![Pretty Yende interprète Haendel: une Sémélé moderne à Paris](/images/bibli/1920/1280/2/afp2025020536x444dv1previewfilesfrancesafricaoperamusic.jpg)
Pretty Yende fait ses débuts dans le répertoire baroque en interprétant le rôle de Sémélé à Paris, dans l'opéra de Haendel. Cette nouvelle aventure, marquée par une mise en scène contemporaine, conjugue amour, désir et satire sociale, avec Yende incarnant une femme forte et moderne.
La soprano Pretty Yende, star internationale du lyrique, fait ses débuts dans le répertoire baroque à Paris, interprétant Semele dans l'opéra éponyme de Georg Haendel, une “aventure incroyable” dans laquelle elle apparaît tout à son aise. La charismatique chanteuse sud-africaine, sollicitée aux quatre coins du monde, est au Théâtre des Champs-Élysées depuis jeudi 6 février et y sera jusqu'au 15 février dans cette production mise en scène par Oliver Mears, directeur du Royal Opéra de Londres, avec Emmanuelle Haïm à la direction de l'un des ensembles baroques les plus renommés, Le Concert d'Astrée.
Consumée par le feu
Créé en 1744 à Londres par Haendel, cet opéra en anglais raconte les amours de la princesse de Thèbes, Sémélé (Semele en anglais), avec Jupiter (interprété par le ténor Ben Bliss), dieu qu'elle ne peut observer dans son incarnation divine sans être consumée par le feu. Amour, désir, jalousie, ambition jalonnent cette oeuvre qui se termine de manière extrêmement dramatique.
Pretty Yende, connue pour son timbre lumineux qu'elle a d'abord expérimenté dans le bel canto, vit, avec ce rôle nouveau, une "aventure incroyable", racontait-elle à l'AFP avant sa venue à Paris début décembre pour participer à la cérémonie de réouverture de la cathédrale Notre-Dame. Il lui tardait de connaître, "avec le public à Paris", ce “quelque chose de différent”, ajoutait celle qui a par ailleurs chanté au couronnement du roi Charles III en 2023.
Côté politique et satirique
Le chant baroque se caractérise par une ornementation abondante, avec des trilles, des mordants et des mélismes (une seule syllabe de texte chantée sur plusieurs notes successives). La partition de Semele en est un exemple probant. Un style tout en finesse dans lequel la chanteuse lyrique est tout à son aise. Dans sa mise en scène, Oliver Mears a choisi d'explorer le côté politique et satirique de l'œuvre. Les dieux de l'Olympe - Jupiter en premier lieu - sont la classe aisée détenant le pouvoir tandis que Semele est issue de la classe ouvrière, dans une ambiance des années 1960-1970 inspirée des films de Luis Buñuel et des films d'horreur de cette époque.
Il propose une Semele, "femme moderne", "en raison de sa force et de son refus d'accepter l'identité qu'un homme (Jupiter, dans une forme humaine, ndlr) lui impose", détaille-t-il à l'AFP. "Elle refuse d'être femme au foyer, elle veut l'égalité avec lui". Son personnage montre aussi une certaine "complexité dans ses émotions - extase, désespoir" - et un parcours tout aussi "complexe", qui évolue de sa "naïveté" au premier acte jusqu'à "sa défiance envers Jupiter", a-t-il ajouté.
Avec AFP
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