Les Etats-Unis ont imposé mardi des sanctions économiques à l'encontre du chef de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban "pour son implication dans la corruption", selon un communiqué du département au Trésor.
Antal Rogan, qui contrôle les services de renseignement et de communication, est accusé d'avoir "orchestré des systèmes de corruption pour contrôler des secteurs stratégiques de l'économie hongroise et en détourner les recettes à son profit et à celui des fidèles de son parti politique".
La corruption dans le secteur public "s'aggrave depuis plus de dix ans", note le Trésor américain au sujet de ce pays d'Europe centrale, membre de l'Union européenne.
De son côté, le département d'Etat a estimé que "l'activité de M. Rogan" était "emblématique du climat d'impunité qui règne en Hongrie, où des oligarques et des acteurs non démocratiques se sont emparés d'éléments clés de l'État".
"Les Etats-Unis n'ont pas pris cette décision à la légère", a commenté devant la presse à Budapest l'ambassadeur américain David Pressman, rappelant qu'il n'était "pas courant de sanctionner un ministre en exercice, qui plus est dans un pays allié".
Mais "cette corruption systémique qu'incarne Antal Rogan affecte la prise de décision de la Hongrie sur des questions touchant directement à la sécurité des Etats-Unis", a-t-il argué.
Le pays de 9,6 millions d'habitants figure au dernier rang du classement de l'ONG Transparency International parmi les 27 pays de l'UE, sur fond de soupçons de détournement, qui lui ont valu le gel de milliards d'euros de fonds européens.
Depuis le retour au pouvoir en 2010 de Viktor Orban, son cercle proche s'est spectaculairement enrichi, de son ami d'enfance Lorinc Meszaros à son gendre Istvan Tiborcz qui contrôlent désormais de larges pans de l'économie.
Le dirigeant nationaliste a par ailleurs progressivement mis au pas les contre-pouvoirs, qu'il s'agisse des médias ou de la justice.
Pour le Parlement européen, la Hongrie n'est plus une véritable démocratie mais un "régime hybride d'autocratie électorale".
Le dissident Peter Magyar, qui a émergé l'an dernier comme le principal rival de Viktor Orban, a particulièrement ciblé Antal Rogan, député de 52 ans et éminence grise aux manettes du système, selon lui.
Ces sanctions américaines entrent dans le cadre de la loi "Magnitsky", qui vise à lutter contre la corruption et les atteintes aux droits humains.
Elles interviennent dans les derniers jours de la présidence de Joe Biden, avec lequel Viktor Orban entretient des relations tendues, alors qu'il voue une admiration au président élu Donald Trump, tout en cultivant sa proximité avec le Russe Vladimir Poutine.
"Il s'agit de la revanche personnelle d'un ambassadeur envoyé par une administration américaine défaillante qui part dans la disgrâce", a réagi sur Facebook le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto. "Quel bonheur de savoir que dans quelques jours les Etats-Unis seront dirigés par des gens qui nous traitent en amis et non en ennemis", a-t-il ajouté.
Avec AFP
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