Le secrétaire général des Nations unies a dénoncé lundi la "menace renouvelée" des mines antipersonnel, quelques jours après que les États-Unis ont déclaré qu'ils fourniraient ces armes aux forces ukrainiennes qui luttent contre l'invasion russe.
Ces remarques ont eu lieu lors d'une conférence tenue au Cambodge, destinée à évaluer les progrès concernant la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué le travail de déminage et de destruction des mines dans le monde entier.
"Mais la menace persiste" a-t-il nuancé dans un communiqué. "Il s'agit notamment de la reprise de l'utilisation des mines antipersonnel par certaines parties à la Convention, ainsi que du retard pris par certaines parties dans leurs engagements de détruire ces armes".
M. Guterres a appelé les 164 signataires - dont fait partie l'Ukraine, mais pas la Russie et les États-Unis - à "remplir leurs obligations et garantir le respect de la Convention".
Les remarques de M. Guterres ont été prononcées par la sous-secrétaire générale de l'ONU, Armida Salsiah Alisjahbana.
L'AFP a contacté son bureau et un porte-parole de M. Guterres pour demander si ces remarques visaient l'Ukraine en particulier, mais sans réponse dans l'immédiat.
Par ailleurs, la délégation ukrainienne présente à la conférence n'a pas répondu aux questions de l'AFP concernant les fournitures de mines provenant des États-Unis.
La semaine dernière, Washington a annoncé que les États-Unis enverraient des mines à Kiev, ce qui a été immédiatement critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme.
L'administration américaine sortante du président Joe Biden tente de donner un avantage décisif à l'Ukraine avant que le nouveau président américain élu, Donald Trump, ne prenne ses fonctions en janvier.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que ces mines étaient "très importantes" afin de mettre fin aux attaques de la Russie.
"Cadeau mortel"
Tout transfert de mines à l'Ukraine "laissera un héritage mortel pour les civils ukrainiens pour les générations à venir", a déploré Tamar Gabelnick, directrice de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel (International Campaign to Ban Landmines, ICBL), un réseau d'ONG œuvrant à l'éradication des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions.
"L'ICBL appelle les États-Unis à revoir leur plan de transférer des mines antipersonnel à l'Ukraine, et le gouvernement ukrainien à honorer ses obligations en vertu du droit international et à rejeter ce cadeau mortel", a ajouté Mme Gabelnick dans un communiqué envoyé à l'AFP.
La conférence se tient au Cambodge, l'un des pays les plus minés au monde, victime d'une guerre civile qui a duré plus de 30 ans à partir des années 1960.
Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a déclaré à la conférence que son pays devait encore déminer 1.600 km² de terrain, ce qui altère le mode de vie de plus d'un million de personnes.
Depuis 1979, environ 20.000 personnes ont été tuées au Cambodge par des mines et autres munitions non explosées, tandis que le double ont été blessées.
L'ICBL a déclaré mercredi qu'au moins 5.757 personnes avaient été victimes de mines et de restes explosifs de guerre dans le monde l'année dernière. Et 1.983 d'entre elles ont été tuées.
Les civils représentent 84% de toutes les victimes enregistrées, selon l'ICBL.
Avec AFP
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