Le choix de proches et de fidèles aux postes clés de son administration est le mot d’ordre pour Donald Trump, à l’aube de son second mandat. C’est ainsi qu’il a confié à son ami de longue date, Steven Witkoff, la charge d’envoyé spécial pour le Moyen-Orient. Comment cet investisseur immobilier sans expérience diplomatique s’acquitte-t-il de cette tâche?
L’envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, était mercredi à Jérusalem pour des discussions avec le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, au sujet de la mise en œuvre de l’accord sur la libération des otages et le cessez-le-feu.
Le New-Yorkais Steven Witkoff, 67 ans, a été nommé en novembre dernier à ce poste par Donald Trump.
Le choix d’un homme d’affaires de confiance, plus précisément d’un grand investisseur de l'immobilier, sans expérience diplomatique, n’est pas une première pour Trump qui, lors de son premier mandat, avait nommé au même poste son gendre, Jared Kushner. Ce dernier avait, à l’époque, supervisé les accords d'Abraham, qui ont établi des relations diplomatiques et commerciales entre Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan.
À son entrée en fonction au sein de l’administration Trump, Steve Witkoff est confronté à un Moyen-Orient en crise, dans le cadre de la plus grande guerre israélo-palestinienne depuis 1948. Le premier exercice diplomatique a été, pour Witkoff, de contribuer à l’établissement de l’accord de cessez-le-feu à Gaza entre le Hamas et Israël, dans le cadre d’une coopération entre l’administration sortante de Joe Biden et celle, entrante, de Donald Trump. La trêve est entrée en vigueur le 19 janvier, la veille de l’investiture du nouveau président. Mais le programme Trump pour le Moyen-Orient ne s’arrête pas là. Son objectif est d’élargir les accords d'Abraham pour inclure l'Arabie saoudite et d'autres pays, comme le Qatar, et instaurer une paix durable entre Israéliens et Palestiniens.
Quels seraient les atouts dont Steven Witkoff dipose pour assumer sa nouvelle mission d’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient?
Une expérience d’homme d’affaires négociateur
Fort d’un long parcours professionnel, l’homme d’affaires new-yorkais a mis sur la table des négociations de la trêve à Gaza des décennies d’expérience dans la réalisation de transactions immobilières, parmi les plus grandes de New York.
Ayant étudié le droit à l'Université Hofstra, il a suivi une formation en droit immobilier. Il a rejoint le cabinet juridique Dreyer & Traub, où Trump était client, mais ses ambitions ont changé, et il a voulu devenir l'un des magnats de l'immobilier qu'il représentait. Il s’est alors lancé dans le monde du développement immobilier à New York, fondant sa propre entreprise, Witkoff Group, grâce à laquelle il est devenu milliardaire.
Dans son communiqué annonçant la nomination de Steve Witkoff, M. Trump a mis en avant l'expérience de l’investisseur dans le secteur privé. “Steve a renforcé et enrichi chaque projet dans lequel il a été impliqué. Steve sera une voix infatigable pour la PAIX”, a-t-il écrit.
Des associés du secteur immobilier décrivent Steve Witkoff comme étant “intelligent, avenant et négociateur talentueux”, selon le Wall Street Journal.
Un profil personnel propice
Steve Witkoff est juif et entretient des liens étroits avec Israël et des relations commerciales avec le monde arabe. Pendant la campagne électorale présidentielle de 2024, il était l’interlocuteur privilégié de Trump auprès de la communauté d’affaires juive américaine.
Steve Witkoff semble mettre à profit son profil et son expérience personnelle au service de la compréhension des enjeux moyen-orientaux du moment.
Lors de l’attaque du 11 septembre 2001, il a regardé depuis la fenêtre de son bureau l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center, avant de se précipiter pour récupérer ses enfants. Il aurait passé une grande partie de la nuit à tenir une corde attachée à un pompier fouillant les débris à la recherche de survivants.
En 2011, il a perdu son fils, décédé à 22 ans à la suite d’une surdose d'opioïdes.
S’exprimant sur son rôle dans les négociations pour l’accord de trêve et d’échange d’otages et de prisonniers à Gaza, il a établi un parallèle avec son propre chagrin.
“Je compare toujours ma famille et ce qu'elle a traversé lorsque j'ai perdu mon fils, Andrew, avec ce que cela a dû être pour ces familles”, a-t-il déclaré dimanche, à New York, au sujet des otages, évoquant les souffrances vécues “des deux côtés”.
“Aussi, lorsque le président m'a demandé de faire cela, je me suis dit que ce serait la chose la plus digne que je puisse faire de ma vie”, a-t-il révélé, en référence au délicat poste de politique étrangère qui lui a été assigné par Donald Trump.
Un ami proche de Trump
Steve Witkoff est l'un des amis les plus proches du président américain, partenaire de golf new-yorkais qu'il connaît depuis des décennies. En l’occurrence, ils jouaient ensemble en Floride lorsque Donald Trump a été visé par une deuxième tentative d'assassinat, en septembre dernier. Lors de la Convention nationale républicaine de juillet, l’homme d’affaires a raconté comment Donald Trump, “une personne gentille et compatissante”, l'avait aidé à traverser le chagrin consécutif à la perte de son fils.
En outre, c'est pendant la seconde campagne présidentielle de Trump que le rôle de Steve Witkoff a pris de l’importance. Il a été un collecteur de fonds majeur, établissant un lien avec les donateurs juifs fortunés. Dans un premier test de ses compétences diplomatiques, il a aussi été envoyé à plusieurs reprises pour apaiser les tensions entre le président et des républicains influents.
Bénéficiant de la confiance de Donald Trump, Steve Witkoff a un lien direct avec lui, ce qui constituerait l’un de ses plus grands atouts pour réussir sa nouvelle mission.
Commentaires