France: situation extrêmement difficile à Mayotte, Macron sur place jeudi avec de l'aide
Un couple porte un petit bateau alors qu'il marche près de bateaux endommagés à Dzaudzi, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 17 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido sur l'archipel. ©DIMITAR DILKOFF / AFP

La vie reprend tant bien que mal dans l'archipel français de Mayotte après le passage meurtrier du cyclone Chido qui a dévasté ce territoire dans l'océan Indien, et où le président Emmanuel Macron est attendu jeudi avec de l'aide et des membres de forces de secours.

Manque d'eau, de nourriture, d'abris: à l'approche d'une deuxième nuit sous couvre-feu, mis en place pour assurer la sécurité et éviter les pillages, la situation reste extrêmement difficile dans l'archipel français.

Selon un bilan officiel toujours très provisoire, le passage du cyclone Chido samedi a fait 31 morts et 1.373 blessés sur l'archipel.

Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans ce département le plus pauvre de France.

Sur l'archipel au paysage défiguré, les habitants des quartiers précaires du chef-lieu Mamoudzou tentent mercredi avec les moyens du bord de bricoler ce qui peut l'être, en martelant la tôle ou en posant un toit de fortune sur leurs habitations soufflées par le vent.

Plus loin, les bulldozers s'activent pour remettre en état l'héliport du centre hospitalier de Mayotte (CHM), durement touché mais qui continue de fonctionner.

Emmanuel Macron va acheminer jeudi à Mayotte dans son avion "quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire ainsi que des membres de forces de secours qui resteront sur place", a annoncé mercredi la présidence française.

"A son arrivée, le président de la République effectuera une reconnaissance aérienne du territoire sinistré, avant de se rendre dans un hôpital où il fera un point de situation avec l'ensemble des acteurs engagés. Il s'entretiendra à l'issue avec le personnel soignant et les patients pris en charge", a détaillé son entourage au sujet de cette visite.

Il se rendra "dans un quartier détruit, au contact des services de secours, avant d'échanger sur la situation de l'île avec les élus", selon la même source.

Du "jamais vu"

Le nouveau Premier ministre français François Bayrou, sous le feu des critiques pour avoir privilégié lundi le conseil municipal de sa ville de Pau dans le sud-ouest du pays, lui emboîtera le pas dès que son gouvernement "sera formé", a-t-il assuré mardi soir sur la chaîne France 2.

Le décompte des victimes est d'autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite.

"Je n'ai jamais vu sur le sol national une catastrophe de cette ampleur. Je pense aux enfants qui ont vu leur maison soufflée, dont les écoles ont été quasiment toutes détruites", a souligné François Bayrou.

Les équipes de secours sont en action, quatre jours après la catastrophe.

"Plus de 100 tonnes" d'eau et de nourriture seront distribuées mercredi, a assuré le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

En outre, 180 tonnes de fret doivent arriver par voie maritime jeudi, selon l'état-major des armées.

Un paysage apocalyptique

Un hôpital de campagne va être installé "d'ici la fin de la semaine" ou "le début de la semaine prochaine" pour "soulager" le centre hospitalier de Mayotte "endommagé" et son personnel "épuisé", a ajouté le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet. Le dispositif doit comporter une centaine de lits médicalisés.

Le cyclone Chido, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le territoire de l'océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique.

Au Mozambique, Chido a tué au moins 45 personnes et fait près de 500 blessés, selon un nouveau bilan officiel publié mercredi.

Arbres arrachés, débris jonchant à perte de vue les collines, bateaux entassés: sur l'île de Petite-Terre, à Mayotte, le paysage est apocalyptique.

"C'était comme un rouleau compresseur qui a tout écrasé", décrit Nasrine, une enseignante mahoraise.

"Tout le monde se rue sur les magasins pour de l'eau. C'est la pénurie générale", témoigne Ali Ahmidi Youssouf, un Comorien de 39 ans qui marche sur la route avec quelques bouteilles à la main.

Pour éviter les pillages et assurer la sécurité des habitants, un couvre-feu a été instauré à partir de mardi soir, de 22H00 à 04H00 du matin (19H00 à 01H00 GMT).

L'alimentation en eau "fonctionne à 50%" et présente un risque de "mauvaise qualité", a précisé mercredi François-Noël Buffet. L'électricité n'est que "partiellement remise en route", a-t-il ajouté.

Autre priorité, l'envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou dont la toiture a été arrachée par des rafales de vent qui ont dépassé 220 km/h.

Dans l'urgence de retrouver un toit, beaucoup d'habitants ont déjà commencé à déblayer et reconstruire sans attendre l'aide.

A Mamoudzou, la capitale, où les secours s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles, la mairie a appelé lundi ses habitants majeurs et en "bonne condition physique" à "renforcer les équipes".

 

Thibault Marchand, avec AFP

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