Les enseignants retraités des écoles privées, qui auraient dû toucher leurs pensions de retraite multipliées par neuf, risquent de se retrouver, à la fin du mois, avec leurs anciens salaires, en raison du non-paiement des cotisations au Fonds de compensation par les écoles privées. Ils percevront donc, à la fin du mois, leurs anciens salaires. Face à cette situation, le président du syndicat des enseignants, Nehmé Mahfoud, a exprimé son mécontentement lors d’une interview exclusive pour Ici Beyrouth. Il a déclaré:
“Il est regrettable que les institutions privées aient manqué à leurs engagements lors de notre dernière réunion au ministère de l’Éducation, ce qui nous oblige à intensifier nos actions en faveur des enseignants retraités. Il est inadmissible, sur le plan humain, de les laisser dans une telle détresse, sans aucun soutien, après avoir dédié plus de 40 ans de service à ces institutions.”
Et d’ajouter: “Les institutions s’étaient engagées à régler les cotisations. Et même si la publication du décret avait pris du retard, elles n’ont pas tenu leur promesse. À l’approche des fêtes et un an après la guerre dévastatrice, cette situation est intolérable. Cela nous contraindra à prendre des mesures que nous souhaitons éviter, car nous tenons à la réussite de l’année scolaire, dans ces conditions déjà précaires. Nous avons été les premiers à plaider pour l’ouverture des écoles dans les zones sûres et l’éducation des enfants déplacés, mais cela ne doit pas se faire au détriment des enseignants retraités.”
Lors d’une conférence de presse tenue au siège du syndicat, Mahfoud a pointé du doigt le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le ministre sortant de l’Éducation, Abbas Halabi, ainsi que le secrétaire général des écoles catholiques du Liban, le père Youssef Nasr, concernant la question des enseignants retraités qui n’ont pas perçu de salaires depuis cinq ans. Il a exigé que les écoles privées s’acquittent des cotisations au fonds d’ici une semaine, exprimant son étonnement quant au fait que “les cotisations aient été prélevées sur les salaires des enseignants pour les mois d’octobre et novembre sans être versées au fonds”.
Cette crise, loin d’être récente, a été soulevée par le président du syndicat des enseignants dès le début de la crise économique et a été une priorité depuis sa réélection, notamment après les pertes subies par les enseignants auprès des banques et leur incapacité de bénéficier des anciennes cotisations, calculées selon un barème obsolète, au cours de toutes ces années. Le gouvernement n’a pas donné suite à la demande de prêt pour combler le déficit, et l’an dernier, M. Mikati a rejeté la loi de financement du fonds. Ainsi, le fonds est actuellement en grande difficulté financière, et il devient urgent de trouver une solution de financement, que ce soit par un prêt ou par une augmentation des contributions et déductions des écoles et des salaires des enseignants.
Comme souvent, l’État libanais n’intervient que lorsqu’une catastrophe survient. Après avoir négligé la situation des enseignants retraités, il semble peu probable qu’il s’occupe des enseignants en activité et de leurs indemnités dans un avenir proche. Bien que le syndicat des enseignants défende ce fonds depuis des années, les autorités ont, hélas, fait la sourde oreille.
Nous nous dirigeons donc vers une nouvelle grève qui menace de perturber le déroulement de l'année scolaire. Le début de la prochaine année scolaire sera-t-il de nouveau compromis? Sommes-nous sur le point de faire face à une crise supplémentaire qui s’ajouterait aux nombreuses épreuves déjà endurées par le Liban?
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