Le cessez-le-feu touche à sa fin, les violations israéliennes au Liban-Sud persistent et le retrait des forces de l’État hébreu de la totalité du territoire ne semble pas être imminent. S’étant complètement retiré de neuf localités, il continue néanmoins d’imposer des restrictions aux habitants des zones frontalières, et de mener des incursions dans plusieurs localités frontalières.
Incursions israéliennes, dynamitages et tirs au Liban-Sud
Toujours déployés dans les quartiers de Bani Hayyan (Marjayoun), les soldats israéliens ont continué de démolir vendredi des habitations ainsi que le bâtiment de la municipalité du village. L’armée israélienne s’était infiltrée, jeudi à minuit, à Bani Hayyan où elle a mené une opération de ratissage à la mitrailleuse. Des tirs ont résonné dans les environs, avant que les forces israéliennes n'incendient plusieurs maisons.
Des coups de feu ont été entendus à la périphérie de Khiam, dans le secteur de Bab el-Thaniya, alors qu'un grand nombre d'habitants retournent dans la localité pour inspecter leurs maisons et leurs propriétés. Des tirs de mitrailleuses ont également été lancés depuis la colline de Hamamess, au sud de Khiam, en direction de Sarda et d'Al-Amra.
Dans la matinée de vendredi, les soldats israéliens ont effectué une incursion dans la zone de Zouqaq, à la périphérie de Aïtaroun, où ils ont rasé et brûlé un certain nombre de bâtiments. Ils sont toujours positionnés dans ce secteur.
L’armée israélienne a également incendié la housseiniya (lieu de culte chiite) de Yaroun. Des opérations de dynamitages ont, en outre, été menés dans les villages de Rab el-Thalathine, Kfar Kila et Houla .
Israël “préparé à toutes les éventualités au Liban"
Selon les médias israéliens, l'armée s’attendrait à des tirs "symboliques" du Hezbollah qui viseraient le mont Dov à partir de dimanche, en réaction aux forces israéliennes toujours présentes dans le secteur est.
Selon la chaîne israélienne 14, l’État hébreu a décidé de ne pas se retirer du Liban-Sud. Cette décision s'explique, selon lui, par “l'incapacité de l'armée libanaise à assurer la sécurité de la région”. L'armée israélienne se dit ainsi “prête à répondre fermement à toute violation du cessez-le-feu par le Hezbollah”. Elle insiste sur le fait que le gouvernement israélien a pris la décision de maintenir sa présence dans le sud du Liban et menace de réagir immédiatement à toute violation de la part de la formation pro-iranienne.
Dans le même contexte, le site Ynet a rapporté les propos du porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, qui a déclaré: "Israël est en train d'évaluer la situation et il est peu probable qu'un retrait complet ait lieu dans le sud du Liban. En tout cas, si des forces israéliennes demeurent dans la région, cela se fera en coordination avec l'administration du président américain Donald Trump." M. Mencer a souligné: "Des progrès ont été observés, notamment avec le transfert de certaines positions du Hezbollah sous le contrôle de l'armée libanaise et de la Finul, conformément à l'accord en place." Il a ajouté: "Cependant, nous avons souligné que ces actions n'ont pas été mises en œuvre aussi rapidement que souhaité et il reste encore beaucoup à accomplir dans ce domaine."
Selon Al-Jazeera, une source des Nations unies a confirmé qu'il n'y avait aucun signe sur le terrain indiquant que les forces israéliennes termineraient leur retrait du sud du Liban d'ici dimanche, bien que la période de 60 jours soit arrivée à son terme. La source a expliqué que le retrait israélien nécessite toujours une intervention politique internationale, notant des données sur le terrain montrant la volonté d'Israël de conserver des positions dans le secteur oriental du sud du Liban, malgré son retrait de larges parties des secteurs occidental et central.
De son côté, le Hezbollah a insisté, dans un communiqué publié jeudi, sur la nécessité pour les parties prenantes, de pousser pour une mise en œuvre pleine et entière de l’accord de cessez-le-feu et pour un retrait total des forces israéliennes du territoire libanais. Il a, dans ce sens, mis en garde contre toute “violation de la souveraineté libanaise à laquelle le Liban devrait répondre”, signalant: “Nous n’accepterons aucune violation de l’accord, ni aucun manquement aux engagements, ni aucune tentative d’y échapper sous des prétextes fallacieux.”
Pour leur part, les autorités libanaises ont rejeté les affirmations israéliennes selon lesquelles les soldats israéliens resteraient sur place après l'expiration du délai de 60 jours. Elles considèrent cette prolongation comme une forme de pression supplémentaire sur le Liban et ses citoyens, empêchant ainsi le retour des habitants dans leurs villages. Selon le gouvernement libanais, cette situation ne fait qu'aggraver les tensions internes et compromet la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu. Les autorités ont d’ailleurs appelé les États-Unis à exercer des pressions sur Israël pour qu'il respecte l'accord et se retire des zones occupées.
L'armée libanaise intensifie ses efforts pour démanteler les installations du Hezbollah
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre 2024, l'armée libanaise a mené environ 500 missions visant à démanteler des installations du Hezbollah dans le sud du pays. Ces opérations incluent la destruction d'infrastructures et la saisie d'armements. En parallèle, le Hezbollah, tout en restant discret sur ces actions, n'a exprimé aucune opposition aux opérations menées par l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) visant à localiser et éliminer les sites d'armement.
Des sources sécuritaires ont confirmé, comme rapporté par certains médias locaux, que la plupart des infrastructures militaires du Hezbollah dans la région du sud du Litani ont été démantelées, en conformité avec les décisions prises par les autorités libanaises dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Vendredi, des unités de l’armée libanaise se sont déployées dans les villages de Jebbayn et de Chihine, dans le secteur ouest, procédant à l’ouverture des routes et au déblaiement des décombres avec le soutien de la Finul.
Après s’être déployée à Kfar Chouba, l'armée libanaise œuvre avec la défense civile pour ouvrir les routes en vue du retour des habitants.
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