Le régime Assad, vieux de cinquante-quatre ans, est tombé à la suite d’une offensive rebelle éclair de onze jours. Le bras de fer brisé, on aurait pu s’attendre à une transition scellée par le sang et la vengeance. Mais non. Le pays semble naviguer sur les vagues du changement comme un voilier qui a soudainement changé de cap. “Élections libres”, “volonté du peuple”, “coopération”… un discours politique aux antipodes de celui que tenait le président déchu il y a un peu plus de vingt-quatre heures.
Le chef de Hay’at Tahrir al-Cham (HTC) a interdit, dimanche, aux forces militaires de porter atteinte aux bâtiments publics à Damas ou de tirer des coups de feu en l’air. Dans une déclaration signée de son vrai nom, Ahmad al-Chareh, qu’il utilise désormais, il a annoncé vouloir garantir une “transition ordonnée”.
Une vidéo publiée sur la chaîne Telegram officielle de HTC a montré des rebelles escortant le Premier ministre syrien, Mohammad Jalali, en dehors de son bureau à l'hôtel Four Seasons de Damas.
“Ce pays peut être un pays normal, construisant de bonnes relations avec ses voisins et avec le monde (...), mais cette question sera du ressort du leadership que choisira le peuple syrien, et nous sommes prêts à la coopération et à lui apporter tout le soutien possible”, a déclaré M. Jalali dans une vidéo publiée sur son compte Facebook.
Le chef du gouvernement syrien a également indiqué qu’il a pris contact avec M. Chareh pour discuter de la gestion de la période de transition actuelle, lors d’une interview accordée à la chaîne panarabe Al-Arabiya. La Syrie devrait organiser des “élections libres”, a-t-il ajouté.
Les institutions syriennes, aussi rigides soient-elles, se sont, contre toute attente, adaptées à la nouvelle réalité à une vitesse record.
Pour sa part, le ministre syrien des Télécommunications, Iyad el-Khatib, a indiqué à Al-Arabiya s’être accordé avec le groupe HTC de maintenir le fonctionnement des télécommunications et d’internet.
Quant à l’ambassade de Syrie au Liban, elle a souligné que “la victoire de la révolution a apporté une lueur d’espoir pour notre peuple, toutes tendances confondues, et a mis fin à une ère sombre”. Dans un communiqué publié lundi, elle appelle le peuple syrien à œuvrer pour “un État national de fraternité, d'amour et de justice, un État de droit et de liberté”.
À la bonne heure!
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