La participation du Hezbollah au gouvernement, qu'elle soit directe ou indirecte, soulève de nombreuses interrogations quant au rôle politique que cette formation pourrait jouer dans les mois à venir et à sa capacité de contribuer au processus devant favoriser l’ouverture du Liban à son environnement arabe et occidental, à la réalisation de réformes, au redressement de l’économie et à la reconstruction.
Certains estiment d’ailleurs que l’état dans lequel le Hezb se trouve après la guerre avec Israël fait que sa présence au sein du gouvernement serait aussi insignifiante que son absence: il a perdu tous ses alliés, à l’exception du président du Parlement, Nabih Berry; il est incapable d’obtenir le tiers de blocage; il ne peut même plus revendiquer la conformité à l’esprit du Pacte national dans la répartition des portefeuilles ministériels, à partir du moment où, selon des informations obtenues, il aurait accepté que le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, nomment le cinquième ministre chiite.
Plus encore, toute tentative de sa part d’utiliser le ministère des Finances pour entraver le travail du gouvernement se heurterait à une opposition ferme des autres composantes de l'Exécutif. Dans ce cas, le Premier ministre pourrait demander au ministre concerné de démissionner. S’il refuse, le Conseil des ministres pourrait alors procéder à sa révocation par décret, signé par le président de la République, avec l’accord du Premier ministre et l’approbation des deux tiers des membres du gouvernement. Le Parlement pourrait également lui retirer la confiance qu’il lui avait accordée, le contraignant ainsi à rendre son tablier.
Le Hezbollah se trouve également face à un dilemme concernant sa position sur les nouvelles orientations de la politique étrangère du mandat. Il ne pourra en aucun cas s’opposer à celles que le nouveau gouvernement compte appliquer, en particulier l'ouverture envers les Américains et les Saoudiens. Il ne peut pas non plus s’opposer à la question de l’exclusivité des armes aux mains des seules forces étatiques et à la dissolution de sa propre structure militaire. Ces conditions sont essentielles pour relancer la reconstruction et obtenir les financements nécessaires de la communauté internationale et du monde arabe.
Le Hezbollah, dit-on, ne souhaiterait pas être perçu comme un obstacle, surtout que sa base, durement frappée par la guerre, commence à lui faire assumer sans ambages la responsabilité des pertes humaines et matérielles qu’elle a subies.
Cette nouvelle situation implique une question cruciale: le Hezbollah pourra-t-il faire partie du tissu politique libanais et sera-t-il accepté par les communautés arabe et internationale? La réponse, pour l’heure, reste négative.
Selon des sources diplomatiques occidentales, il importe que le Hezbollah rompe d’abord ses liens politiques, militaires et financiers avec la République islamique d'Iran et cesse de servir d’instrument pour l'exportation de la révolution iranienne.
En fait, il importe que le Hezb opère un changement radical. Il doit ainsi s’engager dans un processus de réconciliation et de dialogue sincère avec les forces politiques libanaises, notamment celles qui ont été affectées par les assassinats et autres pratiques dont il est accusé.
Il lui est également demandé de cesser de traiter ses adversaires politiques comme des ennemis ou des traîtres, et que les zones sous son contrôle cessent de constituer des îlots de sécurité qui échappent au contrôle de l’État, avec leurs propres services, sièges et enquêteurs. Il doit aussi mettre un terme à toute forme d’économie parallèle.
Selon les mêmes sources, l’engagement du Hezbollah dans cette voie serait avant tout bénéfique à sa propre base, qui échapperait ainsi aux risques de nouvelles guerres et sortirait de l’isolement libanais, arabe et international dans lequel la formation l’a plongée. Les régions où le Hezbollah est implanté pourraient de la sorte bénéficier d’investissements et créer alors des opportunités d’emploi pour ceux qui peinent actuellement à trouver des sources de revenus.
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