Le secrétaire général de l'ONU a appelé jeudi à mettre un terme au "carnage" en cours en Syrie, résultat d'un "échec collectif chronique" à enclencher un processus politique dans le pays divisé depuis le début de la guerre civile en 2011.
"Nous voyons les résultats amers d'un échec collectif chronique de dispositions antérieures pour la désescalade destinées à conduire à un véritable cessez-le-feu sur tout le territoire ou à un processus politique sérieux pour appliquer les résolutions du Conseil de sécurité", a déclaré Antonio Guterres à la presse, réagissant aux "développements graves et dramatiques se déroulant sous nos yeux en Syrie".
"Après 14 années de conflit, il est grand temps que toutes les parties travaillent sérieusement avec mon envoyé spécial pour la Syrie Geir Pedersen pour enfin suivre une approche nouvelle, inclusive et exhaustive pour la résolution de cette crise en accord avec la résolution 2254", a-t-il ajouté, réclamant un "dialogue sérieux".
La résolution 2254 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2015 mettait notamment en place une feuille de route pour parvenir à une transition politique en Syrie.
Alors qu'un calme relatif se maintenait depuis 2020 dans le nord-ouest du pays, une coalition de rebelles dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, a lancé le 27 novembre une offensive éclair dans cette région.
Après Alep, deuxième ville de Syrie, les rebelles ont pris jeudi Hama. L'armée a reconnu avoir perdu le contrôle de cette ville stratégique du centre du pays, le pouvoir de Bachar al-Assad apparaissant de plus en plus fragilisé par l'offensive fulgurante des insurgés.
"Des dizaines de milliers de civils sont menacés dans une région déjà en feu", a alerté jeudi Antonio Guterres, appelant toutes les parties à respecter leurs obligations de protection des civils.
"Le carnage doit s'arrêter", a-t-il insisté. "La Syrie est à un carrefour des civilisations. C'est douloureux de voir sa fragmentation progressive".
"J'appelle tous ceux qui ont une influence à faire leur part pour mettre un terme à la longue souffrance du peuple syrien", a-t-il plaidé.
Il a notamment indiqué avoir parlé jeudi matin par téléphone avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
"J'ai insisté sur le besoin urgent pour un accès humanitaire immédiat à tous les civils qui en ont besoin et pour un retour au processus politique facilité par l'ONU pour mettre un terme au carnage", a-t-il précisé.
“Solution politique”
De son côté, M. Erdogan a appelé son homologue syrien Bachar al-Assad à trouver "d'urgence" une "solution politique" et à "se réconcilier" avec son peuple, à l’issue de sa conversation avec M. Guterres.
"Le régime syrien doit s'engager d'urgence avec son peuple en faveur d'une solution politique globale", a déclaré le chef de l'Etat turc lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, selon un communiqué de la présidence turque.
La Turquie est un soutien majeur des rebelles, tandis que la Russie et l'Iran sont les principaux alliés de Damas
"Le président Erdogan a déclaré que la Turquie s'efforçait de réduire les tensions, de protéger les civils et d'ouvrir la voie au processus politique et continuera le faire", affirme la présidence turque, soulignant que "le conflit syrien avait atteint une nouvelle étape".
"Le régime doit se réconcilier avec son propre peuple et l'opposition légitime" a insisté de nouveau M. Erdogan à l'issue d'une longue réunion avec son conseil de sécurité national.
Il a également réaffirmé son "ferme soutien à la protection de l'intégrité territoriale et de l'unité de la Syrie", se disant "prêt à fournir toute la contribution nécessaire" en ce sens.
"Le plus grand souhait de la Turquie est que la Syrie ne sombre pas dans une plus grande instabilité et ne connaisse pas davantage de victimes civiles", avait assuré M. Erdogan lors de son entretien avec M. Guterres.
La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie accueille sur son sol près de trois millions de réfugiés syriens.
Avec AFP
Commentaires