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Le président français, Emmanuel Macron, a mis en garde contre une paix qui reviendrait à une "capitulation" de l'Ukraine et a exprimé des doutes sur la volonté de son homologue russe, Vladimir Poutine, d'accepter un cessez-le-feu "durable" et "sincère", dans une interview au Financial Times parue vendredi.
"Une paix qui serait une capitulation, c'est une mauvaise nouvelle pour tout le monde", a-t-il déclaré, s'adressant ainsi à Donald Trump, qui avait échangé mercredi avec Poutine et envisageait d'engager directement des négociations avec lui.
Emmanuel Macron a expliqué au Financial Times qu'il avait lui-même discuté avec le président américain plus tôt dans la semaine, précisant qu'il n'était donc "pas surpris" par l'initiative de ce dernier.
"La seule question à ce stade est de savoir si le président Poutine est sincèrement prêt, de manière durable et soutenable, à accepter un cessez-le-feu sur cette base", a souligné le chef de l'État français. "Il faut que nous soyons tous collectivement vigilants", a-t-il ajouté.
Macron a également rappelé que seule l'Ukraine pouvait "négocier avec la Russie" en ce qui concerne sa souveraineté et son intégrité territoriale.
Le nouveau secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a jugé mercredi "irréaliste" de penser que l'Ukraine pourrait revenir à ses frontières d'avant 2014.
La Russie, qui a annexé la Crimée en 2014, revendique aujourd'hui cinq régions occupées à des degrés divers depuis le début de son offensive en Ukraine en février 2022.
Le président français a également souligné que les Européens doivent impérativement être présents lors des négociations concernant la future architecture de sécurité du continent. "C'est à la communauté internationale, avec un rôle spécifique pour les Européens, de discuter des garanties de sécurité et des règles de sécurité de toute la région. C'est là que nous avons un rôle à jouer", a-t-il insisté.
Concernant le retour éventuel de Donald Trump à la Maison Blanche, Emmanuel Macron estime qu'il constituerait "une fenêtre d'opportunité". Cependant, il a précisé que chacun devait "être dans son rôle" et que "le rôle des États-Unis est de réengager ce dialogue", car le président américain apporte un "élément de rupture stratégique" par rapport aux trois dernières années de conflit.
Le président français a également été le premier à évoquer l'envoi de troupes au sol en Ukraine pour garantir sa sécurité vis-à-vis de la Russie en cas de cessez-le-feu.
Son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait estimé en janvier qu'au moins 200.000 soldats européens devraient être déployés pour assurer la sécurité de l'Ukraine en cas de trêve. Une estimation jugée "exagérée" par Emmanuel Macron, qui a plaidé dans le Financial Times pour des solutions "appropriées, réalistes, réfléchies" et "négociées".
Le chef du Pentagone a, quant à lui, réaffirmé qu'il reviendrait aux Européens de trouver des garanties de sécurité "robustes" pour assurer une paix "durable", excluant le déploiement de soldats américains en Ukraine.
Avec AFP
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