Syrie: tollé après des propos d'une responsable sur les femmes
Une femme prend un selfie tandis que des gens agitent des drapeaux syriens de l'époque de l'indépendance lors d'une manifestation célébrant la chute du président syrien Bachar al-Assad sur la place Omeyyade dans la capitale Damas, le 27 décembre 2024. ©OMAR HAJ KADOUR/AFP

Des propos récents de la cheffe du Bureau des affaires de la Femme au sein des nouvelles autorités syriennes ont suscité un tollé dimanche sur les réseaux sociaux et parmi la société civile.

Aïcha al-Debs, présidente du tout nouveau "Bureau des affaires de la Femme" à Damas, a été interrogée cette semaine par la télévision turque TRT sur "l'espace" qui sera donné aux associations féministes.

La responsable, seule femme au sein du gouvernement de transition, a expliqué que si l'action de ces organisations "soutenait le modèle que nous allons construire, alors elles seraient les bienvenues : je ne vais pas ouvrir le passage à quiconque n'est pas d'accord avec ma pensée".

Elle a invité les femmes syriennes, qu'elles soient en exil ou dans le pays, "à se réunir autour d'une même table pour étudier le modèle" dont la Syrie souhaite se doter pour renforcer la place de la femme et ses droits.

"Pourquoi adopter un modèle laïc ou civil ? Nous allons mettre en place un modèle propre à la société syrienne et c'est la femme syrienne qui va le réaliser", a-t-elle déclaré.

S'adressant aux femmes syriennes, sunnites, druzes, alaouites ou chrétiennes, elle a insisté sur le fait que "nous sommes toutes égales" et a invité "celles qui ont des diplômes et de l'expérience" à se tourner vers les institutions gouvernementales pour un emploi.

Mais elle a également appelé les femmes à "ne pas outrepasser les priorités de leur nature créée par Dieu", à savoir "leur rôle éducatif au sein de la famille", des propos qui ont provoqué de vives réactions.

"Tu peux parler de ta propre pensée (...) dans ta maison, mais ne nous impose pas ta pensée qui veut qu'on reste à la maison", a dénoncé sur Facebook une internaute, Batraa Abo Aljadayel.

"Non à une nouvelle répression culturelle, politique (...) une répression des libertés publiques et individuelles."

L'actrice Aliaa al-Saïd s'est elle aussi insurgée sur X : "Nous avons été emprisonnées pour pouvoir exprimer notre opinion, nous avons été déplacées, nos maisons ont été détruites, pour qu'à la fin tu viennes nous dire ce qui est permis et ce qui ne l'est pas ?" 

Dimanche, comme pour calmer l'indignation, le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Hassan al-Chibani, a affirmé sur X que les autorités "se tiendront aux côtés" des femmes "et soutiennent pleinement leurs droits".

https://x.com/Asaad_Shaibani/status/1873318018698416183?t=E_jRJpRBoAEpcrKMyPwkvA&s=19 

"Nous croyons au rôle actif de la femme au sein de la société, et nous avons confiance en ses capacités et ses compétences", a-t-il précisé. "La femme syrienne a lutté des années durant pour une patrie libre, préservant sa dignité et son statut."

Avec AFP

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