnement.

Il souligne que le prix d’une unité de sang devrait être fixé à 60 dollars, ce tarif incluant les tests de laboratoire nécessaires qui garantissent la sécurité de son utilisation. En revanche, pour les plaquettes, les coûts sont beaucoup plus élevés en raison de l’utilisation de machines spécialisées telles que les appareils de plasmaphérèse, ainsi que de filtres et de médicaments, rendant le processus complexe et coûteux.

De son côté, Georges Kettaneh, secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, explique que les prix des unités de sang sont déterminés par les hôpitaux privés et le ministère de la Santé. La Croix-Rouge, quant à elle, distribue gratuitement le sang après l’avoir rigoureusement testé.

Par ailleurs, il déplore la baisse du nombre de donneurs, un problème qui persiste et complique l'approvisionnement. Malgré cette difficulté, la Croix-Rouge poursuit sa mission en fournissant entre 50.000 et 60.000 unités par an, alors que le besoin réel dépasse les 120.000 unités nécessaires pour satisfaire les demandes des hôpitaux.

Kettaneh appelle donc à une mobilisation accrue pour le don de sang, en insistant sur l’importance de constituer des listes de donneurs réguliers, afin de garantir un approvisionnement constant et de répondre aux besoins, autant que faire se peut.

 

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