Saad Hariri, la renaissance
©AFP

Pour le 20ᵉ anniversaire de l’assassinat de son père, Rafic Hariri, l'ex-Premier ministre et leader du Courant du futur, Saad Hariri, a annoncé son grand retour sur la scène politique après trois ans d'absence. Il a insufflé une nouvelle dynamique à ses partisans, les incitant à se préparer pour les élections municipales, puis pour les législatives. Les contours de cette participation restent toutefois flous: s'agira-t-il de candidatures ou simplement de soutiens?

Le discours de Saad Hariri n’a pas été prononcé cette fois pour la forme. Le leader sunnite a délivré une série de messages forts, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. L’un des plus marquants s’adressait à la communauté chiite, qu’il a appelée à se détacher des causes de ses souffrances, notamment la guerre avec Israël. Mais Hariri a aussi tendu la main au Hezbollah, malgré l’implication de certains de ses cadres dans l’assassinat de son père. Sans les nommer, il a évoqué, de manière implicite, la justice divine qui, selon lui, les a rattrapés.

Lors de cet événement, Saad Hariri a confirmé sa place centrale sur la scène sunnite, confirmant qu’aucune autre force n’avait réussi à la prendre. Ses partisans demeurent des acteurs incontournables dans les futures alliances du Courant du futur qui semblent se dessiner autour des forces du 14 Mars, alliées lors de la Révolution du Cèdre et porteuses du slogan “Liban d’abord”, un mot d’ordre que Hariri a remis sur le devant de la scène.

Fort de cette base populaire, Saad Hariri a proposé une nouvelle manière de faire de la politique, à travers son mouvement, sans pour autant aller jusqu’à œuvrer pour occuper un poste de responsabilité gouvernementale ou parlementaire. Il mise sur un retour possible dans l’arène politique avant les élections législatives, espérant que d’ici là, des changements interviendront dans un sens qui lèverait les restrictions imposées à son engagement personnel. Lorsqu’il réintégrera la scène parlementaire, ses chances de succès seront plus grandes que par le passé.

Les obstacles internes et régionaux qui freinaient son parcours semblent aujourd’hui s’affaiblir, lui offrant ainsi l’opportunité de redevenir un acteur politique majeur, incontournable pour les puissances régionales et internationales.

Saad Hariri, en 2025, diffère de l'homme qu’il était par le passé. La conjoncture locale et internationale n’est plus la même. L'influence iranienne qu'il dénonçait perd de sa force, l'incertitude internationale à l’égard du Liban s'est muée en une solidarité accrue et la division nationale a fait place à une union autour d’un État qui retrouve peu à peu son indépendance. Hariri, même s'il a suspendu son engagement politique, n’a jamais été éloigné de ces dynamiques et a contribué à les façonner.

 

Commentaires
  • Aucun commentaire