Lors du 5e sommet économique, organisé à Paris par la Chambre de commerce franco-arabe, le 12 décembre, le président directeur général du groupe TotalEnergies, Patrick Pouyanné, s'exprimant sur la présence éventuelle de pétrole ou de gaz au large des côtes libanaises en Méditerranée, s'est dit désolé de ne pouvoir entretenir notre espoir à ce stade de la recherche. “À ce stade, nous n'avons pas trouvé ce que nous cherchons, côté libanais”, a-t-il affirmé.
Il n'échappera à personne que les recherches menées ont été interrompues en raison de la guerre entre Israël et le Hezbollah mais aussi parce que les autorités libanaises ont manqué au rendez-vous, à la suite de l'absence regrettable des experts compétents en la matière. Il en a résulté malheureusement un détricotage largement politisé auquel notre prochain gouvernement, nous l'espérons, remédierait, le moment venu.
Au-delà de ce constat sur l’absence de gaz, temporaire selon les uns, puisque les recherches ne sont pas terminées, et final pour d'autres, il serait intéressant de nous poser les questions suivantes: Et maintenant où irons-nous? Allons-nous nous lamenter sur notre sort ou, au contraire, nous activer, comme nous l'avons fait par le passé, pour trouver d'autres leviers prometteurs?
Vous vous souvenez peut-être, il y a quelques années, au moment du choc pétrolier, un groupe de chanteurs français avait sorti une chanson avec ce refrain: “Ils ont le pétrole, nous avons le bon vin.” Eh bien, je crois bien que nous pourrions dire aujourd’hui: “Ils ont le pétrole, nous avons l'énergie humaine.”
Il nous est aisé de penser que cette énergie sera au rendez-vous. Le Liban qu’on surnommait la Suisse du Moyen-Orient n'avait pas non plus de pétrole, et pourtant, lors de ses années d'or, précédant la guerre du Liban, la croissance économique était à son apogée. Aujourd'hui même, pour l'exemple seulement, lors du sommet économique franco-arabe à Paris, le directeur général du ministère de l'Économie, Mohammad Abou Haidar, a déclaré qu'il avait accordé plus de trois cents nouveaux permis pour l'ouverture de restaurants étrangers au Liban, entre juin et décembre 2024. De quoi pousser à réfléchir sur cette manne d'or que nous possédons et qu'il faudrait savoir exploiter.
Il est vrai que le Liban s'est vidé de sa jeunesse et de ses faiseurs de miracles. Mais nous ne devons pas oublier que cette jeunesse, ces hommes d'affaires qui ont émigré et se sont établis sur tous les continents, ont enregistré des succès phénoménaux et gagné en expérience. Celle-ci peut être mise à profit, une fois la confiance dans le pays rétablie. L’émigration est une force entrepreneuriale qu'il ne faudrait pas sous-estimer et dont il faudra savoir tirer profit. Les émigrés libanais ont contribué de manière active au développement des pays étrangers, en particulier les pays du Golfe, ainsi qu’à maintenir l'équilibre économique dans un Liban frappé par des crises successives.
Au Mexique, 12% du revenu national est d'origine libanaise. Ces succès, nous le savons, s'enregistrent dans tous les secteurs d'activités: financier, touristique, bancaire, industriel, médical, construction et j'en passe.
Qu'avons-nous donc besoin de faire? Il est bien évident qu'il nous faudra, comme nous le répétons depuis longtemps, de la sécurité, elle seule génératrice de confiance. Un facteur de base essentiel pour un retour à une vie économique normale, mais pas suffisant à lui seul. En effet, rétablir la confiance dans un système bancaire juste et remettre les déposants au centre des préoccupations nationales, est également du devoir de nos gouvernements. C'est pourquoi la prochaine présidentielle pourrait s'avérer une aube nouvelle, à condition qu'elle débouche sur l'élection d'une personne qui porte l'intérêt du Liban et des Libanais, où qu'ils soient, dans son cœur et son esprit. Si tel est le cas, il me paraît indispensable de mettre en place un ministère de l'Émigration, rattaché de manière claire au président de la République, et autonome, pour éviter les tiraillements politiques. Ministère qui pourrait servir à consolider les liens avec les Libanais de l'étranger, très nombreux, et à les encourager à retourner dans leur pays d'origine, afin de s'y investir et d'être à nouveau, sur place cette fois, une énergie nouvelle, reconstituante de la dynamique d'hier et le moteur d'une économie florissante.
*Association des hommes d’affaires libanais de France
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