Toujours en quête d'un Premier ministre, Macron reprend ses bons offices
Le président français Emmanuel Macron fait un geste en quittant le musée de Maraya après une visite du site archéologique d'al-Hijr (Hegra), près de la ville d'Al-Ula, dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, le 4 décembre 2024. ©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Après une courte trêve consacrée à Notre-Dame, Emmanuel Macron reprend lundi matin ses consultations politiques à l'Élysée, cinq jours après la censure de Michel Barnier, afin de nommer au plus vite un nouveau Premier ministre, mais de nombreux écueils demeurent.

Avant l'annonce, encore des tractations. Le chef de l'État s'apprête en effet à recevoir tour à tour les députés indépendants du groupe Liot, puis les chefs des Écologistes emmenés par Marine Tondelier, suivis des communistes autour de Fabien Roussel.

Trois rencontres censées durer une heure chacune, à partir de 9H00, ce qui laisse entrevoir la possibilité d'une fumée blanche au palais présidentiel avant la fin de journée. Mais les précédents incitent à la prudence: il avait fallu 51 jours cet été au locataire de l'Élysée pour choisir Michel Barnier, et plusieurs semaines également dans le cas de ses prédécesseurs Gabriel Attal et Elisabeth Borne.

Cette fois-ci, Emmanuel Macron est pressé de trancher par son propre camp. À commencer par son allié historique François Bayrou, préoccupé par "une situation que pas un citoyen français ne peut accepter de voir perdurer ou se complexifier".

Pressenti, parmi d'autres, pour Matignon, le patron du MoDem ne revendique pas le poste mais presque: "Si je peux aider à ce qu'on sorte de tout ça, je le ferai", a-t-il lancé dimanche depuis sa ville de Pau.

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, plaide aussi pour aller "rapidement" et désigner un nouveau chef de gouvernement "dans les prochaines heures".

Son calcul est simple: "additionner" les députés du "socle commun" (Renaissance, LR, MoDem, Horizons), de Liot et du parti socialiste pour obtenir une majorité absolue au Palais Bourbon. "Et donc il n'y a plus de censure possible".

Mais en pratique, l'arithmétique se heurte à de multiples "lignes rouges". Celles de Laurent Wauquiez, par exemple, qui rappelle ses "conditions" dans Le Figaro: "Ni LFI au gouvernement, ni le programme du Nouveau Front populaire", au point d'affirmer qu'un Premier ministre socialiste est "une hypothèse pas crédible".

Leurre pour la gauche? 

Or, c'est précisément ce que réclame le numéro un du PS, Olivier Faure, venu à l'Élysée vendredi proposer des "concessions réciproques" au président de la République, qui lui a déjà concédé des rendez-vous avec les écologistes et les communistes.

Mais ce début d'ouverture a réveillé l'ire des Insoumis, qui ont refusé l'invitation au Palais et ont instruit tout le weekend le procès en déloyauté de leurs alliés. "Faure ne décide pas tout seul", a tonné Jean-Luc Mélenchon dans la presse italienne et espagnole, martelant son refus "de trahir (ses) électeurs pour des postes".

Et si les socialistes font quand même alliance avec les macronistes voire la droite, alors "le Nouveau Front populaire continuera sans eux", menace le patriarche de La France insoumise.

Message relayé par ses lieutenants Mathilde Panot et Eric Coquerel. "Il n'y a pas de compromis possible avec la politique économique d'Emmanuel Macron", résume ainsi la cheffe des députés LFI, pointant "une volonté claire du pouvoir de fracturer le NFP".

"Force est de constater" que l'union de la gauche se retrouve "dans une situation de fragilité", regrette le président de la commission des Finances de l'Assemblée, convaincu que Matignon est un leurre car le chef de l'État "ne donnera jamais à la gauche, même de loin, la possibilité d'ébrécher son édifice".

À l'autre bout de l'échiquier politique, le Rassemblement national reste à l'affût. Pas convié à l'Élysée, son président Jordan Bardella demande déjà "à être reçu avec Marine Le Pen" par le futur Premier ministre "de manière à pouvoir exprimer très clairement (leurs) lignes rouges", qui n'ont "pas varié": pouvoir d'achat, sécurité, immigration et scrutin proportionnel.

Arbitre de la censure du gouvernement Barnier, le parti à la flamme prévient d'avance: "Vous ne pouvez pas faire comme si on n'était pas là".

Par Gabriel BOUROVITCH, AFP

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