Le président a déjà disparu, l'homme n'est plus que l'ombre de lui-même: alors que les États-Unis sont en pleine crise budgétaire, que Donald Trump s'apprête à démanteler son bilan, Joe Biden, encore au pouvoir pour un mois, a déserté la scène publique.
Depuis jeudi matin, Washington est en pleine ébullition: suite à un coup d'éclat du futur président républicain, les discussions au Congrès visant à éviter un "shutdown", une paralysie budgétaire, ont capoté.
Le président démocrate de 82 ans, lui, est muet.
Ni communiqué signé de son nom, ni apparition publique.
Sa porte-parole, Karine Jean-Pierre, est chargée de la riposte. Pendant le traditionnel point-presse de la Maison Blanche, vendredi, elle attaque de manière répétée les républicains. "Ils ont fait exploser" le compromis budgétaire trouvé avant que Donald Trump n'intervienne, "c'est à eux de régler le problème."
Mais quasiment tous les journalistes l’interrogent sur le silence du président lui-même, ce qui finit par l'agacer: "Vous entendez bien ce que je dis, non? Je parle pour le président des États-Unis. (...) Je parle directement pour lui."
Pour le "commandant en chef", le retour au pouvoir de Donald Trump est plus qu'un désaveu politique: une suprême humiliation personnelle.
Avant de se retirer, à contre-coeur en juin dernier, de la course à la Maison Blanche au profit de la vice-présidente Kamala Harris, Joe Biden était persuadé de pouvoir être réélu.
Joe Biden était déjà le président le plus distant avec la presse des dernières décennies, il a désormais coupé les ponts.
Pas de conférence de presse pendant ces deux récents voyages à l'étranger, comme c'était l'usage. De moins en moins d'échanges impromptus pour ce président à l'élocution de plus en plus brouillonne, qui peine souvent à finir ses phrases.
Le démocrate, dont le mandat a été plombé par une poussée d'inflation, passe par une tribune, publiée lundi par le site "The Prospect", pour défendre ses plans de réindustrialisation, considérables mais obscurs pour le grand public: "Il faudra des années pour en voir le plein effet, en terme d'emplois et de nouveaux investissements, mais c'est nous qui avons planté les graines."
Les articles sur son déclin se multiplient.
Mea culpa
Le Wall Street Journal, que le camp démocrate avait descendu en flammes en juin pour un article exposant la fragilité croissante de Joe Biden, vient de récidiver avec un récit sur le cocon tissé par la Maison Blanche autour du chef d'Etat, sur son agenda allégé, sur ses difficultés de concentration.
Certains commentateurs y vont de leur mea culpa, ainsi Chris Cillizza, ancien journaliste de CNN, qui disait jeudi: "J'aurais dû insister davantage, et plus tôt, pour avoir plus d'informations sur la santé physique et mentale" du président.
Joe Biden ne contre-attaque même plus. Il n'a pas vanté publiquement les dernières mesures symboliques de son mandat, notamment un effacement partiel de dette étudiante pour des milliers d'Américains et la publication d'objectifs climatiques plus ambitieux.
Au soir de cinquante ans de vie politique, le démocrate se replie plus que jamais sur sa famille.
Par Aurélia End, AFP
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