Irak: le Kurdistan interdit quatre organisations accusées d'affiliation au PKK
Un drapeau kurde géant est déployé sous la citadelle d'Erbil lors de la célébration de la Journée du Drapeau Kurde à Erbil, capitale de la région autonome kurde du nord de l'Irak, le 17 décembre 2024. ©Safin HAMID/AFP

Les autorités de Souleimaniyeh, deuxième grande ville du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak, ont interdit quatre organisations pour des affiliations présumées avec les combattants kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon des militants fustigeant jeudi une décision "politique".

Parmi ces quatre organisations figurent deux ONG féministes et une maison de production médiatique, a déploré jeudi le centre METRO pour les droits des journalistes, qui a organisé une conférence de presse à Souleimaniyeh pour dénoncer ces interdictions.

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dispose de bases arrières au Kurdistan autonome d'Irak, qui accueille aussi depuis 25 ans des dizaines de bases de l'armée turque, luttant contre cette organisation classée "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

Les autorités de Souleimaniyeh ont été accusées de tolérer les activités du PKK. Mais ces derniers mois, le gouvernement fédéral irakien a durci le ton contre les combattants kurdes turcs.

Le colonel Salam Abdel Khaleq, porte-parole à Souleimaniyeh des Assayech, police locale du Kurdistan, a assuré à l'AFP que ces interdictions intervenaient à la "suite d'une décision judiciaire irakienne et en raison de l'expiration des licences" de ces institutions.

"L'interdiction d'une ONG ou organisation médiatique au prétexte qu'elle est proche du PKK est le fruit de pressions extérieures", a déploré Diyar Mohamed, directeur du centre METRO pour les droits des journalistes.

"Cette décision est politique et non judiciaire, nous la condamnons fermement", a-t-il dit à l'AFP.

Si ces interdictions sont liées à une décision de la commission électorale irakienne interdisant des partis accusés de "proximité" avec le PKK, ça reste "injustifiable": les organisations concernées n'ont aucune "activité partisane", a-t-il estimé dans un communiqué de METRO.

En mars, à l'issue d'une visite en Irak de hauts responsables turcs, Bagdad avait discrètement classé le PKK comme "organisation interdite".

À la mi-août, la Turquie et l'Irak ont signé un accord de coopération militaire portant sur l'installation de centres de commandement et d'entraînement communs dans le cadre de la lutte contre le PKK.

Tawar Adel, directrice de la maison de production Gezengi Barbayan, a assuré que les forces de sécurité étaient venues le 31 décembre dans ses locaux pour les sommer "d'arrêter de travailler."

"Nous avons été surpris par l'interdiction de notre compagnie. Depuis 2017, nous avons la licence officielle du ministère du Commerce du Kurdistan et nous l'avons faite renouveler en mai 2024", a-t-elle ajouté.

Avec AFP

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