Le 9 janvier, enfin, après plus de deux ans de blocage, un “vrai” président de la République était élu. Un homme intègre, libre, soucieux du Liban et de son peuple. On se prenait à rêver de reconstruction, de développement, de justice. Et puis est venue la fin des 60 jours de trêve, sans que le gouvernement en place ait prévu un plan B. Résultat, le Hezbollah s’est engouffré dans la brèche ouverte par le retrait incomplet de l’armée israélienne. “Spontanément”, les habitants des villages du sud ont voulu rentrer malgré tout dans leurs maisons. Devant la surprise du pouvoir politique, l’armée libanaise a réagi intelligemment, comme depuis des années. Elle a accompagné les gens afin de limiter la violence. Malgré les efforts de la troupe, 24 personnes ont malheureusement perdu la vie.
Aussitôt proclamées “martyrs de la résistance” par la milice pro-iranienne qui a profité de la situation chaotique pour se replacer dans le jeu politique. Retour claironné à la phase du triptyque imposé depuis des décennies: “armée, peuple, résistance”. Nous voilà donc engagés dans une deuxième libération du sud! En tout cas, dans les discours des représentants du Hezbollah et de ses alliés. L’objectif est d’imposer le maintien de ses armes à tout prix et malgré les résolutions onusiennes à un pays qui sort d’une phase de cinq ans de catastrophes diverses, dont une guerre perdue par la milice. Une stratégie fondée sur le déni. Est désormais considéré comme traître, contre toute rationalité, celui qui ne croit pas à la victoire contre Israël.
Et pour bien enfoncer le clou, des hordes de jeunes à moto et armés ont paradé dans les rues de la capitale, histoire de terroriser et de museler la population sceptique face aux proclamations victorieuses successives. Comme d’habitude, sans l’intervention de l’armée, ces provocations auraient pu dégénérer en guerre civile. Parce que la population en a plus qu’assez des guerres par procuration.
Pendant ce temps, le Premier ministre désigné tente de former un gouvernement. Les “libaniaiseries”, comme les appellent certains diplomates, ont repris de plus belle, chaque bord politique tentant de récupérer un maximum de postes ministériels pour servir ses intérêts. Ces épisodes qui se succèdent ont déjà réussi à émousser la confiance de la communauté internationale dans la possibilité du pays de sortir de sa descente permanente aux enfers. Or sans confiance, pas de retour des investissements. Sans confiance, pas d’argent pour reconstruire le pays, relancer l’économie et faire les réformes nécessaires. Les ruines sont là pour rester un moment. Le président de la République ne peut, à lui seul, régler tous les problèmes. Ceux dont la seule ambition politique est de lui mettre des bâtons dans les roues sont légion. Les perspectives du retour des beaux jours s’éloignent de nouveau. Comme si une main diabolique s’acharnait sur un peuple qui n’a pas le droit d’espérer.
Mais comme le disait Victor Hugo, “il y a dans le cœur humain une fibre qui vibre toujours au frisson des espérances impossibles”.
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