Le Pen, fondateur du Front national, meurt à 96 ans
Le leader français et fondateur du parti d'extrême droite français Front national (FN) Jean-Marie Le Pen salue les sympathisants lors de la réunion politique annuelle du parti, le rassemblement « Bleu Blanc Rouge », à Vincennes, à l'est de Paris, le 28 septembre 1996. Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française et candidat à l'élection présidentielle de 2002, est décédé le 7 janvier 2025 à l'âge de 96 ans à Garches (Hauts-de-Seine), dans un hôpital où il était hospitalisé depuis plusieurs semaines. © Pierre VERDY / AFP

Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national et finaliste de l’élection présidentielle de 2002, est décédé mardi à l’âge de 96 ans à Garches, en région parisienne, après plusieurs semaines d’hospitalisation.

"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12 heures", a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP.

Un parcours marqué par l’engagement militaire et le militantisme

Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Le Pen devient pupille de la Nation à 14 ans après la mort tragique de son père, un patron pêcheur tué en mer par une mine.

Jeune étudiant en droit à Paris, il privilégie l’activisme au cursus académique, se forgeant une réputation de bagarreur.

Son engagement militaire le conduit à participer aux guerres d'Indochine et d'Algérie, où il est accusé de torture, des accusations qu'il conteste toute sa vie.

En 1956, il entre à l’Assemblée nationale à 27 ans, devenant le plus jeune député de la IVe République.

Anticommuniste fervent, il participe à la campagne présidentielle de 1965 avant de créer le Front national en 1972, parti qui rassemble des tendances d’extrême droite et néofascistes.

Jean-Marie Le Pen n’a jamais cessé d’attirer la controverse. Il multiplie les déclarations choquantes : en 1987, il qualifie les chambres à gaz de "point de détail de l’histoire" et suscite un tollé en 1988 en utilisant un jeu de mots macabre sur le ministre Michel Durafour ("Durafour crématoire").

Ses propos sur l’inégalité des races ou l’Occupation allemande, qu'il juge "pas particulièrement inhumaine", renforcent sa réputation sulfureuse et lui valent plusieurs condamnations judiciaires.

Le tribun du peuple et le “Menhir” de l’extrême droite

Surnommé "le Menhir" pour sa ténacité, Le Pen transforme la marginalité de l’extrême droite en force politique majeure.

Son ascension culmine en 2002 lorsqu’il accède au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac, éliminant Lionel Jospin au premier tour.

Cette percée suscite un choc national : des millions de manifestants descendent dans la rue pour dénoncer le racisme. Chirac est réélu avec 82,2 % des voix.

Une dynastie politique et des luttes familiales

Le Pen gère le Front national comme une affaire familiale. Cependant, ses relations avec ses proches sont souvent orageuses.

Il renie sa fille aînée, Marie-Caroline, après sa défection en faveur de Bruno Mégret. Sa benjamine, Marine, lui succède à la tête du parti en 2011, amorçant une stratégie de dédiabolisation qui conduit à son exclusion en 2015.

Jean-Marie Le Pen a marqué la Vᵉ République en réinventant le discours populiste et identitaire. S’il a permis à l’extrême droite de s’implanter durablement en France, ses outrances ont entravé sa capacité à nouer des alliances solides.

Ses dernières années sont marquées par des ennuis de santé.

En 2022, il soutient Éric Zemmour pour l’élection présidentielle. Il meurt après une longue détérioration de son état physique et mental.

Pour ses obsèques, il avait demandé le concerto pour violon en ré majeur de Beethoven, une œuvre critiquée pour son "vacarme continuel", en écho à sa tumultueuse carrière.

Adieux internationaux

Jean-Marie Le Pen, décédé mardi, "a toujours servi la France, défendu son identité et sa souveraineté", dans "l'armée française en Indochine et en Algérie", ou en tant que "tribun du peuple", a déclaré le président du Rassemblement national Jordan Bardella.

"Je pense aujourd'hui avec tristesse à sa famille, à ses proches, et bien sûr à Marine dont le deuil doit être respecté", a dit sur X celui qui dirige le parti héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon a estimé mardi que si le "combat" contre Jean-Marie Le Pen était "fini" après le décès à 96 ans du fondateur du Front national, celui "contre la haine, le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme (...) continue".

"Le respect de la dignité des morts et du chagrin de leurs proches n'efface pas le droit de juger leurs actes. Ceux de Jean-Marie Le Pen restent insupportables. Le combat contre l'homme est fini. Celui contre la haine, le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme qu'il a répandus, continue", a écrit le leader de LFI sur X.

Jean-Marie Le Pen, décédé mardi, "aura été une figure de la vie politique française", au-delà "des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond", a déclaré François Bayrou.

Le Pen, "aura incontestablement marqué son époque", a affirmé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, estimant qu'une "page de l’histoire politique française se tourne".

"Quelle que soit l'opinion que l'on peut avoir de Jean Marie Le Pen, il aura incontestablement marqué son époque", a réagi sur X le ministre, adressant ses "condoléances à Marine Le Pen et à ses proches".

Le Pen, était une "figure historique de l'extrême droite" française dont le "rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans (...) relève désormais du jugement de l'Histoire", a réagi l'Elysée dans un communiqué.

"Le président de la République exprime ses condoléances à sa famille et ses proches", a ajouté la présidence française.

Avec AFP

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