Le gouvernement israélien a approuvé dimanche une décision visant à rompre tous les liens avec le journal israélien de gauche Haaretz, selon un article publié par ce dernier.
D'après un communiqué du bureau du ministre des Communications, Shlomo Karhi, cette mesure a été motivée par “de nombreux articles nuisant à la légitimité de l’État d’Israël dans le monde et à son droit à la légitime défense”1. Celui-ci affirme que cette décision fut rendue au regard “des récentes déclarations du rédacteur en chef de Haaretz”, Amos Schocken.
Ce dernier aurait exprimé son soutien au “terrorisme” et “appelé à des sanctions contre le gouvernement”, précise le communiqué.
Karhi a déclaré: “Nous ne pouvons pas permettre une réalité où le directeur d’un journal officiel de l’État d’Israël appelle à des sanctions contre lui et soutient les ennemis de l’État en pleine guerre, tandis que des organismes internationaux portent atteinte à la légitimité d’Israël, à son droit à la légitime défense et imposent en fait des sanctions contre l’État et ses dirigeants.”
Commentaires controversés
Les commentaires controversés de Schocken ont été faits lors d'une conférence organisée par Haaretz à Londres, le 27 octobre. Il aurait qualifié les combattants palestiniens de “combattants de la liberté”, accusé le gouvernement israélien d'”apartheid” en Cisjordanie occupée et à Gaza, et affirmé que les Forces de défense israéliennes menaient une “deuxième nakba”, terme utilisé par les Arabes pour désigner la création de l’État moderne d’Israël en 1948.
En réaction, plusieurs ministères israéliens, notamment les Affaires étrangères, l’Éducation, la Culture et les Sports, ainsi que les Affaires de la diaspora, ont annoncé la rupture de leurs liens commerciaux avec Haaretz. La décision du cabinet, prise dimanche, a officialisé cette rupture, suspendant toute publicité financée par l’État, les abonnements et autres liens financiers avec le journal.
Cela aurait porté un coup financier important à Haaretz, qui a perdu des centaines d’abonnés après les déclarations de Schocken. Selon Walla News, des réunions internes au journal ont rapporté “une forte hausse des annulations et une baisse importante des revenus publicitaires”, une des crises financières les plus sévères depuis des années.
Par ailleurs, le ministre de la Justice, Yariv Levin, travaille sur une législation visant à criminaliser les appels lancés par des citoyens israéliens en faveur de sanctions internationales contre Israël. Si elle est adoptée, cette loi prévoit des peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour toute personne défendant publiquement de telles sanctions contre Israël, ses dirigeants, ses forces de sécurité ou ses citoyens.
Levin a soutenu que ces actions équivalaient à “encourager des démarches visant à nier le droit d’Israël à se défendre”, une offense particulièrement grave en temps de conflit existentiel et alors que des citoyens israéliens sont détenus par des “groupes terroristes”.
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