L’économie syrienne traverse une phase de bouleversements, tant sur les marchés que dans les échanges monétaires, un phénomène typique suivant la chute d’un régime autoritaire après plus de cinquante ans de règne du clan Assad.
L’introduction de la livre turque et du dollar, en plus de la livre syrienne dans les transactions commerciales quotidiennes, a créé de nombreux défis pour les citoyens. Cette situation a laissé les Syriens désorientés, peu familiers avec le calcul des prix des produits en devises étrangères, entraînant une hausse inattendue des prix et rendant les opérations de vente et d’achat entre différentes régions du pays plus complexes. Elle a également engendré des disparités de prix d’un commerce à l’autre, accentuant les difficultés pour les consommateurs.
Bien que certains réclament la mise en place d’un mécanisme d’unification du taux de change, ces appels semblent vains en l’absence d’une autorité centrale pendant cette période transitoire, entre paix et guerre.
La livre turque
L’intégration de la livre turque dans les transactions syriennes n’a rien d’étonnant, compte tenu des liens économiques forts entre les deux pays. Un rapport de l'Association des hommes d'affaires et industriels arabes en Turquie indique que les investissements syriens en Turquie, entre 2010 et 2023, ont atteint 10 milliards de dollars. Les données révèlent également que le nombre total de projets syriens en Turquie atteint environ 13.800 entreprises, représentant 30% des entreprises détenues par des étrangers.
Des analystes estiment que l’usage de la livre turque pourrait perdurer, notamment dans le nord et le centre de la Syrie, tandis que d’autres provinces pourraient opter pour une dollarisation temporaire, en attendant une décision définitive sur la future monnaie nationale.
La Banque centrale syrienne
La Banque centrale syrienne a annoncé, mardi, la reprise normale des activités dans toutes les banques publiques et privées, ainsi que dans les établissements de transfert d’argent et les maisons de change agréées. Elle a précisé que les transferts d’argent continuent d’être effectués en livres syriennes auprès des bénéficiaires, comme à l’accoutumée. Par ailleurs, elle a assuré qu’aucune coupure de la monnaie nationale n’a été retirée de la circulation.
Dans le même contexte, au lendemain de la chute du régime Assad, Louay al-Monjed, ministre syrien du Commerce intérieur et de la Protection des consommateurs dans le gouvernement intérimaire, a affirmé que le changement de monnaie nationale relevait d'une décision politique.
Nouvelle livre syrienne
Le remplacement de la monnaie nécessite plusieurs étapes techniques: inventorier la masse monétaire en circulation, évaluer les réserves de la banque centrale (devises et métaux précieux) et recenser les ressources de l'État. Ces données permettent d’évaluer la solidité de la nouvelle devise, basée sur les exportations, les revenus publics et les réserves financières.
Cependant, selon des informations relayées par la presse syrienne, les réserves en devises de la Banque centrale syrienne s’élèveraient à seulement 200 millions de dollars, contre 18 milliards en 2011. Ce montant ne tient pas compte des dettes de la Syrie envers ses créanciers, notamment l’Iran.
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