Emmanuel Macron achève mercredi sa visite d'État en Arabie saoudite dans l'oasis d'Al-Ula, un projet touristique emblématique du royaume, loin de la crise politique qui secoue la France.
À l'heure où le gouvernement pourrait tomber à Paris, le président français sera sur le chemin du retour, avec une arrivée prévue en début de soirée en France.
Après un volet politique lundi puis économique mardi, place à la diplomatie du patrimoine avec la participation française à ce mégaprojet de 20 milliards de dollars dont Riyad entend faire une perle du Moyen-Orient. La France et l'Arabie saoudite ont signé en 2018 un accord de dix ans pour le développement touristique et culturel de la région d'Al-Ula (Nord-Ouest). C'est un des axes du projet "Vision 2030", un immense projet de réformes de l'Arabie saoudite piloté par le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS).
Ce projet prévoit la création, sur un site de la taille de la Belgique, d'un complexe archéologique, culturel et touristique, avec musées, hôtels, tramway et périphérique. Le tout dans un décor à couper le souffle de sable jaune, canyons, falaises de grès et plateaux basaltiques d'aspect lunaire.
Contrats
Emmanuel Macron sera accompagné de la ministre de la Culture Rachida Dati et du président de l'Agence française pour le développement d'Al-Ula, l'ex-ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Depuis 2018, quelque 2,3 milliards d’euros de contrats ont été signés, pour l'essentiel avec des entreprises françaises, selon une source proche du dossier.
Alstom s’est vu confier la construction d'une ligne de tramway longue de 22,5 kilomètres. Thales assurera la surveillance 24 heures sur 24 de sept des sites publics.
Le Centre Pompidou a signé pour sa part un accord pour la création d'un musée d'art contemporain consacré aux artistes du monde arabe.
L'Arabie saoudite multiplie les investissements dans la mode et le tourisme, alors même que la guerre qui oppose Israël au mouvement palestinien Hamas dans la bande de Gaza réduit les perspectives de croissance économique pour l'ensemble de la région.
Al-Ula, c'est 7.000 ans d'histoire, sur les traces notamment des Nabatéens qui y ont élargi leur territoire depuis Petra, aujourd'hui en Jordanie.
"Partenaire fiable"
Ce sont aussi les califats omeyyade et abbasside, les Ottomans. Civilisations islamiques qui ont longtemps méprisé et foulé aux pieds les anciennes civilisations païennes.
Pendant des siècles, l'oasis a été le point de passage des caravanes sur la route de l'encens qui reliait l’Asie, l’Afrique et l'Europe.
Avec Al-Ula le royaume entend remettre la lumière sur son passé pré-islamiques et redorer son image, ternie par la répression de toute dissidence.
Dans un récent rapport, le Sénat français a présenté un bilan en demi-teinte du partenariat, notamment la création d’un fonds de dotation pour le patrimoine français dont le montant s'annonce beaucoup plus faible que les 800 millions initialement escomptés.
Il prévoit pour l'heure 50 millions d’euros de contribution aux travaux de rénovation du Centre Pompidou.
Mardi, Emmanuel Macron a martelé à Riyad, la capitale saoudienne, que la France était un "partenaire fiable", malgré ses secousses politiques, et annoncé une volonté commune "d'avancer" sur la vente de chasseurs Rafale à la puissante monarchie du Golfe.
Lundi, il a signé avec le prince héritier et dirigeant de facto du pays un partenariat stratégique destiné à renforcer la coopération tous azimuts, de la défense à l'économie du futur.
Les deux dirigeants ont aussi convenu "de fournir tous les efforts pour contribuer à la désescalade" au Moyen-Orient, de Gaza au Liban.
Avec AFP
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