Syrie: d'ex-rebelles incluant des jihadistes étrangers promus officiers dans l'armée
Des combattants affiliés à la nouvelle administration syrienne inspectent les dégâts causés par l'explosion survenue la veille dans un dépôt d'armement dans la zone industrielle d'Adra, à environ 30 kilomètres de Damas, le 30 décembre 2024. ©Photo par Anwar Amro / AFP

D'anciens rebelles ont été promus à des grades d'officiers au sein de la future armée syrienne, selon un décret du nouveau dirigeant du pays, Ahmad al-Chareh, parmi lesquels des jihadistes étrangers, selon des experts.

Le nouveau pouvoir, issu d'une coalition dirigée par des islamistes radicaux, avait dévoilé la semaine dernière un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, et leur "intégration sous la tutelle du ministère de la Défense".

Le décret publié tard dimanche soir sur le compte Telegram du "Commandement général" d'Ahmad al-Chareh liste 49 noms parmi lesquels ceux de rebelles syriens et d'anciens officiers de l'armée ayant déserté à la première heure et rallié la rébellion islamiste.

Ces promotions interviennent "dans le cadre du développement et de la modernisation de l'armée (...), afin de garantir la sécurité et la stabilité", explique le décret.

"La majorité de ces promotions concernent des personnalités du cercle rapproché d'Ahmad Al-Chareh", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Il s'agit des premières promotions militaires depuis la prise du pouvoir par la coalition menée par Hay’at Tahrir al-Cham (HTS) qui a renversé le pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre.

Deux hommes obtiennent un grade de général, notamment Mourhaf Abou Qasra, le chef militaire de HTS pressenti pour devenir ministre de la Défense au sein du gouvernement de transition.

Cinq autres obtiennent un grade de général de brigade et une quarantaine un grade de colonel.

L'OSDH, disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, a identifié au moins "six jihadistes étrangers" dans la liste, notamment un Albanais, un Jordanien, un Tadjik, un Ouïghour du Turkestan, mais aussi un Turc issu de HTS.

Le Ouïghour est issu du parti islamique du Turkestan (TIP), groupuscule jihadiste implanté à Idleb, bastion rebelle de Syrie d'où est partie l'offensive qui a mené à la chute d'Assad, a précisé à l'AFP M. Abdel Rahmane.

Expert des mouvements jihadistes et du conflit syrien, Aymenn Al-Tamimi a lui identifié trois étrangers sur la liste: un Ouïghour, un Jordanien et un Turc "ayant dirigé le bloc de combattants turcs sous HTS et qui est maintenant (promu) général de brigade", dit-il à l'AFP.

Quant aux officiers syriens, la "plupart" sont issus de HTS, les autres viennent des "factions alliées", selon l'OSDH.

 

Avec AFP

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