Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a levé la loi martiale mardi et annoncé le retrait de l’armée après l’avoir proclamée quelques heures auparavant. Il a qualifié l’opposition majoritaire au Parlement de "forces hostiles à l’État" et a déclaré agir pour protéger le pays des menaces émanant de la Corée du Nord.
Sa décision, qui a suscité l'inquiétude dans le monde, a été contestée dans la foulée par un vote de l'Assemblée nationale, devant laquelle des manifestants se sont rassemblés à son appel.
"Pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l'État (...), je déclare la loi martiale", avait annoncé le président en direct dans une allocution télévisée surprise.
Toutes les activités politiques ont été interdites et les médias ont été placés sous la surveillance du gouvernement, a déclaré le chef de l'armée Park An-su dans un communiqué. Des hélicoptères ont atterri sur le toit du parlement à Séoul, d'après des images en direct diffusées par les chaînes de télévision.
Le chef de l'opposition sud-coréenne Lee Jae-myung a qualifié la loi martiale d'"illégale" et a appelé la population à se rassembler devant le parlement en signe de protestation.
"L'imposition illégale de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol est invalide", a déclaré M. Lee, qui a perdu de justesse face à Yoon lors des élections de 2022. "Venez à l'Assemblée nationale maintenant. Je m'y rends également", a-t-il ajouté.
"Ouvrez la porte !"
Des centaines de personnes ont entendu son appel, affluant devant le Parlement, à partir d'une heure du matin (16H00 GMT), chantant "Arrêtez Yoon Suk Yeol".
Quelque 190 députés sont parvenus à entrer dans l'Assemblée, après en avoir été brièvement empêchés par des soldats qui ont fini par quitter les lieux. Ils ont voté à l'unanimité en faveur d'une motion bloquant l'application de la loi martiale et appelant à sa levée.
"Sur les 190 députés présents, 190 se sont prononcés en faveur de la résolution demandant la levée de la loi martiale, qui est donc adoptée", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Woo Won-shik.
"L'armée fera respecter la loi martiale jusqu'à sa levée par le président", a immédiatement réagi l'état-major selon des médias locaux.
Les Nations-Unies, les États-Unis et le Royaume-Uni ont dit leur inquiétude, tandis que la Chine a appelé ses concitoyens en Corée du Sud à la "prudence". Le Kremlin, qui a resserré ses liens avec la Corée du Nord pour soutenir sa guerre contre l'Ukraine, a jugé la situation "alarmante".
La Maison Blanche a affirmé ne pas avoir été informée à l'avance des intentions du président sud-coréen.
"Nous observons avec une grande inquiétude les récents développements" en Corée du Sud, a déclaré Kurt Campbell, adjoint du secrétaire d'Etat américain.
"Refuge de criminels"
Le Parti du Pouvoir au Peuple de M. Yoon bataille avec le principal parti d'opposition, le Parti Démocrate, sur le projet de budget de l'année prochaine.
Les députés de l'opposition ont approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.
"Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral", a affirmé M. Yoon pour justifier l'instauration de la loi martiale.
Il a accusé les élus de l'opposition de couper "tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation qui sont la lutte contre les crimes liés à la drogue et le maintien de la sécurité publique (...) transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique".
Avec AFP
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