Ce que l'on sait du crash d'un avion ayant fait 38 morts au Kazakhstan
Des spécialistes des situations d'urgence travaillent sur le site du crash d'un avion de ligne de la compagnie Azerbaijan Airlines près de la ville d'Aktau, dans l'ouest du Kazakhstan, le 25 décembre 2024. ©Ministère des Situations d'urgence du Kazakhstan / AFP

De nombreuses questions restaient en suspens jeudi, au lendemain du crash au Kazakhstan d'un avion d'Azerbaijan Airlines à destination de la Russie, qui a fait 38 morts.

Des experts ont évoqué la possibilité que l'appareil, qui transportait 67 personnes, ait été abattu par erreur par la défense antiaérienne russe. Les autorités russes et kazakhes ont mis en garde contre les "hypothèses" et les "spéculations".

Voilà ce que l'on sait de ce crash.

Défense antiaérienne

Des experts militaires et d'aviation ont affirmé, commentant des impacts visibles sur l'épave de l'appareil Embraer 190, qu'il avait pu être abattu par accident par un système russe de défense antiaérienne lors de son approche de son aéroport de destination.

L'avion, qui s'est finalement écrasé au Kazakhstan, de l'autre côté de la mer Caspienne, reliait l'Azerbaïdjan à la république russe de Tchétchénie, où des attaques de drones ukrainiens avaient été rapportées ces dernières semaines.

Mercredi, les autorités russes avaient fait part de frappes de drones dans deux régions voisines de la Tchétchénie, l'Ossétie du Nord et l'Ingouchie, à des centaines de kilomètres de la ligne de front ukrainienne.

Des trous visibles sur le fuselage de l'avion sont parmi les éléments cités pour soutenir cette piste.

"Les traces qu'on voit sur l'avion laissent quand même penser que c'est assez probable" qu'il ait été abattu par un missile, a déclaré à l'AFP Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA).

Un blogueur et expert militaire russe, Iouri Podoliaka, a assuré sur Telegram que ces traces étaient similaires à celles qui pourraient être causées par "un système de missiles anti-aériens".

Un ancien expert du BEA, sous couvert d'anonymat, a aussi cité comme élément "le témoignage d'un passager qui aurait reçu des éclats dans son gilet de sauvetage".

Théorie des oiseaux

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé jeudi qu'il "serait inapproprié d'émettre des hypothèses avant les conclusions de l'enquête".

Les autorités du Kazakhstan, proche allié de la Russie, ont aussi dénoncé des "spéculations" et ouvert une investigation.

Azerbaijan Airlines a affirmé dans un premier temps que l'avion avait percuté une nuée d'oiseaux, avant de retirer cette information.

Cette version a aussi été évoquée mercredi par l'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia).

L'ancien expert du BEA a jugé la théorie peu probable. Des impacts d'oiseaux sur la structure, "ça n'empêche pas l'avion de voler", a-t-il dit.

Le département régional du ministère kazakh de la Santé a lui fait état de "l'explosion d'un ballon" à bord de l'appareil.

Étrange trajectoire

L'avion assurait mercredi un vol entre Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, et Grozny, capitale de la république caucasienne russe de Tchétchénie.

Mais il s'est écrasé de l'autre côté de la mer Caspienne, près du port d'Aktaou dans l'ouest du Kazakhstan, situé très à l'est de sa destination initiale.

L'ancien directeur du BEA, Jean-Paul Troadec, a estimé que la trajectoire suivie par l'avion était "une grosse inconnue" de l'affaire.

L'agence de l'aviation civile russe (Rosaviatsia) avait indiqué mercredi qu'"en raison d'une situation d'urgence à bord de l'avion, son commandant avait décidé de se rendre vers un autre aérodrome - Aktaou a été choisi".

Le site spécialisé Flightradar24, qui suit les vols, a indiqué que l'appareil avait subi durant son vol "d'importantes interférences GPS".

L'avion a un temps "cessé d'envoyer des données de positionnement", puis a envoyé des données "probablement fausses", avant que la situation ne revienne à la normale, a affirmé le site.

Victimes

L'avion transportait 62 passagers et cinq membres de l'équipage.

Selon le ministère kazakh des Situations d'urgence, 38 personnes ont été tuées et "29 survivants, parmi lesquels trois enfants, ont été hospitalisés".

Il y avait 37 ressortissants azerbaïdjanais, six ressortissants kazakhs, trois citoyens kirghiz et 16 citoyens russes à bord de l'appareil, selon le ministère kazakh des Transports.

Quatorze survivants sont arrivés jeudi en Azerbaïdjan, selon l'agence Tass, tandis que neuf blessés russes, dont un enfant, ont eux été ramenés en Russie, d'après les autorités de ce pays.

Le père d'une hôtesse de l'air tuée, Hokoumé Alieva, a déclaré à l'AFP que cela devait être le dernier vol de sa fille avant qu'elle ne change de métier.

Dana Rysmukhamedova et Laura Salabert, avec AFP

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