Après le mandat de la CPI, Netanyahou entre ostracisme et soutien indéfectible
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ©Ici Beyrouth

La décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ce jeudi a suscité des réactions contrastées à travers le monde. Tandis que certains pays saluent une avancée majeure en faveur de la justice internationale et des droits de l’homme, d'autres dénoncent une démarche politisée et partiale visant à affaiblir Israël.

Israël dénonce un acte "antisémite"
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a qualifié de "décision antisémite" l'émission par la CPI d'un mandat d'arrêt international à son encontre et contre son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, s'estimant victime d'un nouveau "procès Dreyfus". M. Gallant a dénoncé un "dangereux précédent" qui "encourage le terrorisme".

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog.

Pour les Palestiniens, une “étape pour la justice”
"Il s'agit d'une étape importante vers la justice, qui peut permettre aux victimes d'obtenir réparation, mais elle reste modeste et symbolique si elle n'est pas pleinement soutenue par tous les pays du monde", a déclaré Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, dans un communiqué, sans mentionner le mandat d'arrêt concomitant visant Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien.

L'Autorité palestinienne a évoqué un "signe d'espoir".

Liban
Le ministère libanais des Affaires étrangères s'est félicité des mandats d'arrêt délivrés à l'encontre de MM. Netanyahou et Gallant, déclarant que “cette importante décision judiciaire rétablit la légitimité internationale et le concept de justice et de droit international”.

Il a ajouté qu'elle “fournit un parapluie de confiance et de sécurité pour les peuples du monde entier, avec la présence d'institutions et de tribunaux internationaux efficaces et crédibles”.

États-Unis
Le président américain Joe Biden a qualifié de "scandaleux" les mandats d'arrêt: "Quoi que puisse sous-entendre la CPI, il n'y a pas d'équivalence, aucune, entre Israël et le Hamas".

Union européenne
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé que les mandats d'arrêt devaient être "respectés et appliqués".

France
La France “prend acte” des mandats d'arrêt émis jeudi par la CPI.

“Fidèle à son engagement de longue date en faveur de la justice internationale”, Paris “rappelle son attachement au travail indépendant de la Cour”, souligne le ministère dans un communiqué, sans préciser explicitement si la France, qui est l'un des 124 États membres de la CPI, arrêterait les intéressés s'ils se rendaient sur son territoire.

Italie
Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a déclaré que l'Italie serait obligée d'arrêter le Premier ministre israélien ou son ancien ministre en cas de visite dans le pays.

"Nous soutenons la CPI, tout en rappelant que la Cour doit avoir un rôle juridique et non un rôle politique", a réagi le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, de manière plus prudente.

Espagne
"L’Espagne respecte la décision de la CPI et se conformera à ses engagements et obligations en vertu du Statut de Rome et du droit international", ont déclaré des sources officielles à l'AFP.

Belgique
"Les responsables de crimes commis en Israël et à Gaza doivent être poursuivis au plus haut niveau, qui qu'ils soient", a déclaré le ministère belge des Affaires étrangères sur X.

Pays-Bas
Le chef de la diplomatie néerlandaise, Caspar Veldkamp, a déclaré que les Pays-Bas se conformeraient en principe à la décision de la CPI si l'une des personnes visées se rendait dans le pays.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a exprimé sa "déception" et a indiqué qu'une visite prévue de M. Veldkamp en Israël serait reportée.

La Haye a cependant expliqué ce report par le fait que le déplacement, non annoncé, avait été révélé par un député au Parlement.

Autriche
Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, a déclaré que ces mandats d'arrêt étaient "incompréhensibles". "Il paraît absurde de placer sur le même plan les membres d'un gouvernement élu démocratiquement et le dirigeant d'une organisation terroriste".

Argentine
Ces mandats d'arrêt de la CPI "ignorent le droit légitime d'Israël à se défendre face aux attaques constantes d'organisations terroristes", a estimé la présidence argentine dans un communiqué.

Turquie
"La décision de la CPI arrive tard, mais c'est une décision positive pour faire cesser le massacre et mettre fin au génocide en Palestine", a déclaré sur X le ministre turc de la Justice, Yilmaz Tunç.

Hongrie
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, a annoncé vendredi inviter son homologue israélien Benjamin Netanyahou pour protester contre le mandat d'arrêt de la CPI.

"Nous n'avons pas d'autre choix que de défier cette décision. Plus tard dans la journée, je vais inviter M. Netanyahou à venir en Hongrie, où je peux lui garantir que le jugement de la CPI n'aura pas d'effet", a-t-il déclaré dans une interview sur la radio d'État.

Irlande
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou serait arrêté s'il venait en Irlande après le mandat d'arrêt émis jeudi par la CPI, a déclaré vendredi le chef du gouvernement irlandais, Simon Harris.

À la télévision publique RTE, qui lui demandait si l'Irlande, membre de la CPI, arrêterait le dirigeant israélien en cas de visite, M. Harris a répondu: “Oui, absolument”.

Allemagne
Berlin a promis vendredi un “examen consciencieux” des suites à donner aux mandats d'arrêt de la CPI contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense, sans dire à ce stade si l'Allemagne appliquerait ces décisions.

“Nous examinerons consciencieusement” les mesures à prendre, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, dans un communiqué.

Il souligne que "l'Allemagne a participé à l'élaboration du statut de la CPI et est l'un des plus grands soutiens de la CPI".

Mais la position allemande, souligne M. Hebestreit, "est également le résultat de l'histoire allemande" marquée par la Shoah, l'extermination systématique des Juifs sous le régime nazi.

En conséquence, l'Allemagne a "des relations uniques et une grande responsabilité envers Israël", ajoute le porte-parole.

Le gouvernement allemand tiendra compte de "ces deux conditions" pour déterminer l'attitude à adopter.

(Avec AFP)

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