Troisième xénogreffe rénale: l'espoir sous surveillance
Towana Looney, 53 ans, qui a reçu un rein de porc génétiquement modifié, subit des examens médicaux avec le Dr Jeffrey Stern, MD, au NYU Langone Health, le 11 décembre 2024 à New York. ©Angela Weiss / AFP

Towana Looney, 53 ans, est devenue la troisième personne vivante à bénéficier d’une greffe expérimentale de rein de porc génétiquement modifié. Cette intervention, réalisée à New York, représente une avancée majeure dans les xénogreffes pour lutter contre la pénurie d’organes humains.

Towana Looney, une Américaine de 53 ans, est devenue la troisième personne vivante à recevoir une greffe expérimentale de rein de porc génétiquement modifié. L'intervention, réalisée fin novembre à l’hôpital NYU Langone de New York, marque une étape significative dans le domaine des xénogreffes, visant à pallier la pénurie chronique de donneurs d’organes humains.

Mme Looney, sous surveillance médicale étroite depuis l’opération, a exprimé lors d’une conférence de presse sa gratitude envers cette opportunité qui améliore significativement sa qualité de vie. Antérieurement, la patiente vivait sous dialyse depuis huit ans à la suite de complications survenues lors d'une grossesse ayant compromis la fonction de son unique rein restant. Malgré une attente de greffe entamée en 2017, aucun donneur compatible n’avait pu être trouvé. La détérioration progressive de son état médical a conduit à l’autorisation d’une transplantation utilisant un rein porcin génétiquement modifié.

Les modifications génétiques apportées à l’organe greffé, incluant dix altérations de l’ADN porcin, ont été conçues pour optimiser la compatibilité biologique et réduire les risques de rejet immunitaire immédiat. En complément, une nouvelle stratégie pharmacologique a été testée, visant à moduler la réponse immunitaire du receveur. Trois semaines après l’opération, les indicateurs de fonction rénale de Mme Looney sont jugés “normaux”, selon le chirurgien Robert Montgomery, chef de l’équipe médicale.

Cette intervention s’inscrit dans une série de xénogreffes expérimentales menées récemment aux États-Unis. En 2023, deux autres patients vivant avec des maladies terminales ont reçu des greffes similaires à Boston et New York, mais ces receveurs présentaient un état de santé général moins favorable et sont décédés quelques semaines après l’intervention.

La transplantation porcine ouvre de nouvelles perspectives pour les patients atteints d’insuffisance rénale chronique. Aux États-Unis, plus de 90 000 patients figurent sur la liste d’attente pour une greffe rénale, et environ 14 personnes meurent quotidiennement faute d’organes disponibles. Selon la National Kidney Foundation, les patients expriment un intérêt marqué pour l’accès accéléré à ces essais cliniques, motivés par le fardeau physique et psychologique de la dialyse.

Les progrès récents en matière d’édition génomique et de gestion de la réponse immunitaire permettent d’envisager des résultats à long terme plus prometteurs. Les recherches futures viseront à prolonger la durée fonctionnelle des organes greffés, notamment chez des receveurs présentant un meilleur état de santé général.

En parallèle, Revivicor, l’entreprise fournissant les organes génétiquement modifiés, prévoit de soumettre une demande aux autorités américaines pour le lancement d’essais cliniques à plus grande échelle en 2025. L’objectif est d’affiner les techniques de transplantation et de réduire davantage les complications post-opératoires.

Cette avancée souligne, une fois de plus, le potentiel croissant de la xénogreffe pour répondre aux besoins médicaux non satisfaits. L’équipe du NYU Langone reste optimiste quant à la possibilité d’offrir, à terme, une solution durable et accessible à des milliers de patients souffrant de maladies rénales terminales.

Avec AFP

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