Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a proposé mardi d'envoyer une force internationale de sécurité à Gaza et de placer le territoire palestinien sous la responsabilité de l'ONU, à l'issue de la guerre avec le Hamas.
Alors qu'un cessez-le-feu semble en passe d'être signé après 15 mois d'une guerre entre Israël et le mouvement palestinien qui a fait des dizaines de milliers de morts, M. Blinken a détaillé son plan pour l'avenir de Gaza, qui implique qu'Israël accepte d'ouvrir une voie vers la création d'un Etat palestinien.
Tout en considérant légitimes les inquiétudes d'Israël, il a plaidé pour une nouvelle approche.
"Nous avons longtemps insisté auprès d'Israël sur le fait que le Hamas ne peut pas être vaincu uniquement par une campagne militaire", a-t-il expliqué devant le cercle de réflexion américain Atlantic Council, à Washington.
"Sans une alternative claire, un plan post-conflit et un horizon politique crédible pour les Palestiniens, le Hamas - ou quelque chose d'autre aussi abject et dangereux - repoussera", a-t-il déclaré.
Depuis le début des frappes israéliennes sur Gaza, "nous estimons que le Hamas a recruté presque autant de nouveaux militants qu'il en a perdus", a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie américaine a aussi estimé que l'Autorité palestinienne, qui détient une autorité administrative partielle en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, devrait à l'avenir reprendre le contrôle de Gaza.
Reconnaissant les carences de l'Autorité palestinienne, qui a été affaiblie par Israël, il a expliqué qu'un certain nombre de pays avaient proposé d'envoyer des soldats et policiers à Gaza après la guerre.
Cette "mission de sécurité intérimaire" inclurait des forces étrangères et du "personnel palestinien approuvé", a-t-il souligné.
"Nous pensons que l'Autorité palestinienne doit inviter des partenaires étrangers à l'aider à mettre en place et gérer une administration intérimaire en charge des principaux secteurs civils à Gaza, comme le système bancaire et les secteurs de l'eau, de l'énergie et de la santé", a-t-il déclaré.
Un haut responsable de l'ONU superviserait cette initiative, qui serait validée par une résolution du Conseil de sécurité.
L'administration intérimaire comprendrait des représentants palestiniens de Gaza choisis après une "consultation approfondie", puis rendrait le contrôle du territoire à l'Autorité palestinienne "aussi tôt que cela sera possible".
Ce plan pour l'après-guerre pourrait être négocié une fois que l'accord de cessez-le-feu actuellement discuté au Qatar aura été signé.
"Si le Hamas l'accepte", cet accord de trêve est d'ailleurs "prêt à être conclu et mis en oeuvre", a déclaré M. Blinken, quelques heures après que le Qatar, principal pays médiateur avec les Etats-Unis et l'Egypte, eut affirmé que les négociations en étaient au "stade final".
Donald Trump, qui entre en fonction le 20 janvier, soutient les efforts visant à mettre fin à la guerre, mais a promis "l'enfer" à la région si les otages n'étaient pas libérés avant son retour au pouvoir.
Il devrait accentuer encore le soutien de Washington à Israël, à qui le président Joe Biden a continué de vendre pour des milliards de dollars d'armes mais qu'il a aussi occasionnellement critiqué pour les morts de civils palestiniens.
Benjamin Netanyahu est opposé à la création d'un Etat palestinien, dont ses alliés d'extrême droite estiment qu'elle viendrait récompenser l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a traumatisé Israël et entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien.
Au moins 46.645 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
M. Blinken a rejeté l'argument des ministres israéliens d'extrême droite, estimant au contraire que "loin de récompenser le Hamas, accepter un horizon politique serait la réprobation ultime de son programme nihiliste de mort et de destruction".
Plusieurs fois interrompu par des manifestants pro-palestiniens, M. Blinken a aussi reproché à Israël d'avoir "systématiquement sapé le pouvoir et la légitimité de la seule alternative viable au Hamas, l'Autorité palestinienne".
Le secrétaire d'Etat a aussi jugé que la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël, qu'il a encouragée sans pouvoir l'obtenir, représenterait la "meilleure des motivations" pour que soient prises "les dures décisions nécessaires pour pleinement satisfaire aux aspirations des Israéliens et des Palestiniens".
Avec AFP.
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