Le ministre syrien de l'Éducation, Nazir el-Qadri, a cherché jeudi à minimiser l’importance de changements introduits dans les manuels scolaires et annoncés la veille par les nouvelles autorités dirigées par les islamistes, suite au tollé soulevé par ces modifications basées, selon des militants, sur des "idéologies extrémistes".
Le ministère de l'Éducation avait annoncé mercredi sur sa page Facebook avoir apporté quelques modifications dans les manuels scolaires, pour supprimer la propagande du parti Baas qui était au pouvoir sous Hafez puis Bachar el-Assad. Dans la foulée, il a également supprimé des poèmes sur les femmes et l'amour.
Les changements comprenaient également l'interprétation d'un verset coranique portant sur "ceux qui ont provoqué la colère" de Dieu et "les égarés" comme faisant référence aux juifs et aux chrétiens.
La phrase nationaliste "sacrifier sa vie pour défendre sa patrie" est en outre remplacée par l'expression "sacrifier sa vie pour la cause de Dieu".
"Les programmes de toutes les écoles syriennes resteront tels quels jusqu’à ce que des comités spécialisés soient formés pour les examiner", a déclaré jeudi le ministre de l'Éducation, Nazir Al-Qadri, dans un communiqué sur Telegram.
"Nous avons seulement ordonné la suppression des parties glorifiant le régime déchu d’Assad, et nous avons adopté des images du drapeau de la Révolution syrienne au lieu du drapeau du régime" déchu, a-t-il ajouté.
Il a indiqué en outre que des informations "incorrectes" avaient également été corrigées dans le programme d'éducation islamique, où "certains versets coraniques étaient expliqués de manière erronée".
L'annonce mercredi des changements a fait polémique sur les réseaux sociaux.
Le militant et journaliste kurde yézidi Shiyar Khaleal a notamment averti sur Facebook que "l'éducation fondée sur des idéologies extrémistes peut façonner des individus dont les idées menacent la sécurité régionale et internationale".
"Changer le programme scolaire sous la supervision de Hay’at Tahrir al-Sham n'est pas seulement un danger éducatif, mais une menace à long terme pour le tissu social et l'avenir de la Syrie", a-t-il ajouté.
Le journaliste Ziad Haidar a lui estimé qu'avec certains de ces changements, des "groupes religieux spécifiques" étaient "ciblés".
Le nouveau pouvoir, qui se sait scruté par la communauté internationale, a cherché à rassurer à plusieurs reprises les minorités sur le fait qu'elles ne seraient pas victimes de violence.
Avec AFP
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