Les autorités syriennes ont affirmé samedi qu'un cordon de sécurité "très solide" était en place autour de Damas, où la panique s'est emparée des habitants après l'annonce par les rebelles qu'ils avaient commencé à encercler la capitale.
La présidence syrienne a démenti des rumeurs sur une fuite du président Bachar al-Assad face à l'offensive fulgurante menée par des groupes rebelles, disant qu'il exerçait ses "fonctions" depuis Damas.
Des forces rebelles arrivées du sud ont "commencé à encercler" la capitale, a déclaré en début d'après-midi un de leurs chefs, Hassan Abdel Ghani. Il a affirmé que ces combattants étaient à moins de 20 kilomètres de l'entrée sud de Damas.
"Damas vous attend", a lancé le leader du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Chareh, s'adressant aux rebelles. Vendredi, il avait déclaré à CNN que "le but de la révolution" était "de renverser le régime" syrien.
"Il y a un cordon de sécurité et militaire très solide aux abords éloignés de Damas et de sa campagne, et personne (...) ne peut pénétrer cette ligne de défense", a assuré le ministre de l'Intérieur, Mohammed al-Rahmoun, à la télévision d'État.
L'armée a nié s'être retirée de zones proches de la capitale et indiqué qu'elle renforçait ses lignes autour de Damas et dans le sud du pays.
Malgré ces déclarations, la panique s'est emparée des habitants de Damas qui se sont précipités pour faire des provisions, pendant que les magasins fermaient.
Selon des témoins, des manifestants ont renversé samedi une statue de l'ancien président Hafez al-Assad, le père de Bachar, à Jaramana, dans la banlieue de Damas.
Certains criaient: "La Syrie est à nous. Elle n'appartient pas à la famille Assad".
Des scènes similaires ont été filmées notamment à Deraa, dans le sud, et à Hama, dans le centre de la Syrie.
"Je pense que nous vivons des jours qui entreront dans l'histoire", a déclaré à l'AFP un habitant de Damas âgé de 35 ans.
"Joie indescriptible"
À Hama, où les rebelles sont entrés jeudi, un photographe de l'AFP a vu des habitants mettre le feu à un portrait géant de Bachar al-Assad sur la façade de l'hôtel de ville.
"Notre joie est indescriptible et nous souhaitons que chaque Syrien honorable puisse vivre ces moments de bonheur dont nous sommes privés depuis notre naissance", a lancé Ghiath Suleiman, un habitant de la ville.
Les rebelles étaient samedi aux portes de Homs, la troisième ville du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, selon laquelle des frappes russes et syriennes près de la ville ont tué au moins sept civils.
Des images de l'AFP ont montré des rebelles en armes à al-Rastan, une localité située au nord de Homs qu'ils traversaient à bord de jeeps et de motos.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on entendait des coups de feu dans le nord de la ville de Homs.
Si les rebelles s'emparent de Homs, seules Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains des forces de M. Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de cinq décennies.
"Rester vigilants"
Dans le sud, les rebelles contrôlent désormais toute la province de Deraa, berceau du soulèvement de 2011 contre Bachar al-Assad, a déclaré samedi le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Dans la ville voisine de Soueida, un combattant a déclaré à l'AFP que les rebelles "assuraient la protection des installations vitales", après le retrait des forces gouvernementales. "Nous devons rester vigilants pour éviter de basculer dans le chaos", a-t-il affirmé.
Les forces gouvernementales se sont retirées de localités à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l'OSDH, ajoutant qu'elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.
Quelque 2 000 soldats syriens ayant fui les combats sont entrés en Irak, ont indiqué samedi à l'AFP deux responsables de sécurité irakiens.
Lors d'une réunion à Doha, les chefs de la diplomatie turque, Hakan Fidan, dont le pays soutient les rebelles, russe Sergueï Lavrov et iranienne, Abbas Araghchi, ont plaidé pour un "dialogue politique".
M. Lavrov, dont le pays est le principal allié de Damas avec l'Iran, a jugé qu'il serait "inadmissible" de voir des "groupes terroristes" contrôler la Syrie.
Par Aya ISKANDARANI avec AFP
Commentaires