Allemagne: des élections, mais un gouvernement encore incertain
Le bâtiment du Reichstag, qui abrite le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, est photographié le 22 janvier 2025 à Berlin ©Vincent Kolbe / AFP

L'Allemagne va renouveler son parlement le 23 février mais elle devra attendre des semaines, peut-être des mois, avant d'avoir un gouvernement issu du résultat des urnes.

Car le parti vainqueur - les conservateurs selon les derniers sondages - devra d'abord s'entendre sur un contrat de coalition avec son ou ses partenaires pour commencer à travailler.

Une parenthèse malvenue alors que le pays, fragilisé par deux années de récession, n'a pas de temps à perdre face aux défis posés par la deuxième présidence Trump ou la poursuite de la guerre russe en Ukraine.

Du flirt au mariage

La composition du parlement en Allemagne, où il est rare qu'un parti dispose d'une majorité absolue, constitue la base de la formation d'un gouvernement, mais ce n'est pas le seul facteur.

Dans les heures suivant le scrutin, les dirigeants des principales formations commencent à se positionner. S'ensuivent les premières discussions exploratoires entre les partenaires potentiels de la coalition, menées le plus souvent par le parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges.

Deux partis ou plus décident d'entamer des négociations sur un programme commun de gouvernement mais les discussions peuvent s'enliser, voire être rompues, faute d'accord possible.

Des précédents peu encourageants

Lors des dernières élections de 2021, il a fallu dix semaines au total pour former la coalition du chancelier Scholz, entre son parti, les sociaux-démocrates, les Verts et les Libéraux.

Ce délai de deux mois et demi pour former un gouvernement se situe "dans la fourchette habituelle", estime à l'AFP Uwe Jun, professeur de sciences politiques à l'université de Trèves.

"Jusqu'en 2005 (...), l'Allemagne a presque toujours eu des processus de formation de coalitions relativement simples", a-t-il ajouté.

Mais la polarisation croissante de la vie politique rend plus difficile de sceller des compromis, en Allemagne comme dans le reste de l'Europe.

L'intérim le plus long s'est produit en 2017, lorsque les conservateurs d'Angela Merkel ont mis six mois à former une coalition avec les sociaux-démocrates. La première tentative de coalition de Mme Merkel avec les Verts et les libéraux avait échoué de manière spectaculaire, prolongeant l'attente.

"Si les différences de programmes s'avèrent importantes, il est plus difficile de parvenir à des compromis et à des solutions consensuelles", observe M. Jun.

"Roulette politique"

Dans les sondages, le camp conservateur CDU/CSU arrive en tête avec environ 30% des voix, suivi de l'extrême droite AfD (20%), des sociaux-démocrates SPD (16%) et des Verts (14%).

Mais les libéraux, qui ont claqué la porte du gouvernement de Scholz en novembre, et le BSW, parti populiste de gauche créé il y a un an, flirtent avec le seuil des 5% de voix nécessaires pour siéger à la chambre basse du parlement, rendant incertaine leur qualification.

Si le chef des conservateurs, Friedrich Merz, l'emporte et est appelé à former un gouvernement, une coalition avec les sociaux-démocrates ou les Verts fait partie des scénarios les plus probables.

Les conservateurs ont exclu, comme les autres partis, toute coopération avec l'extrême droite.

La formation d'une coalition CDU/CSU et Verts, qui serait une première au niveau national, risque d'être plus difficile, compte tenu des divergences entre ces formations.

Par Sebastien Ash, AFP

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