Netanyahou part à Washington voir Trump, allié indéfectible et exigeant
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 9 décembre 2024. ©Maya Alleruzzo / Pool / AFP

Benjamin Netanyahou s'est envolé dimanche pour Washington, où il deviendra le premier dirigeant étranger reçu par Donald Trump depuis son investiture, symbole de l'alliance indéfectible entre les deux pays, que le président américain a déjà considérablement renforcée.

Mardi, ils discuteront "de la victoire contre le Hamas, le retour de tous nos otages et la lutte contre l'axe iranien dans toutes ses dimensions", a-t-il déclaré avant de monter dans l'avion.

Lors de son premier mandat, Donald Trump répétait qu'Israël n'avait "jamais eu un meilleur ami à la Maison-Blanche".

Dans la foulée de l'attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, son prédécesseur Joe Biden avait offert un soutien total à son allié israélien, avant d'afficher parfois une certaine distance, liée notamment au nombre de victimes civiles de la guerre à Gaza et à l'entrée insuffisante de l'aide humanitaire sur le territoire palestinien.

Mais Donald Trump, en quelques jours, a posé un nouveau cadre, avec le fracas dont il est coutumier.

Il a proposé de faire "tout simplement le ménage" à Gaza et de transférer les Palestiniens dans des lieux "plus sûrs" comme l'Égypte ou la Jordanie, suscitant une levée de boucliers internationale.

Il a débloqué la livraison à Israël de bombes de 2.000 livres (quelque 900 kilos), que son prédécesseur avait suspendue, et annulé des sanctions financières contre des colons israéliens, accusés de violences contre des Palestiniens.

"Pour Netanyahou, une relation privilégiée avec la Maison-Blanche est un outil essentiel", note Céline Touboul, codirectrice de la Fondation pour la coopération économique (ECF), à Tel-Aviv.

"Stabiliser la région"

Mais cette "visite de travail" permettra aussi à Benjamin Netanyahou de mesurer le prix de cette relation, face à un chef d'État américain friand des logiques transactionnelles du monde des affaires.

Donald Trump entend faire tenir le cessez-le-feu dans le sud du Liban entre Israël et le Hezbollah, comme celui signé, après 15 mois de guerre, avec le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Ses conseillers "affirment que la reprise des combats au Moyen-Orient l'empêcherait de s'attaquer à (...) ses priorités les plus urgentes", estime le Soufan Center, think-tank basé à New York. Il s’agit notamment de la lutte contre l'immigration illégale venue du Mexique et le règlement de la guerre entre Russie et Ukraine.

Au-delà, "Trump veut réorienter sa priorité vers l'Asie-Pacifique", renchérit David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean Jaurès à Paris.

"Il estime, comme ses prédécesseurs d'ailleurs, qu'il doit stabiliser la région avant et créer une coalition anti-Iran avec ses partenaires stratégiques", dDont Israël, mais aussi l'Arabie saoudite.

Faible "marge politique"

Les discussions porteront donc probablement sur les concessions que Benjamin Netanyahou devra accepter pour relancer la normalisation entre Israël et Riyad.

Celle-ci semblait en bonne voie jusqu'au 7-Octobre. Depuis, Riyad martèle qu'elle ne sera pas possible sans solution durable et viable pour les Palestiniens.

Là, se cristallise le dilemme de Benjamin Netanyahou. Sur le papier, souligne David Khalfa, "il y a aujourd'hui un alignement idéologique entre la droite américaine populiste et trumpiste et le Premier ministre israélien". En revanche, "la marge politique de ce dernier est très faible face à un Trump qui n'a pas la pression d'une réélection".

Or, cette semaine doivent reprendre les négociations, via les médiateurs, entre Israël et le Hamas sur la seconde phase de leur accord de cessez-le-feu, censée permettre la libération des derniers otages - il en restera en principe une cinquantaine, morts ou vivants - et la fin définitive de la guerre.

Lundi, M. Netanyahou s'entretiendra sur le sujet avec Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, qui en discutera ensuite dans la semaine avec le Premier ministre du Qatar et de hauts responsables égyptiens.

Mais une partie de la coalition gouvernementale israélienne veut reprendre les combats dès la fin de la première phase. À défaut, le ministre d'extrême droite Bezalel Smotrich menace de quitter le gouvernement, ce qui le priverait de majorité.

D'où un tiraillement, pour le Premier ministre, entre l'allié dont il ne peut se passer sur le plan international, et ses soutiens politiques intérieurs dont les réticences se multiplient.

"Si Trump lui demande de faire des concessions aux Palestiniens pour obtenir la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, Netanyahou devra choisir entre une relation privilégiée avec le président américain ou le maintien de sa coalition", résume Céline Touboul.

Avec AFP

 

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